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Arts & Scènes

A la 2e Biennale des photographes du monde arabe, un parcours pluriel pour sortir des clichés

Plein zoom sur la Tunisie et l'Algérie

Rédigé par Linda Lefebvre | Mercredi 13 Septembre 2017 à 13:00

           

Initiative lancée par l’Institut du monde arabe (IMA) et la Maison européenne de la photographie (MEP) en 2015, la Biennale des photographes du monde arabe revient cette année du 13 septembre au 12 novembre, avec des expositions simultanées présentées dans huit lieux parisiens. Cette nouvelle édition met en avant les travaux photographiques sur la Tunisie et l’Algérie.



Jack Lang a inauguré, mardi 12 septembre, la 2e Biennale des photographes du monde arabe à l’Institut du monde arabe (IMA) et, plus tôt dans la journée, à la Maison européenne de la photographie.
Jack Lang a inauguré, mardi 12 septembre, la 2e Biennale des photographes du monde arabe à l’Institut du monde arabe (IMA) et, plus tôt dans la journée, à la Maison européenne de la photographie.
« Cette exposition est une gifle à la bêtise humaine, à la violence », a martelé Jack Lang, président de l’Institut du monde arabe (IMA) à l’occasion de l’inauguration de la Biennale des photographes du monde arabe. « Sortir des clichés les plus éculés sur le monde arabe, en révéler des réalités cachées, améliorer la compréhension des peuples », telles sont les ambitions affichées par l’ancien ministre de la Culture.

L’événement a pour écrin huit lieux d’exposition offrant au public un parcours au cœur de Paris : outre la Maison européenne de la photographie (MEP) et l’IMA, figurent la Cité internationale des arts, la mairie du 4e arrondissement ainsi que les galeries parisiennes Binome, Clémentine de la Féronnière, Galerie Photo12 et Thierry Marlat. Pour Gabriel Bauret, commissaire général de l’exposition, l’événement crée « une vraie synergie entre les galeries privées et les quatre autres endroits ». Les objectifs sont multiples : « Permettre une exploration du monde contemporain et ne pas montrer que des photographes arabes mais également le travail de photographes étrangers sur le monde arabe. »

Avec une cinquantaine d’artistes exposés, le projet n’a pas pour ambition de « coller à l’actualité, mais veut prendre du recul, de la distance en ayant un propos délibérément artistique », précise Gabriel Bauret. Une volonté de montrer autre chose que les batailles et scènes de désolation qui font le quotidien de plusieurs zones de conflit dans le monde arabe.

L’événement n’oublie néanmoins pas les ravages du terrorisme et rend hommage à Leïla Alaoui, photographe franco-marocaine ayant exposé à la première biennale en 2015 et décédée lors de l’attentat de Ouagadougou (Burkina Faso) en janvier 2016. Une salle en son nom sera prochainement inaugurée à la mairie du 4e arrondissement, a annoncé le maire Christophe Girard. En ce même lieu, un témoignage du photojournaliste Michel Slomka, sur le sort de la communauté yézidie victime en Irak de l’État islamique est également mis en lumière.

Farida Hamak, photographe algérienne, présente son exposition "sur les traces".
Farida Hamak, photographe algérienne, présente son exposition "sur les traces".

A la rencontre de l’Algérie

Après l’approche généraliste de la première Biennale, la deuxième édition vient « zoomer » sur la Tunisie et l’Algérie, « plus en marge par rapport à la scène marocaine très présente » en photographie, explique Gabriel Baudet.

A cet égard, la Cité internationale des arts accueille l’exposition « Ikbal » (Arrivées), qui présente le travail d’une vingtaine de jeunes journalistes algériens. « De par ma fonction et de mes origines franco-algériennes, je suis une passerelle qui a permis à ces jeunes photographes algériens d’exposer », déclare Christian Cajolle, commissaire de l’exposition et fondateur de l’agence de photographes VU. « Ikbal » est le résultat d'un atelier photographique mené à Alger en 2015. Les thèmes couverts sont larges, allant du chômage à la question des migrants, et proposant des témoignages sur la diversité et la richesse du territoire algérien.

Les artistes algériens seront également présents à la MEP. Farida Hamak propose de se rendre « sur les traces » de son enfance, à Bou-Saada, ville située à 200 km au sud d’Alger, qu’elle a quittée en 1977.

« Mohamed » ; série Mohamed, Salem, Omrane, Hbib, Hsouna; du photographe tunisien Douraid Souissi
« Mohamed » ; série Mohamed, Salem, Omrane, Hbib, Hsouna; du photographe tunisien Douraid Souissi

« Un regard plus attentif sur la Tunisie »

A l’Institut du monde arabe, c’est la Tunisie qui est mise à l’honneur. En collaboration avec la commissaire Olfa Feki, résidant à Tunis d’où elle mène ses activités photographiques, l’IMA présente des artistes d’origine tunisienne ou opérant dans ce pays. « Nous voulions nous écarter des clichés et stéréotypes qui encartent notre vision du monde arabe », explique le commissaire général Gabriel Bauret.

Le public pourra découvrir les clichés de Rania Matar sur les questions d’identité et de féminité en Tunisie ou encore ceux de Douraid Souissi, qui se concentrent sur les territoires marginalisés de ce territoire. Le photographe Robin Hammond apporte, quant à lui, un regard de Nouvelle-Zélande sur la société tunisienne.

« Il y a une mixité évidente entre tous les artistes qui travaillent aujourd’hui sur le monde arabe contemporain. C’est la pluralité de ces visions, à travers une écriture documentaire et engagée que nous proposons », conclut le commissaire général de cette 2e Biennale des photographes du monde arabe. L’exposition est à découvrir sous forme d'un parcours itinérant (13 €) du 13 septembre au 12 novembre 2017.

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