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Religions

Mohammed Al-Issa : « Aucun courant de l'islam ne peut se considérer comme le seul détenteur de la vérité »

Rédigé par | Vendredi 24 Avril 2020 à 11:25

           

La Ligue islamique mondiale (LIM) se veut, aujourd’hui plus que jamais, à l’avant-garde de la lutte contre l’extrémisme et de l’islam politique depuis l’arrivée de Mohammed Abdul Karim Al-Issa en août 2016. Le secrétaire général de la Rabita, ancien ministre de la Justice en Arabie Saoudite, ne ménage pas ses efforts pour montrer la « vision nouvelle » de son organisation aux quatre coins du monde. En France, il s’est illustré par sa présence à une conférence interreligieuse que la LIM a organisée en septembre 2019 à Paris avec la Fondation de l’islam de France.

Mais que connait-on vraiment de la LIM ? Quels valeurs défend-t-elle ? Qui pourfend-t-elle ? Quels rapports entretient-elle avec les cultes non abrahamiques ou encore avec les courants non sunnites ? Sur quels chantiers est-elle particulièrement engagée ? C’est Mohammed Abdul Karim Al-Issa en personne qui a répondu aux questions de Saphirnews lors d’une interview réalisée à Paris avant que les mesures de confinement ne soient décrétées en France face à la pandémie de Covid-19, à l'heure où débute le mois du Ramadan.



Le secrétaire général de la Ligue islamique mondiale, Mohammed Abdul Karim Al-Issa, lors d'un entretien exclusif accordé à Saphirnews. © Saer Said / Saphirnews.com
Le secrétaire général de la Ligue islamique mondiale, Mohammed Abdul Karim Al-Issa, lors d'un entretien exclusif accordé à Saphirnews. © Saer Said / Saphirnews.com

Saphirnews : La Ligue islamique mondiale que vous représentez aujourd’hui déclare porter « une vision nouvelle » pour faire face au fanatisme. Un tournant semble s’opérer. Sur quels constats vous êtes-vous appuyé pour vous amener aujourd’hui à tenir ce discours ?

Mohammed Al-Issa : Il ne s’agit pas d’un nouveau virage opéré par la Ligue islamique mondiale comme vous le dites, ni nous ne prônons un nouvel islam. Nous nous appuyons sur les vraies valeurs de l’islam et qui ont toujours été miennes, même avant d’avoir été membre de la LIM. Je n’ai pas changé de discours, j’ai toujours été cohérent depuis que les gens me connaissent.

Je tiens tout ce que j’ai appris sur l’islam de l’Arabie Saoudite. Ma formation religieuse s’est faite en Arabie Saoudite. Ma culture islamique est saoudienne et ce n’est pas pour autant que j’ai été influencé par les mouvements qui ont essayé d’altérer ces concepts du vrai islam, notamment la mouvance de l’islam politique. L’islam politique a un seul agenda, celui d’atteindre le pouvoir. Il n’a pas d’autres objectifs liés à la promotion des valeurs de l’islam. Son objectif est de déstabiliser les Etats dans lesquels il s’introduit afin d’atteindre le pouvoir, quels que soient les moyens.

Ils (les promoteurs de l’islam politique, ndlr) considèrent qu’ils détiennent la vérité à eux seuls. Ils résument la définition de l’islam à une conception politique des choses. (…) En gros, autorité religieuse et autorité politique sont une seule et même autorité et la religion est donc résumée à un concept très restreint de la politique également. Où que cet islam politique puisse agir, il va semer la haine, la discorde, l’extrémisme, la violence et le terrorisme.

Diriez-vous donc aujourd’hui que la vision nouvelle arborée par la LIM est liée à la propagation aujourd’hui dans le monde de l’islam politique qu’il faut combattre à vos yeux ?

Mohammed Al-Issa : Lorsque j’ai intégré la LIM, je suis venu avec mes valeurs, mes principes et ma propre conception de la religion que j’ai mis en œuvre, en ignorant toutes les autres variantes. Parce que j’avais un projet. Je l’ai présenté au Conseil (suprême) de la LIM (la plus haute autorité de l’instance, ndlr) et il a été adopté. Parce que cela reflète aussi mes principes, mes convictions qui n’ont jamais changé. Elles ne sont pas circonstancielles, elles ne résultent pas d’un revirement. Il s’agit de mes propres convictions qui, à mon sens, reflète une véritable compréhension de ce qui est l’islam.

