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Sur le vif

Mali : pourquoi la décoration d’un juge du tribunal islamique de Tombouctou ne passe pas

Rédigé par Lionel Lemonier | Lundi 21 Novembre 2022 à 11:00

           


© CC BY-SA 4.0/Moussa Niakaté
© CC BY-SA 4.0/Moussa Niakaté
L’ancien juge d'un tribunal islamique de Tombouctou qui a officié pendant la période d’occupation de la ville par les mouvances terroristes en 2012 a été décoré par le gouverneur de la région de Tombouctou le 9 novembre. Cette distinction pour « service rendu en faveur du retour de la paix et du vivre ensemble » a suscité l’indignation des organisations de la société civile malienne.

Selon RFI, pas moins de 37 d’entre elles ont diffusé un communiqué le 16 novembre pour rappeler que le cadi Houka-Houka Ag Alhousséni est toujours poursuivi par la justice malienne pour « faits de crimes de guerre » et « crimes contre l’humanité ». Les organisations précisent qu’à la tête d’un tribunal islamique, l’ancien juge « a ordonné, entre autres, de l’esclavage sexuel, des mariages forcés, des amputations, des lapidations, des flagellations et des arrestations arbitraires ».

L’incompréhension est d’autant plus grande que c’est l’armée qui l’avait arrêté en janvier 2014. Sa libération était intervenue par la suite, dans le cadre d’un échange de prisonniers, quelques mois plus tard. Diverses procédures ont été engagées à son encontre par des collectifs de victimes, des ONG et même par le ministère public malien, mais Houka-Houka Ag Alhousséni continue d’exercer sa fonction de juge dans la localité de Zoueliya dans la région de Tombouctou, sans être inquiété. Depuis juillet 2019, selon l'AFP, il fait l'objet de sanctions de l'ONU pour ses agissements faisant obstacle ou menaçant la mise en œuvre d'un important accord de paix conclu en 2015 avec un certain nombre de groupes armés.

Sa distinction « est de nature à commémorer les bourreaux au moment où les victimes attendent désespérément des procès », estiment les associations de défense des droits humains. Elles demandent aux autorités maliennes de transition de « faire de la lutte contre l’impunité une priorité » et de retirer sa distinction à l’ancien cadi de Tombouctou.





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