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Un prince saoudien accusé de trafic de drogue

| Mercredi 29 Novembre 2006 à 10:47

           

Aujourd’hui, le tribunal correctionnel de Bobigny (93) doit juger le prince Nayef Bin Fawaz al Chaalan, soupçonné d’avoir participé à un trafic de cocaïne provenant de Colombie. Cette affaire date de juin 1999, lorsque la police saisit 800 kg de cocaïne dans un pavillon de Noisy Le sec, en banlieue parisienne (93). Le prince saoudien de 39 ans, représenté par Maître Jacques Vergès, ne sera pas présent à son procès. Neuf autres personnes sont impliquées dans ce trafic.



Le tribunal correctionnel de Bobigny doit juger aujourd’hui, en son absence, un prince saoudien soupçonné d'avoir été mêlé à un trafic de cocaïne entre la Colombie et l'Europe. Neuf autres personnes étaient appelées à comparaître aujourd’hui, aucune ne s’est présentée. Les dix hommes sont jugés pour complicité de « transport », « détention », « importation » et « cession non autorisée de stupéfiants », « association de malfaiteurs » et « contrebande de marchandise prohibée ».

Personnalité influente en Arabie saoudite, le prince Nayef Bin Fawaz al Chaalan, 39 an, est un francophile confirmé membre de la famille royale saoudienne. Son frère a épousé la fille du roi Abdallah et lui-même est marié à la fille du vice-ministre de la Défense saoudien. Pourtant sous le coup d’un mandat d’arrêt international, le prince ne s’est pas présenté aux deux précédentes audiences. Son avocat n’est autre que le très contesté maître Vergès.

Le Prince Saoudien est accusé d’avoir mis à la disposition de narco trafiquants, son avion privé afin de transporter plus de deux tonnes de cocaïne provenant de Colombie vers le marché européen en 1999. En 2002, le prince Nayef Bin Fawaz al Chaalan a été inculpé par la justice américaine pour les mêmes accusations.

Selon Me Vergès, la justice française n’a pas cherché, lors de la phase d'instruction, à convoquer son client pour l'entendre. « On va demander une condamnation contre un homme qu'on n'a jamais ni vu ni entendu, accusé sur la base de déclarations d'hommes que les juges français n'ont ni vus ni entendus non plus », s'est indigné avant l'audience Me Vergès.

Depuis Riyad le prince « réfute en bloc les accusations portées contre lui et dénonce « une machination de la DEA » (Drug Enforcement Administration) », dit il. « Les barons colombiens repentis qui travaillent avec la DEA sont aussi instrumentalisés pour monter des dossiers. Et l’on a monté un dossier contre moi ». Explique le prince appuyant ses accusations sur les raisons politiques qui pourraient pousser la DEA à monter ce dossier.


Juin 1999, Noisy le sec

L'affaire a débuté le 6 juin 1999. Suite à un coup de téléphone «anonyme», le 5 juin 1999, la brigade des stupéfiants réalise une perquisition dans un pavillon de l'allée du Cottage à Noisy-le-Sec, en Seine Saint Denis. Là, elle fera la seconde plus importante saisit de drogue de son histoire : 804 kilos de cocaïne, cachées dans un garage. La drogue a nécessité 86 valises dont la moitié ont été vidée au préalable. Deux personnes sont interpellées sur place : le propriétaire du pavillon et un ressortissant colombien, ingénieur en chimie, Gustavo Guarin Gonfrier. Six Français sont aussi interpellés, plus tard.

Rapidement, la police découvre que les 804 kilos ne sont qu’une partie de 2 tonnes de cocaïne qui ont déjà été écoulées, représentant une valeur marchande de 30 millions de dollars. Cette affaire a rapidement pris une dimension internationale, et sensible sur le plan diplomatique, notamment lorsque l’ingénieur chimiste colombien, Gustavo Guarin Gonfrier, se met à table, donne des noms et notamment celui d'une haute personnalité saoudienne.
Ce chimiste serait arrivé en France le 13 mai 1999, selon ses dires, sur instructions de membres des cartels colombiens pour lesquels il travaille. Il nomme le cartel de Lucas Ramon et celui de Rodrigo Jimenez Montanez. Selon l'ingénieur chimiste, la cocaïne est arrivé en Arabie Saoudite où une «relation» de la famille de Ramon, nommé par l’inculpé comme étant le «numéro deux du gouvernement saoudien», prends en compte la marchandise. Celle-ci est ensuite envoyée en France.

Les policiers ont donc recherché un avion en provenance d’Arabie Saoudite atterrissant dans les petits aéroports de la région parisienne. Ils étudient les téléphones portables des accusés et découvrent que de nombreux appels ont été passés, dans la nuit du 15 au 16 mai 1999, depuis une borne de l’aéroport du Bourget. Cette nuit la, trois avions saoudiens ont atterri, dont un Boeing 727 appartenant à une banque saoudienne et loué par le prince Nayef Bin Fawaz Al Chaalan d'Arabie. Cet avion était en provenance direct de Djeddah et transportait le prince et sa famille.

Un autre élément vient confirmer les soupçons de la justice française contre le prince saoudien. Un banquier suisse est interpellé suite à une accusation de blanchiment d’argent d’une organisation intégrée dans le réseau de trafic colombien. Il est en relation avec un autre homme du nom d’Usuga, qui a rencontré le prince à plusieurs reprises au sujet d‘un vaste projet industriel. Le juge français Alain Cadet, du tribunal de Bobigny, décide donc de mettre en examen le prince saoudien.


Trois procès distincts vont donc découler de cette affaire. Un aux Etats-Unis et deux en France. En septembre 2003, le premier jugement français a été rendu concernant la réception et le stockage de la drogue. Cinq hommes ont été condamnés par le tribunal de Bobigny à des peines allant jusqu'à huit ans et demi de prison, ainsi qu'à une amende solidaire de 12.360.000 euros.

Cette affaire engendre des problèmes épineux au niveau diplomatique. Nayef Bin Fawaz Al Chaalan est l’un des principaux artisans de la tentative de réconciliation entre le commandant Massoud et Hekmatyar en Afghanistan. C’est aussi un ami personnel du président vénézuélien, Hugo Chávez.




Réagissez ! A vous la parole.

1.Posté par Fievet Marc le 29/11/2006 23:28 | Alerter
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La DEA accusée de manipulation...C'est pas surprenant, puisque c'est une des grandes spécialités de ce service vraiment très spécial!
Je peux en témoigner, j'ai travaillé pour eux!
Marc Fievet, NS55 DNRED douanes françaises


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