Le Prince héritier d’Arabie Saoudite, Mohammed Ben Salmane, a déclaré que nous allons venir à bout de l’extrémisme parce que nous souhaitons vivre notre religion sur la base d’une vraie compréhension. C’est cette vraie compréhension de ce qui est l’islam sur laquelle se base l’Arabie Saoudite. Nous avons toujours suivi ce chemin avant que ne surgisse la Sahwa (un courant saoudien inspiré des Frères musulmans apparue dans les années 1970, ndlr) et ce qu’on pourrait dire l’extrémisme.

En 1979, trois événements ont eu lieu cette année-là : l’arrivée de Khomeini (en Iran, ndlr), la guerre afgano-russe et l’occupation de La Mecque par Juhayman (al-Utaybi, un prédicateur extrémiste saoudien, ndlr). Ces trois événements ont été des tentatives (pour les promoteurs de l’islam politique, ndlr) de percer dans la société saoudienne. Mais l’Arabie Saoudite a été suffisamment éveillé et vigilante. Aujourd’hui, nous sommes beaucoup plus farouche dans la lutte contre ce radicalisme. Aujourd’hui plus que jamais !

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On attribue aujourd’hui à la LIM, notamment en Occident, une part de responsabilité plus ou moins conséquente dans la propagation d’une vision d’un islam rigoriste qui a pu nourrir l’extrémisme ou, en tous cas, des idéologies néfastes. Qu’en dites-vous ?

Mohammed Al-Issa : Je ne parle pas du passé mais du présent. Je suis, en tant que secrétaire général, responsable des agissements de la LIM dans le présent mais pas de ce qui s’est produit par le passé. Voyez le Vatican, qui représente l’Eglise (catholique) aujourd’hui. Vais-je leur reprocher de ce qui s’est déroulé dans le passé il y a 100, 200 ou 300 ans ?

Moi, je parle de ce que fait la LIM aujourd’hui et maintenant, et de ce que moi-même j’ai pu faire. Je ne suis pas responsable des agissements des autres, quelles que soient les divergences ou les opinions que l’on puisse émettre de ce que la LIM a fait par le passé, qu'elle soit positive ou négative. Je n’aime pas entrer dans ce genre de débat. Mais je suis prêt à aborder les sujets desquels je considère que je suis responsable. Les actions que je mène à l’heure actuelle ne représentent pas un revirement (de la LIM), du moins par rapport à mon propre parcours. Ce sont des valeurs auxquels j’adhère depuis longtemps (et qui sont contraires à l’extrémisme, ndlr).

Qu’est-ce que votre organisation entreprend concrètement pour parvenir au changement que vous souhaitez voir s’opérer aujourd'hui ?

Mohammed Al-Issa : Nous travaillons sur trois axes aujourd'hui. D’abord, nous travaillons sur l’éclaircissement des vrais concepts de l’islam. La sensibilisation, c’est ce sur quoi nous œuvrons. C’est notre manière de lutter contre les discours extrémistes et les actes de violence menés au nom de l’islam. C’est notre manière également de riposter aux idées des terroristes.

Nous éclaircissons l’image du vrai islam afin de lutter contre des contre-discours à l’extrémisme mais qui sont tout aussi extrémistes, venant de ceux qui ont mal compris l’islam, qui en ont une mauvaise compréhension et qui sont islamophobes.

Ce travail de sensibilisation se fonde sur les textes coraniques. Ce ne sont pas nous qui formulons des idées, celles-ci sont inspirées directement des textes religieux. Nous le disons : l’islam est une religion de tolérance, de vivre ensemble, de dialogue. Nous rappelons que l’islam est une religion qui appelle au salut de l’humanité entière. L’islam respecte les autres religions. Il respecte le droit des croyants des autres religions. Il appelle au respect des droits et des libertés religieuses et au respect des libertés de culte et de conscience. Tout ce que je vous dis se base sur des preuves figurant dans le texte coranique, dans la loi islamique mais également dans la Sira du Prophète.

L’islam est une religion qui appelle au salut de l’humanité entière.

