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Liberté d’expression contre diffamation

Rédigé par MAYOUFI Naziha | Lundi 23 Décembre 2002 à 00:00

           

Ironie du sort... Le 5 octobre 2001 Tariq Ramadan donnait une interview à Albert Longchamp, journaliste au 'Témoignage Chrétien' dans laquelle il exprimait le risque de voir surgir après le 11 septembre :'trop d'amalgames et de raccourcis pouvant provoquer, tant aux États-Unis qu'en Europe un brutal retour en arrière entre les musulmans et les autres concitoyens'. Quelques jours plus tard la publication du mensuel Lyon Mag’ lui donna entièrement raison...Nous étions déjà entrés de plein pied dans cette nouvelle réalité, celle qui consiste à renchérir sur le climat de peur en brandissant l'épouvantail du terrorisme pour justifier la diffusion de toutes sortes de 'raccourcis' et de réalités tronquées.



Ironie du sort... Le 5 octobre 2001 Tariq Ramadan donnait une interview à Albert Longchamp, journaliste au 'Témoignage Chrétien' dans laquelle il exprimait le risque de voir surgir après le 11 septembre :'trop d'amalgames et de raccourcis pouvant provoquer, tant aux États-Unis qu'en Europe un brutal retour en arrière entre les musulmans et les autres concitoyens'. Quelques jours plus tard la publication du mensuel Lyon Mag’ lui donna entièrement raison...Nous étions déjà entrés de plein pied dans cette nouvelle réalité, celle qui consiste à renchérir sur le climat de peur en brandissant l'épouvantail du terrorisme pour justifier la diffusion de toutes sortes de 'raccourcis' et de réalités tronquées.


Aujourd'hui la relaxe de Lyon Mag’ et d'Antoine Sfeir donne un message pour le moins clair : D'après la justice, Lyon Mag’ a publié l'article en vu d'informer et non de diffamer. Elle soutient, à travers sa décision, que le mensuel et Antoine Sfeir n'ont agit avec aucune mauvaise intention à l'égard de Tariq Ramadan...


Les juges ont entre autre justifié la relaxe de Lyon Mag’, en ce que la ligne éditoriale du mensuel est définie comme 'polémique'.

La justice a donc une fois de plus donné raison à la liberté d'expression, et si malgré la gravité et le caractère manifestement diffamatoire des propos tenus à la fois par Lyon Mag’ et Antoine Sfeir on n'est pas à même de détecter de la mauvaise foi, comme l'a précisé Yamin Macri à la sortie du palais de justice 'pour prouver une mauvaise foi il va falloir que celle si s'avère très, très mauvaise... '. Pour l'avocat de Lyon Mag’ M.Dumoulin la réalité est tout autre 'Tariq Ramadan a essayé de duper la justice mais elle ne s'est pas laissée faire'...Ou comment les plaignants deviennent accusés...


Un tel verdict est sans conteste lourd de conséquences et ce à plusieurs niveaux :
D'abord parce que cette décision serait susceptible d'être prise par un certain nombre comme un aval donné par la justice .En effet puisque de tels propos ne sont pas sanctionnés pourquoi alors s'encombrer à l'avenir d'enquêtes sérieuses avant de porter un jugement de valeur quel qu'il soit ! Ainsi, Fouad Imarraine nous a confié qu'il intentait un procès en diffamation à Alexandre Del Valle qui, précieusement secondé de Rachid Kaci a récemment publié un ouvrage intitulé 'Le totalitarisme islamique à l'assaut des démocraties occidentales' dans lequel une page toute entière est consacré à présenter la société AVS, association de contrôle de vaine 'halal 'comme récoltant des fonds pour le terrorisme. Le verdict des juges lyonnais ne condamne t-il pas également d'une certaine façon une telle tentative d'obtenir gain de cause ?


L'autre conséquence qui peut être relevée n'est pas négligeable .Cette dernière est financière et s'avère cruciale pour la suite des choses puisque comme chacun sait le coût d'un procès est énorme ce fut le cas pour le procès de Tariq Ramadan dont les frais d'avocat s'élèvent à 36.000 euros, l'effort financier s'avère d'autant plus être un sacrifice au regard du verdict. Pour pourvoir à ces coûts l'Association Juste Cause avait été crée pour permettre de récolter les fonds nécessaires (voir l'interview ci-après). Au regard à la fois de  l'indéniable obstacle économique que le coût d'un procès implique,et de l'issue de celui intenté par Tariq Ramadan , il est légitime de se demander  si ce verdict ne vient  pas comme un couperet décourageant ceux des musulmans s'estimant diffamés, de demander des comptes ?
Comment en effet voir cette décision autrement que comme une carte blanche laissée à ceux désireux d'instiller le virus de l'islamophobie, de le faire sans souci d'être un jour sanctionné ?

Mais ce verdict et l'indéniable obstacle économique que le coût d'un procès nécessite ne vient il pas comme un couperet décourageant ceux des musulmans s'estimant diffamés, de demander des comptes ?

 
Il semblerait d'ailleurs que ce soit le message que veut passer l'avocat de Lyon Mag’ qui nous a précisé à l'issue du verdict 'cette décision doit servir d'exemple à ceux qui pensent que la justice peut être saisie à tout va'.


L'association Juste Cause fut crée pour, dans un premier temps récolter les 36.000 euros de frais d'avocat du procès intenté par Tariq Ramadan, et pour ensuite servir de fond commun pour supporter le poids à la fois moral et matériel du combat qu'auront éventuellement à mener, des personnalités ou des instances de la communauté musulmane. Il semble légitime de se demander si la communauté musulmane après l'issue de ce procès éprouve encore l'utilité ou l'efficacité de faire ce geste financier ?

 
Pour Siham Andalouci les enjeux comme l'urgence de la réalité présente sont claires : «La communauté doit aujourd'hui avoir ce courage '(...)'Cette communauté mérite la dignité et le respect au même titre que les autres sensibilités religieuses.' D'ailleurs nullement découragé par la décision des juges l'avocat de Tariq Ramadan a indiqué qu'il faisait appel.


Et à analyser les différents procès qui sont ou ont été intentés ces derniers mois par les citoyens de confession musulmane, et ce malgré les obstacles, tout laisse à penser que des changements de mentalité soient en cours. En effet à travers des actions en justice comme celles du procès Houellebeq, de Dalila Tahri, d’AVS contre Del Valle ou du procès de Tariq Ramadan contre Lyon Mag’ et Antoine Sfeir il semblerait qu'une dynamique se soit amorcée. Des musulmans qui s'estiment diffamés ou injustement traités refusent de se laisser faire et pour cela usent des leviers démocratiques à leur disposition.

 Il s'avère aujourd'hui que les dividendes de ces actions sont mitigées puisque dans le cas de Tariq Ramadan comme pour le procès Houellebeq la justice a tranché en faveur de la liberté d'expression. Dalila Tahri pour sa part a obtenu gain de cause et donc le droit de réintégrer son poste avec son foulard...

Le recours s'avère donc difficile mais pas impossible.





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