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Société

Adieu à une star du parquet

Rédigé par Ammar B. | Jeudi 18 Septembre 2003 à 00:00

           

Tarik Abdul Wahad annonce qu’il ne jouera plus dans l’équipe de France de Basket-ball. Cette décision intervient au lendemain de l’Euro 2003 où les Bleus, conduits par le phénoménal Tony Parker ont échoué à la 4eme place face à l’Italie (67-69) : il fallait être 3e pour avoir une place aux prochains Jeux Olympiques à Athènes. En annonçant sa décision avant de s’envoler pour le Sénégal où il compte séjourner jusqu’au 21 septembre, Tarik ouvre une nouvelle page dans sa vie de star du parquet. Une vie de convictions pleine de rebonds et d’envols au-dessus des vicissitudes du show-biz.



Tarik Abdul Wahad annonce qu’il ne jouera plus dans l’équipe de France de Basket-ball. Cette décision intervient au lendemain de l’Euro 2003 où les Bleus, conduits par le phénoménal Tony Parker ont échoué à la 4eme place face à l’Italie (67-69) : il fallait être 3e pour avoir une place aux prochains Jeux Olympiques à Athènes. En annonçant sa décision avant de s’envoler pour le Sénégal où il compte séjourner jusqu’au 21 septembre, Tarik ouvre une nouvelle page dans sa vie de star du parquet. Une vie de convictions pleine de rebonds et d’envols au-dessus des vicissitudes du show-biz.

La malédiction des Bleus
Il y a deux ans, en Turquie, il fallait être 5e pour être sélectionné et l’Equipe de France avait fini 6e. A cette occasion, la presse avait directement mis en cause 'l’ego surdimentionné de certains joueurs ' en lorgnant dans la direction de Tarik. Premier joueur français jouant en NBA, Tarik avait déjà un palmarès impressionnant et fortement promoteur. Gourmand en ballons sur le terrain, selon le style de jeu américain, il avait alors été au centre de polémiques. L’échec et la déception avaient occasionné des échanges musclés entre joueurs au point que Tarik avait traité un membre du staff d’être ' membre du Front National ', le parti de Jean Marie Lepen réputé raciste. En arrivant à ce dernier championnat, Tarik a fait table rase des rancœurs du passé et annoncé ses objectifs : ' J’espère qu’avec l’équipe de France on va faire un podium car le potentiel est là. Le podium nous permettra de nous qualifier pour les Jeux Olympiques d’Athènes. Le minimum est de faire un podium et le maximum est de remporter les Championnats d’Europe '

La douloureuse loi de parquet ne lui donnera pas raison. Et il ne se voile pas la face : ' La vérité du terrain est la seule explication crédible à notre situation actuelle. Nous sommes tombés sur des équipes qui avaient une force collective plus évidente que la nôtre. On doit désormais regarder vers l'avenir. Un autre projet se mettra en place. Et il faut avoir la lucidité de pouvoir prendre les bonnes décisions ' explique-t-il.

Dans la cour des grands
Avant le 10 novembre 1997, il se nommait Olivier Saint Jean. Il devient Tarik Abdul Wahad pour exprimer sa nouvelle foi religieuse musulmane désormais au centre de sa vie. Né de parents guyanais installés en région parisienne, Tarik est un de ces ' jeunes de banlieue '. Il entame une carrière de basketteur professionnel à l’âge de 16 ans, vivement encouragé par sa mère, elle-même ex-baketteuse. Son départ aux Etats-Unis (université de Michigan) lui offre l’opportunité d’entrer dans la cour des grands de la balle au panier. Doté de qualités défensives exceptionnelles, il saura se mettre au travail et développera des qualités offensives surtout durant la saison 1996-97 où il atteint une moyenne de 23,8 pts (8e des joueurs universitaires) et 8,8 rebonds par match. Son talent est unanimement reconnu car il signe aux Nuggets un contrat de 43 millions de dollars pour une durée de 7 ans. Il est alors incontestablement le meilleur basketteur français. Mais une controverse lui coûtera sa place dans l’Equipe de France aux JO de Sydney.

Agir pour ' la banlieue '
Passionné d’automobiles, Tarik est aussi un diplômé de l’Histoire de l’Art. Il fonde la Tariq Abdul Wahad Youth Fondation aux Etats-Unis : ' Elle invite des jeunes de quartiers défavorisés à aller visiter les centres culturels et les musées des villes américaines dans lesquels je joue à l’extérieur, avec mon équipe des Maveriks ' explique-t-il. Fervent défenseur d’une France multiculturelle, il prône un effort de tolérance pour une meilleure compréhension de l’Islam en France. Il en parle avec son humour jovial et innocent : ' à mon niveau je n’ai jamais ressenti de problèmes par rapport à la pratique de ma religion. Peut-être est-ce dû au fait que je mesure 2 mètres pour 100 kilos, les gens me regardent peut-être avec une certaine crainte. Je sais que ma femme a vécu des choses assez désagréables en France en tant que musulmane. ' Agé de 28 ans et père de deux enfants, Tarik est marié à une musulmane d’origine marocaine.

Son action en faveur de la promotion des ' banlieues ' s’exprime aussi au travers d’un concept original baptisé ' mixité ' dans un partenariat avec le couturier Mohamed Dia. Ce contrat qui implique d’autres basketteurs français, tous concernés par les ' banlieues ', veut que ' à chaque panier victorieux de l’un d’entre nous, lors des Championnats du monde de basket, on reversera chacun 100 euros à l’association de notre choix. Mixité, c’est aussi faire un travail sérieux et concret dans nos cités d’origines ' explique Abdul Wahad.

En s’envolant pour le Sénégal après ses adieux à l’Equipe de France, Tarik Abdul Wahad répond à une invitation du SEED, une association pour l'éducation et le développement économique par la pratique du sport. Lors de ce premier séjour sur le continent africain, la star participera à un tournoi de basket et au lancement d’une école de basket-ball. Coup de pub ? L’on peut répondre que non car, dit-il : ' Le pacte d’être soumis à Dieu c’est l’essence même de l’existence du musulman que je suis. Il n’y a pas une seule action qui ne soit motivée par une démarche spirituelle. '





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