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Sur le vif

A la tête d’Interpol, l'élection controversée d'un général des Emirats arabes unis accusé de torture

Rédigé par Benjamin Andria | Jeudi 25 Novembre 2021 à 11:00

           


A la tête d’Interpol, l'élection controversée d'un général des Emirats arabes unis accusé de torture
Interpol s’est choisi un nouveau chef. L’assemblée générale de l’organisation internationale de police criminelle a élu, jeudi 25 novembre, le général Ahmed Naser Al-Raisi à sa tête pour un mandat de quatre ans.

La fonction de président est avant tout honorifique ; le véritable patron d'Interpol est le secrétaire général, l'Allemand Jürgen Stock, qui a été réélu pour un second mandat de cinq ans en octobre 2019. Toutefois, les défenseurs des droits de l’Homme, inquiètes de l’arrivée d’Ahmed Naser Al-Raisi, décrient ce choix.

Cet inspecteur général du ministère de l’Intérieur des Emirats arabes unis est en effet visé par plusieurs plaintes pour « actes de torture » en France, qui abrite le siège d’Interpol à Lyon, et en Turquie, le pays hôte de l’assemblée générale qui s'est tenu à Istanbul du 23 au 25 novembre.

« Sous sa direction, ses services se sont rendus responsables de détentions arbitraires et d‘actes de torture répétés et systématiques infligés aux prisonniers d’opinion et défenseurs des droits humains, en toute impunité », ont dénoncé le Gulf Center for Human Rights (GCHR), la Ligue des droits de l’Homme (LDH) et la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) dans une lettre ouverte adressée dernièrement aux représentantes et représentants des États membres en amont de l’assemblée générale d’Interpol.

Le cas emblématique d'Ahmed Mansour

Les trois ONG évoquent le cas du défenseur des droits humains Ahmed Mansour. Ce membre du comité directeur du GCHR est emprisonné depuis mars 2017 et condamné à dix ans de prison en 2018 pour avoir, selon les autorités, critiqué le pouvoir émirati et terni l’image de son pays sur les réseaux sociaux. « Depuis 2017, il est maintenu à l’isolement dans la prison d’Al-Sadr, dans une cellule de 4m2, sans accès à un médecin, à l’hygiène, à l’eau et aux installations sanitaires », ont signifié les organisations, déplorant les conditions inhumaines de détention d’Ahmed Mansour.

Aux Emirats arabes unis, la torture est utilisée « de manière systématique dans les centres de détention afin d’obtenir des aveux de culpabilité ou des témoignages contre d’autres détenus », déclarent-elles. Parmi les méthodes utilisées par les fonctionnaires de police, « figurent la privation de sommeil, le refus de traitement médical, (…) les agressions sexuelles, l’arrachage des ongles, la torture à mort, (…) les chocs électriques, la pendaison par les mains, l’arrachage des cheveux, le jet d’eau froide sur le corps du détenu devant un ventilateur, le placement du détenu dans un cercueil pendant de nombreuses heures, l’isolement dans des cellules extrêmement petites et sans fenêtre, (…) la privation d’accès à l’extérieur et à la lumière du soleil pendant plusieurs mois, l’obligation pour les détenus de se tenir sur une jambe pendant les interrogatoires, l’abandon des détenus au soleil pendant de longues périodes, le déshabillage des détenus, l’interdiction pour les détenus de pratiquer des rites religieux tels que le jeûne ou la prière du vendredi ».

Les accusations n'ont pas empêché l'élection du général Ahmed Naser Al-Raisi. Les Emirats arabes unis, qui se sont engagés en 2016 à verser 50 millions d'euros pendant cinq ans, sont devenus le deuxième plus gros contributeur financier après les États-Unis.

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