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Religions

Formation des imams : le Maroc décidé à être une référence internationale

Rédigé par Mérième Alaoui | Vendredi 10 Avril 2015 à 08:00

           

Le roi du Maroc a inauguré fin mars en grande pompe le premier institut international de formation des imams à Rabat. En concertation avec le ministère français de l’Intérieur, Mohammed Moussaoui est parvenu à réserver 50 places pour des imams français. Le président de l’Union des mosquées de France (UMF), en déplacement au Maroc, livre à Saphirnews les détails du partenariat.



Le roi Mohamed VI inaugure l'Institut de formation des imams le 27 mars.
Le roi Mohamed VI inaugure l'Institut de formation des imams le 27 mars.
La question de la formation des imams reste un épineux problème en France. En concertation avec le bureau des cultes du ministère de l’Intérieur, 50 imams français vont être formés au Maroc durant trois ans. Le roi Mohammed VI a inauguré le 27 mars, à Rabat, le premier « Institut de formation des imams prédicateurs et des prédicatrices » qui porte le nom du souverain marocain.

Venus du monde entier, des étudiants y sont accueillis, nourris, logés durant toute leur formation. 50 futurs imams français ont réussi à décrocher une place. « Nous avons envoyé une première promotion de 22 étudiants, 28 autres les rejoindront en septembre 2015. Ils sont relativement jeunes, âgés de 22 et 40 ans », explique à Saphirnews Mohammed Moussaoui, président de l’Union des mosquées de France (UMF), actuellement dans le royaume chérifien pour découvrir le centre.

Des binationaux choisis avec soin

Tout a commencé à la cérémonie de la Fête du trône, la plus importante des fêtes civiles marocaines, le 30 juillet dernier. « J’ai été invité au Maroc à cette occasion. Comme je savais qu’un tel institut allait ouvrir, j’en ai profité pour demander au roi de nous réserver des places. Il a accepté immédiatement », nous raconte-t-il.

Les futurs imams français sélectionnés ont la particularité d'être tous de nationalité marocaine. Pour Mohammed Moussaoui, il s'agit surtout de faciliter l’intégration administrative. « Nous avons recruté des binationaux pour que ce soit plus simple. Pour les Français d’origine tunisienne ou algérienne par exemple, cela aurait pu être compliqué avec le pays d’origine qui organise également des formations d’imams… On aurait pu interpréter cela comme de l’ingérence. Mais pour les prochaines années, et en concertation avec ces autres pays et avec la France, nous aimerions que cela évolue », déclare l'ex-président du Conseil français du culte musulman (CFCM).

Un partenariat avec des universités françaises en vue ?

La plupart des étudiants français sont des novices mais une partie de la promotion est composée d'imams en poste dans des mosquées qui ont besoin de perfectionnement. L’enseignement de l’Institut sera la même pour tous et s’articule sur deux axes.

Dans un premier temps, ils suivront un corpus commun essentiellement fondé sur la connaissance des textes et les techniques pour diriger la prière. Dans un second temps, une formation plus spécifique au pays d’origine est proposée. « Pour nous, les Français, elle traiterait de l’étude de la laïcité, de l’histoire du pays, de la sociologie française… à l’image de la formation dispensée à l’Institut catholique de Paris », qui compte parmi les universités françaises qui forme les cadres musulmans sur le plan non théologique, précise le président de l’UMF.

« Cette partie de la formation n’est pas encore définie, car nous allons nous concerter notamment avec les pouvoirs publics. Il serait d’ailleurs possible de délocaliser cet enseignement en France, dans des universités parisiennes », ajoute Mohammed Moussaoui. Un partenariat entre la France et le Maroc serait possible car « nous nous sentons proche de l’islam enseigné au Maroc, un islam ouvert, malékite, commun à tout le Maghreb et à l’Afrique de l’Ouest ». L’Institut Mohammed-VI se présente en effet comme garant du « référent identitaire fondé sur le juste milieu, la modération et la tolérance et [qui aide à] prémunir contre les relents de l’extrémisme » et, pour cela, « le Maroc a adopté une stratégie intégrée, globale et multidimensionnelle ».

