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Monde

Il y a 70 ans : la Guerre d’Espagne

Rédigé par Aurélien Soucheyre | Mardi 1 Août 2006 à 15:58

           

Le 18 juillet 1936 éclate la guerre civile espagnole. Les nationalistes, emmenés pas le général Franco, se soulèvent contre les républicains. Ils l’emportent le 28 mars 1939 avec la prise de Madrid. 600000 personnes sont tuées durant le conflit. Les futurs belligérants de la Deuxième Guerre mondiale font leur apparition durant cet affrontement. La dictature de Franco a pris fin à sa mort, en 1975.



Drapeau espagnol républicain, aujourd'hui disparu
Drapeau espagnol républicain, aujourd'hui disparu
Le 16 février 1936, le Front populaire remporte les élections. Un gouvernement républicain issu d’une coalition de gauche se constitue. Des tensions entre républicains et nationalistes éclatent vite. Le gouvernement Négrin est décrié par l’Eglise. Les chefs militaires Franco, Mola et Sanjurjo sont exilés respectivement aux Canaries, à Pampelune et au Portugal.

Le 12 juillet 1936, Castillo, membre du Parti Socialiste espagnol et lieutenant de la garde républicaine, est assassiné par des franquistes. Le lendemain, le député monarchiste Sotelo est éliminé par des officiers républicains. Cinq jours plus tard, un soulèvement militaire contre le gouvernement de la république est organisé par Franco. Cette insurrection est le résultat d’un long complot. Elle plonge toute l’Espagne dans le chaos.

Hitler et Mussolini
Hitler et Mussolini

Les intervenants extérieurs

La tuerie qui débute inaugure les alliances présentes lors de la Seconde Guerre mondiale. Les armées de Franco sont soutenus par l’Italie fasciste de Mussolini et par l’Allemagne nazie d’Hitler. La France refuse finalement d’intervenir en faveur du gouvernement républicain, issu de la démocratie espagnole, et signe un pacte de non-intervention. Cela malgré les accords signés et les appels de Dolorès Ibarruri dit «La Pasionaria». L’Angleterre fait de même et réalise un blocus maritime autour de la péninsule ibérique. L’URSS vend des armes aux républicains.

Affiche pour les Brigades Internationales
Affiche pour les Brigades Internationales
Partout dans le monde des milliers de personnes se mobilisent pour venir en aide à l’Espagne. Ces volontaires étrangers, venus d’une cinquantaine de pays, sont unis contre le fascisme. Ils constituent les régiments des brigades internationales et luttent aux côtés des républicains. De nombreux intellectuels s’engagent pour sauver la République espagnole, dont Lorca, Machado, Malraux, Hemingway, Prévert, Faulkner, Brecht, Ford… Appelés aujourd’hui «ceux qui se levèrent avant l’heure» ces brigadiers pressentent en 1936 la montée du fascisme. La guerre d’Espagne a effectivement servi de répétition générale à la Seconde Guerre mondiale.

En 1937, les avions nazis de la Legion Condor bombardent la ville de Guernica un jour de marché. Hitler teste ses armes sur l’Espagne. Picasso «dépeint» ce massacre dans un tableau intitulé Guernica et arrive à symboliser toute l’horreur de la guerre dans une toile.

Francisco Franco
Francisco Franco

L’affrontement de deux Espagne

Franco fédère tous les opposants au gouvernement démocratique et les unifie avec la «Phalange espagnole traditionnelle et les Juntes d’offensives nationale-syndicaliste». L’Espagne est coupée en deux sur le plan politique et territorial. Les franquistes, partis depuis le Maroc, s’emparent successivement de Tolède, Bilbao, Teruel et de Barcelone le 10 février 1939. Le gouvernement républicain s’y était réfugié depuis le siège de Madrid, qui tombe un mois plus tard. Les franquistes gagnent la guerre et la dernière ville résistante, Alicante, ne tient pas plus longtemps.

Dolorès Ibarritu
Dolorès Ibarritu
Les républicains remportent aussi des batailles. Leur résistance est acharnée. Ils ont pour leitmotiv : «No Pasaran» (Ils ne passeront pas). Mais les contradictions au sein de leur organisation les conduisent aussi vers la défaite. Le président du gouvernement, Largo Caballero rechigne à creuser des tranchées. Les différents partis politiques disposent chacun de leur propre milice. La tentative d’unification des troupes en une armée commune échoue. Cette division entre les antifascistes sert les intérêts des franquistes. Les divergences entre les trotskystes, les communistes et les anarchistes se finissent parfois même en règlements de compte.

Guernica de Picasso
Guernica de Picasso

Et après le Seconde Guerre mondiale...

Le 24 août 1944, la 2e division blindée du général Leclerc pénètre dans Paris et s’arrête devant l’Hôtel de Ville. Ce détachement de 150 hommes porte le nom de «La Nueve». Ses blindés sont appelés Madrid, Brunete, Teruel, Guadalajara… Et les hommes qui la composent sont d’anciens combattants de l’armée républicaine, pour la plupart espagnols. De la même manière, les anciens des Brigades Internationales sont devenus résistants. Comme Henri Rol-Tanguy qui le 19 août 1944 reçoit en compagnie de Leclerc, la reddition du général allemand von Choltitz.

Hitler et Mussolini sont vaincus. Pourtant, Franco meurt trente ans plus tard. Sa dictature féroce dure 36 ans et est protégée par l’Europe et les Etats-Unis. Surnommé «El Caudillo» en référence aux chevaliers ayant chassé les Maures d’Espagne au Moyen Age, Franco a fait emprisonner, fusiller, garrotter, et torturer des milliers d’hommes et de femmes.

Juan Carlos de Bourbon lui succède en 1975 avec le titre de roi. Il refuse de poursuivre la dictature. La démocratie est réinstaurée. Juan Carlos garde symboliquement son titre de roi d’Espagne depuis.

Le travail de mémoire autour de la guerre civile espagnole est de plus en plus d'actualité en Espagne.






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