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Monde

Ile de la Réunion : les lycéennes exclues à cause de leur foulard ont repris les cours

Rédigé par Anissa Ammoura | Mercredi 10 Septembre 2008 à 12:11

           

Les six jeunes filles exclues le 4 septembre du lycée Lislet Geoffroy à l’Ile de la Réunion pour cause de port du foulard reprennent les cours aujourd'hui, mercredi 10 septembre. Un compromis a été trouvé lors d'une réunion au rectorat. A la place d'un foulard, elles peuvent garder un bandana pour couvrir leurs cheveux comme elles l'avaient initialement proposé. La décision avait suscité un tollé dans ce département multiconfessionnel d'Outre-mer où la loi de 2004 n'est pas appliquée strictement dans chaque établissement.



Ile de la Réunion : les lycéennes exclues à cause de leur foulard ont repris les cours
Les six lycéennes exclues de leur établissement à l’Ile de la Réunion pour cause de port du foulard vont pouvoir reprendre le chemin des cours ce mercredi 10 septembre en remplaçant leur voile par un bandana. Cet arrangement avait été initialement proposée par les élèves la semaine dernière mais il avait été refusé par leur proviseur, à l'origine de la décision.

Ce compromis a été décidé hier, le 9 septembre, lors d’une réunion au rectorat en présence d'un représentant du recteur, d’Huguette Bello, députée-maire communiste (PCR) de Saint-Paul et une opposante à la loi de 2004 sur l'interdiction des signes religieux à l'école -, et du président du Conseil régional du culte musulman, Abdoolah Moolan.

S’appuyant la loi de 2004 sur l’interdiction des signes religieux à l’école, le proviseur du lycée Lislet Geoffroy de Saint-Denis avait demandé le 4 septembre dernier à six de ses élèves de retirer leur foulard. Deux d’entre elles avaient finalement accepté de le retirer tandis que les quatre autres jeunes filles continuaient de le porter.

Cette décision avait suscité un tollé sur l’Ile, la loi de 2004 n’étant pas strictement appliquée dans tous les établissements du département. Les acteurs locaux ont insisté sur cette souplesse d’application de la loi, spécifique au département. Dans une tribune parue le 9 septembre dans le journal réunionnais Témoignages, Jean Odel Oumana, vice-président de la FCPE départementale parle « d’une société multicurelle et multiconfessionnelle qui a toujours bien fonctionné jusque-là ». Dans une autre tribune, Aline Murin–Hoarau, élue du parti communiste de Sainte-Suzanne, corrobore cette singularité réunionnaise « Les pagodes chinoise et les mosquées présentes dans notre île expriment bien cet éclectisme culturel accompagné de cette facilité du vivre ensemble réunionnais. Dans notre île nous fêtons ensemble le jour de l’an chinois, le 20 décembre la fête cafres, la fête de la lumière, le 25 décembre, la fin du Ramadan »*.

Le Parti communiste réunionnais a rappelé dans un communiqué en date du 6 septembre qu’en 2004, « le recteur de la Réunion avait demandé une application intelligente et d’agir avec discernement afin de ne pas crée de problème là où il n’y en avait pas » Selon l’Agence France Presse (AFP), il a également appelé les autorités locales à « distinguer l’application de la loi sur la laïcité dans l’ile par rapport la situation prévalant en métropole ».

Jointe par téléphone, Yasmina Pansbhaya, vice présidente du conseil régional depuis 2004, et ancienne adjointe à la mairie de Saint-Denis de la Réunion de 1989 à 2008, a insisté sur la particularité de l’Ile de la Réunion, territoire à la fois multiconfessionnel et multiculturel : « Je suis élue française et musulmane et je n'ai jamais eu de problème avec ça » explique t-elle à Saphirnews. « Le principe de laïcité, nous l'avons à la Réunion et, nous l'appliquons. Quand j'étais plus jeune, j'avais des copines qui portaient le foulard à l'école et ça n'a jamais posé de problème ! C’est surtout depuis le 11 septembre, que les choses ont changé ». Elle rappelle également que deux autres incidents avaient eu lieu en 2006 et en 2004 mais qu’un arrangement à l’amiable a toujours été trouvé.

Selon l'AFP, « La pratique religieuse est très répandue à la Réunion dans toutes les communautés. Les chrétiens sont largement majoritaires, mais l'île compte aussi une forte minorité d'hindous - plus d'un tiers des 750.000 Réunionnais - et environ 50.000 musulmans».



* Fête des cafres : célèbre la proclamation de l'abolition de l'esclavage.
* Le voile interdit, le bandana toléré





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