Vous faites bien de parler de parler de liberté de conscience et de culte puisque le mémorandum que vous avez signé en septembre 2019 proclame la défense des libertés individuelles, parmi lesquelles la liberté de conscience et de culte. Comment, en tant que président de la LIM, comptez-vous concrétiser cet engagement dans le monde musulman pour promouvoir la liberté de conscience ?

Mohammed Al-Issa : Le Saint Coran le stipule très clairement : « Nulle contrainte en religion. » Comment pourrais-je garantir le principe ? A travers le texte coranique. L’islam consacre le concept que l’on ne peut forcer quelqu’un à adhérer à une religion ou à l'adopter.

Tout à fait. Mais, dans le même temps, à côté du principe, il y a ce qui se fait sur le terrain et aujourd'hui, un certain nombre d’Etats musulmans aujourd'hui ne garantissent pas toujours la liberté de conscience et de culte, notamment auprès des minorités.

Mohammed Al-Issa : En effet. Nous œuvrons pour mettre en œuvre ce mémorandum à notre échelle. Mais ce qui se passe, c’est que chaque pays se targue de garantir la liberté de croire ou de ne pas croire. Aucun pays au monde aujourd'hui ne peut dire qu'il ne respecte pas les libertés religieuses.

Il y a un véritable débat de jurisprudence au sein de l’islam sur ce sujet. Chaque théologien a son argumentation pour pouvoir défendre son point de vue. Parce la définition même de la liberté de conscience peut être l’objet d’une philosophie ou d’un débat pour chacun. Certains jurisconsultes musulmans vont considérer que vous en avez le droit, que vous avez la liberté d'être croyant ou non. D’autres vont estimer que vous ne pouvez pas quitter l'islam parce que c'est jeter ainsi l’opprobre contre la religion musulmane, que ce serait trahir l’islam que de le quitter. Ils considèrent cet exercice de liberté de croire ou de ne pas croire comme une insulte envers l’islam. Des jurisconsultes répondent à l’inverse que cela ne porte pas atteinte à l’islam et qu’il ne devrait donc pas y avoir de sanctions… Ce sont des débats jurisprudentiels. Au sein de la LIM, nous ne nous mêlons pas de ce genre de débats, cela ne relève pas de notre mandat.

Le mémorandum (signé à Paris) appelle au respect de la liberté de culte et de conscience. C’est un principe très important, consacré dans le Saint Coran.

Il faudrait donc que nous puissions trouver une approche commune pour faire converger les opinions divergentes plutôt que de les confronter. C’est là qu’intervient le rôle de la LIM. Nous n’avons pas pour rôle de créer des confrontations entre les jurisprudences. En tous les cas, La LIM ne s’ingère pas de manière directe pour imposer son opinion. Nous respectons les différents jurisconsultes musulmans et nous tentons de trouver une approche pour les réunir. Nous réitérons et nous défendons, au sein de la LIM, la nécessité de ne pas porter atteinte aux autres religions.

Lire aussi : Après la conférence pour la paix, ce que proclame le mémorandum signé à Paris entre responsables juifs, chrétiens et musulmans

Aujourd'hui, la LIM s’implique dans le dialogue interreligieux, particulièrement avec les juifs et les chrétiens. Qu'est-ce qu'il en est aujourd'hui du dialogue avec les religions non abrahamiques et du dialogue avec les non-croyants ?

Mohammed Al-Issa : Aujourd’hui, nous avons plusieurs objectifs au sein de la LIM, le deuxième étant celui que vous venez de mentionner. Nous avons comme objectifs de jeter des ponts de dialogue avec les différentes religions, qu'elles soient abrahamiques ou non. Avec toutes les cultures et les civilisations. Et même avec ceux qui ne croient en rien, nous essayons de dialoguer avec eux et de trouver un terrain commun.

Nous dialoguons beaucoup avec les autorités des religions abrahamiques mais aussi bouddhistes, hindouistes, shintoïstes. Au Sri Lanka, la LIM est intervenue et a joué un rôle prépondérant pour mettre fin au conflit spirituel qui opposait les communautés religieuses suite aux attentats terroristes à Colombo (en avril 2019, ndlr) Nous avons été convié par le président sri lankais. Nous avons joué un rôle de médiateur qui a porté ses fruits et le président nous a remerciés, nous décorant de la plus haute distinction d’honneur qui puisse être donné au Sri Lanka, pour saluer nos efforts.

