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Monde

La cause des Ouïghours entendue au Parlement européen, des sanctions réclamées contre la Chine

Rédigé par Lina Farelli | Vendredi 20 Décembre 2019 à 13:00

           


Le prix Sakharov a été remis à Jewher Ilham au nom de son père, le dissident ouïghour Ilham Tohti. © Parlement européen
Le prix Sakharov a été remis à Jewher Ilham au nom de son père, le dissident ouïghour Ilham Tohti. © Parlement européen
Le Parlement européen a adopté, jeudi 19 décembre, une résolution appelant le gouvernement chinois de « mettre un terme sans attendre à la pratique des détentions arbitraires, sans chef d’inculpation, procès ou condamnation pour une infraction pénale, de membres des minorités ouïgoure et kazakhe, et de Tibétains, de fermer tous les camps et centres de détention et de libérer les détenus immédiatement et sans condition ».

Les députés européens invitent également le Conseil européen à envisager « l’adoption de sanctions ciblées contre des fonctionnaires responsables de la répression dans la région autonome ouïgoure du Xinjiang ».

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Signe de son engagement actif dans la cause des minorités religieuses et ethniques en Chine, parmi lesquels les Ouïghours, le Parlement européen a remis la veille le prix Sakharov au dissident ouïghour Ilham Tohti. Ce professeur d’économie, accusé par Pékin d’être un séparatiste, purge depuis 2014 une peine de prison à perpétuité en Chine.

C’est à sa fille, Jewher Ilham, que le prestigieux prix a été décerné. Cette jeune femme de 25 ans milite activement pour la libération de son père dont la famille n’a aucune nouvelle depuis 2017. Ilham Tohti a été arrêté en février 2013 à l'aéroport de Pékin alors qu'il allait s'envoler vers les Etats-Unis avec sa fille où il devait enseigner pendant un an dans une université de l'Indiana.

« Les Ouïghours sont contraints d'abandonner leur religion, leur langue et leur culture »

« C'est un honneur d'être reçue au Parlement européen aujourd'hui et d'accepter le Prix Sakharov en son nom. Je suis reconnaissante d’avoir l’occasion de raconter son histoire, car il ne peut pas la raconter lui-même », a déclaré Ilham Tohti, aujourd'hui exilée aux Etats-Unis où la Chambre des représentants a adopté, début décembre, un projet de loi appelant à des sanctions contre la Chine.

« Aujourd'hui, la liberté n’existe pas pour les Ouïghours en Chine, ni à l'école, ni en public, ni même à la maison. Mon père, comme la plupart des Ouïghours, a été qualifié d'extrémiste violent et est considéré comme un malade devant être guéri et dont l’esprit doit être lavé », a-t-elle dénoncé.

« C'est sous cette fausse étiquette d'extrémisme que le gouvernement emprisonne un million (probablement plus) de personnes dans des "camps de concentration" dans lesquels les Ouïghours sont contraints d'abandonner leur religion, leur langue et leur culture et dans lesquels les gens sont torturés et certains déjà morts. »

« Ilham Tohti, grâce à son travail, a réussi à donner une voix aux Ouïghours. Il œuvre depuis 20 ans pour promouvoir le dialogue et la compréhension mutuelle entre sa communauté et les autres Chinois », a déclaré le président du Parlement, David Sassoli, qui appelle à une libération « immédiate et inconditionnelle » d’Ilham Tohti ainsi que de tous les militants détenus arbitrairement par les autorités chinoises.

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