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Points de vue

Visibilité de l’islam : le Comité 15 mars et libertés organise un colloque, le 16 mars

Par Hakim Chergui*

Rédigé par Hakim Chergui | Lundi 11 Mars 2013 à 12:41

           


Le Comité 15 mars et libertés tire son nom, et aussi sa légitimité, de la réaction qu’il a offerte à ce qui restera certainement, pour les yeux qui s’ouvriront demain, la plus grande atteinte à la liberté religieuse qu’aura connue notre pays depuis la Seconde Guerre mondiale.

À partir de 2003 – dans l’ombre réservée habituellement aux parias et aux sincères, éloignée des lumières médiatiques mais restée debout au plus près de quasi toutes les jeunes élèves qui furent exclues du système scolaire –, l’ambition du Comité 15 mars et libertés était à l’origine limitée à la gestion de leurs souffrances immédiates et à la contestation judiciaire.

Aujourd’hui, toute honte bue, nous pouvons affirmer que ces engagements ont été tenus. La promesse de continuer à défendre les droits, partout niés, des élèves musulmanes a été respectée. Pendant toutes ces années, recours après recours, instance après instance, jusqu’à la Cour européenne des droits de l’homme, le Comité 15 mars et libertés aura multiplié les efforts pour que le combat qui alors préoccupait un certain nombre de forces sociales du pays ne soit pas, au fil du temps, entièrement abandonné.

Mais si le Comité n’a pas failli dans sa direction ni manqué à ses obligations, il n’en a pas moins été contraint d’évoluer, sous le jeu des pressions politiques et sociétales, et de recentrer son action. Le stupéfiant contraste séparant la bruyante indignation générale de la rentrée scolaire 2004, de l’indigne silence généralisé qui s’ensuivra, sera, pour ce faire, un puissant catalyseur.

Conscient de la nécessité de s’adapter aux mouvements des ennemis de la liberté, le Comité s’est spécialisé sur les questions liées à l’exercice de la liberté religieuse. Il semblait en effet que les réactions opposées à l’islam, et dont les premières victimes quotidiennes sont musulmanes, limitaient leurs agissements sur cet unique terrain.

Cette fois encore, le Comité 15 mars et libertés s’est fait fort de porter un autre éclairage : le Comité se veut être une force de promotion et de défense de la Liberté, lato sensu.

Il invite ainsi chacun à s’interroger sur l’état réel de son aspiration personnelle et communautaire à la liberté. À quel point les discours, les idées, les actions et tout ce qui a pu s’exprimer publiquement sur le sujet depuis une dizaine d’années auront modifié – pour ne pas dire polluer – le goût que tout Homme doit ressentir pour la liberté de sa condition.

Cette question en appelant naturellement d’autres, le colloque annuel du Comité 15 mars et libertés, qui aura lieu le 16 mars prochain, s’efforcera de mettre en lumière l’importance des visibilités pour l’exercice effectif et serein des libertés.

En effet, les pratiques religieuses musulmanes interpellent bon nombre d’acteurs. Pour certains, il s’agit d’apporter des réponses intelligentes et bienveillantes aux difficultés que rencontrent les musulmans dans leurs pratiques, avec les adaptations qu’impose le contexte sécularisé.

Pour d’autres, confrontés aux attentes légitimes de citoyens attachés à leur liberté d’exercer leur culte, le choix de la crispation a pris le dessus. Crispation qu’illustrent les revendications multiples liées au besoin de reconnaissance de la deuxième religion de France, et les nombreux traitements médiatico-politiques alarmistes autour de l’islam. Selon ces derniers, la visibilité de pratiques religieuses altérerait l’identité nationale, porterait atteinte à ses valeurs, et devrait donc être limitée, par l’action politique et l’arsenal juridique ! L’écran grossissant et souvent déformant des médias, tout comme le jeu des manipulations politiciennes attisent les crispations, le débat autour de la visibilité de ces pratiques et leur droit de cité est souvent confisqué, voire inexistant.

L’accès au colloque (1) du Comité 15 mars et liberté est gratuit et, bien évidemment, toutes celles et ceux qui voudront y assister ou faire entendre leur voix pendant les débats y seront bienvenus.

Forte de la conviction que notre liberté naîtra de là, cette posture se veut interpellation. Pour chacun et tous, loin et haute. Elle est aussi un combat permanent, dont il serait vain de s’attendre à en voir l’issue de notre vivant mais dont tout le monde sait qu’il serait définitivement perdu si, durant notre existence, il était abandonné…

Le Comité 15 mars et libertés, qui est plus que jamais ouvert à tous ceux qui voudraient le rejoindre, continue à s’y employer. Plus que de principes, il s’agit autant de répondre aux larmes oubliées des jeunes collégiennes qu’on excluait de nuit, à l’automne 2004, que de transmettre le plus digne des flambeaux aux vaillants qui verront le jour, demain.

Note
1. Voir le programme du colloque ici

* Hakim Chergui est membre du Comité 15 mars et libertés.






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