Et qu’en est-il du dialogue intra-religieux, au sein de l'islam ? Comment ce dialogue se matérialise-t-il ?

Mohammed Al-Issa : Il s'est concrétisé tout récemment à La Mecque. Au mois du Ramadan de l'année dernière (en 2019, ndlr), se sont réunis autour d’un seul document, la charte de La Mecque (à télécharger plus bas), plus de 1 200 muftis et érudits musulmans, représentant 27 écoles et courants de l’islam, tous réunis sous un même chapiteau.

Sunnites, chiites, druzes, alaouites… tous les courants de l’islam ont été représentés, et ce sous l’étendard de la LIM. Nous étions à quelques pas de la Kaaba et c’est près de ce lieu que fut adopté le document historique. Il a été accueilli favorablement par toutes les religions, non abrahamiques compris. Même les non-croyants l’ont applaudi. Ce document est un véritable chef d’œuvre.

Sunnites, chiites, druzes, alaouites… tous les courants de l’islam ont été représentés, et ce sous l’étendard de la LIM. (...) La charte de La Mecque est un véritable chef d’œuvre.

Vous employez plusieurs fois l’expression « vrai islam ». Quel courant, selon vous, l’incarnerait le mieux ?

Mohammed Al-Issa : Quand je parle du vrai islam, je parle de la bonne compréhension des préceptes de l’islam et de la Sunna. Il faut dire qu’il n’y a aucun courant ou école juridique qui puisse se considérer comme le seul détenteur de la vérité, du bien contre le mal. Il n’y a pas un seul courant qui soit bien et les autres mauvais.

Aujourd’hui, la LIM s’inscrit-elle toujours dans une perspective de faire de la prédication religieuse?

Mohammed Al-Issa : Non. Nous n’avons pas de prédicateurs religieux qui travaillent chez nous.

Est-ce une décision que vous avez prise à votre arrivée ?

Mohammed Al-Issa : Oui. Pourquoi ? Notre religion est connue de tous. Il n’y a pas besoin de faire plus. La prédication religieuse, (…) ceux qui s’y intéressent peuvent le faire par Google. Il n’y a donc pas besoin de prédicateurs. C’est quelque chose de révolu. Maintenant, la place est à Cheikh Google.

Malheureusement, Cheikh Google a aussi ses travers !

Mohammed Al-Issa : Mais c'est de notre faute à nous, les humains. C’est aussi notre rôle, en tant que LIM, de démystifier et de combattre la désinformation. Nous travaillons sur la sensibilisation. C’est pour cela que je vous disais que nous essayons de rétablir les vérités sur l’islam, de lutter contre les discours extrémistes des deux côtés, extrémistes religieux et extrémistes antimusulmans. Nous essayons de jeter des ponts entre les cultures et les religions et nous essayons d’œuvrer sur ce que nous avons en commun, d’insister sur le même dénominateur commun. (...) Nous travaillons en usant du soft power, c’est tout ! Nos argumentaires, s’ils sont bons, vaincront.

Nous travaillons également sur le plan humanitaire. Nous fournissons de l’aide humanitaire, quelle que soit la religion des bénéficiaires, sans discrimination ni sur la base de la religion, ni sur l’ethnie. C’est de l’aide que nous arrivons à fournir directement à travers les gouvernements. Nous ne travaillons pas avec les fondations, ni même avec les individus, mais avec tous les gouvernements du monde.

La France est un pays centralisé où l’on aime avoir des interlocuteurs représentatifs. Les catholiques ont le Vatican. Le souci pour les musulmans, c’est qu’il n’existe pas vraiment d'autorité à l’échelle mondiale. Quel rôle la LIM pourrait-elle ou a-t-elle envie de jouer en ce sens ?

Mohammed Al-Issa : Nous avons déjà réussi à réunir les oulémas des différents courants et à rétablir un consensus en islam (avec la charte de La Mecque, ndlr). Cela n’avait pas été fait auparavant. Jamais nous n’avons pu réunir autant de diversité dans l’histoire de l’islam. Que voulez-vous de plus ? Nous sommes une référence. La référence est à La Mecque et la LIM est basée là-bas. Réunir un véritable consensus, l’unanimité des voix musulmanes, l’unité des oulémas et des érudits du monde islamique autour d’un seul et même document est pour moi un miracle ! C’est un miracle !

Revenons sur l’image que dégage aujourd’hui votre organisation. Elle est perçue aujourd'hui en France comme une organisation saoudienne qui défend les intérêts de l’Arabie saoudite avant d’être une organisation panislamique. Que répondez-vous ?

Mohammed Al-Issa : Ceux qui gèrent le travail de la LIM, c’est le Parlement dénommé le Conseil supérieur de la LIM, composé de 70 érudits et personnalités musulmanes. De ces 70 personnalités, on ne compte que trois Saoudiens.

La LIM n’est pas une organisation saoudienne, loin de là. Le règlement intérieur de la LIM stipule qu’il s'agit d’une organisation internationale qui a pour objectif de réunir les peuples. Elle est indépendante, ce n’est pas une organisation gouvernementale. Ceux qui m’ont élu, ce sont ces 70 dignitaires qui représentent d’ailleurs tous les courants de l’islam. Il n’existe pas d’organisation islamique d’une telle envergure, autorité et indépendance. Ni d’une telle diversité. Ni même avec un caractère sanctifié du fait qu’elle soit basée à La Mecque.

Quels sont les Etats qui sont particulièrement impliqué dans l’organisation et les activités de la LIM?

Mohammed Al-Issa : Tous sont impliqués ! Il n y a pas d’Etat qui joue un rôle plus prépondérant qu’un autre. Il y a peut-être certains oulémas qui ont un argumentaire plus fort au sein du Parlement (de la LIM), tout comme n’importe quel député au sein d’un parlement d’un pays qui peut influer sur l’avis des autres grâce à son savoir, à sa connaissance, parce que c’est un bon orateur. Un député qui est bon orateur, qui a le sens de la répartie, pourrait également influencer ses collègues de la même sorte.

Les communautés musulmanes dans chaque pays sont à même de gérer leurs propres affaires.

Vous avez annoncé en janvier le retrait de l’Arabie saoudite de toutes les mosquées en dehors de ses frontières. Quelles sont les raisons qui ont amené à cette prise de décision ?

Mohammed Al-Issa : Parce que l’Arabie Saoudite est convaincue que les communautés musulmanes dans chaque pays sont à même de gérer leurs propres affaires. Ce sont à elles de créer des coalitions et de trouver des individus modérés (à même de diriger les mosquées, ndlr), sans aucune ingérence étrangère. C’est le bon sens qui le dit.

La diffusion du savoir religieux se faisait pendant longtemps dans les mosquées. Aujourd’hui, le principal vecteur de diffusion est Internet, qui est, malheureusement, un vecteur de l’extrémisme. Comment votre organisation prend en compte ce changement ?

Mohammed Al-Issa : Nous prônons un discours alternatif à ce qui est diffusé sur les réseaux sociaux et Internet. Nous pensons que notre discours vaincra car il est plus fort. Nous sommes une organisation forte. (…) Ce n’est pas pour autant que nous nous ingérons dans la gestion des affaires des communautés musulmanes (dans le monde). C’est pour cela que nous réunissons des muftis pour débattre des questions d’ordre général. Nous nous melons pas des spécificités de chaque Etat.

Nous appelons les communautés musulmanes à respecter les constitutions, les lois et les valeurs des pays qui les accueillent. Ceux à qui cela ne leur plait pas n’ont qu’à partir dans un autre pays. Qu’ils n’aient pas recours à des dérives et des actions malveillantes. Il faut aimer le pays qui nous accueille et y être attaché. Sinon, il faut partir !

Et quel est le message que vous adressez à la société française ?

Mohammed Al-Issa : La société française doit tout faire pour protéger son unité nationale, sa diversité religieuse, ethnique et civilisationnelle. Le peuple français doit voir en cette diversité une source de force, une source de richesse. Cette diversité doit se s’agglomérer autour d’un seul et même objectif : l’intérêt de la France, l’unité de la France, sa sécurité, sa force, sa prospérité.

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Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur



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