Une influence spirituelle à étendre

En plus des 150 imams marocains, des 100 prédicatrices (morchidates) et des 50 Français, le Maroc a validé les candidatures d’étudiants venus du monde entier, en particulier du continent africain. C’est à l’occasion de l’investiture officielle du président malien Ibrahim Boubacar Keïta le 19 septembre 2013 que Mohammed VI a validé la demande de formation de 500 imams maliens. La Côte d’Ivoire, la Guinée-Conakry et la Tunisie ont également envoyé des étudiants dans le nouvel institut, de même que « des futurs imams venus de Tchétchénie, du sultanat de Brunei et du Canada », précise même Mohammed Moussaoui.

Érigé sur une surface de 28 687 m², le centre de formation se présente comme un ensemble moderne mélangeant salles d’études et lieux de vie. Amphithéâtre, bibliothèque et salle informatique jouxtent des salles de sport et des espaces de restauration. Une mosquée ouverte au public, d’une capacité d'accueil de 1 250 fidèles, sert aussi d’espace pour la formation aux missions d’orientation de la prière (imamat), de prédication et de prononcé des sermons (khotba). L’aménagement a coûté 200 millions de dirhams, soit 18 millions d’euros, auxquels s’ajoute le coût des équipements administratifs et sportifs évalués à 24 millions de dirhams (2,2 millions d’euros).

Le retour sur investissement ne saurait se faire attendre. Le Maroc, un lieu de formation théologique traditionnellement réputé pour les musulmans d’Afrique subsaharienne et bien au-delà, est plus que jamais décidé à être un centre religieux incontournable. Il entend par là étendre son influence spirituelle, dans un contexte international marqué par une montée globale de l’extrémisme. Son nouvel institut de formation, que l’on présente comme une pierre à l’édifice dans la lutte contre le terrorisme, est bien parti pour devenir une référence dans le monde musulman.





Réagissez ! A vous la parole.

1.Posté par Mohamed EL BAKI le 11/04/2015 13:03 | Alerter
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mohamedelbaki
Notre Maroc : pays d'histoire et de civilisation arabo-berbèro-musulmanes.
Notre mère patrie,le Maroc : pays d'accueil,de convivialité et de paix.
Le Maroc pays de diversités éthniques,linguistiques,de coutumes et de traditions très anciennes,peut jouer un très grand rôle dans la formations des imams,de théologiens et de spécialistes dans les domaines socio-culturel des communautés musulmanes.
Soyons fiers de notre patrimoine familial,social et culturel.A nous de tout mettre en oeuvre pour diffuse,propager et partager le Savoir.
Félicitations à Sa Majesté Mohammed VI et aux autorités administratives compétentes qui ont oeuvré pour cet Institut International de Formation des Imams.
"L'éducation est un bien,sa pratique une perfection" , dit un proverbe arabe.
"Le fléau de la science,c'est l'oubli". Proverbe arabe.

2.Posté par GhislaineL le 11/04/2015 16:32 | Alerter
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Si je comprends bien il va y avoir des formations d'imams français binationaux marocains... et les autres nationalités ? Si il faut en arriver là pour éviter la radicalisation de certains qui d'ailleurs ne se sont pas le plus souvent radicalisés dans une mosquée, il y a de quoi se poser beaucoup de questions sur l'uniformité du discours islamique.
Mr EL BAKI vous m'inquiéter, mais j'espère me tromper, car je ressens une empreinte communautarisme dans vos propos... les termes diffuser, propager me semblent imprégniés d'une connotation expansionniste d'une idéologie islamiste bien connue.

3.Posté par Mohamed EL BAKI le 12/04/2015 18:24 | Alerter
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mohamedelbaki
Je ne vois pas en quoi je vous inquiète...
C'est mon sentiments de simple citoyen.
Je parle de partage du SAVOIR...
Le partage du savoir c'est l'échange,la discution et la reflexion.C'est l'ouverture de l'esprit vers d'autres horizons.Le partage du SAVOIR : c'est la connaissance et la reconnaissance dans le respect mutuel !. Et au lieu de rechercher les confrontations idéologiques,recherchons les rencontres entre nos Histoires,nos Civilisations.
Non,je ne suis pas communautariste,loin de là.
Si vous lisez bien le texte du journaliste,l'Instituit est ouvert à d'autres nationalités...
Il n' y a pas dans mes propos ni expansion,ni appel quelconque à l'islamisation de terl ou tel pays.Les femmes et hommes sont libre de croire ou ne pas croire...
Pour moi,Le premier article de la Constitution ,les lois,règlements et la laïxcité de la République sont claires.Femmes,hommes sans distinction d'origine,de race,de religion ou opinions politiques sont sur le même pieds d'égalité.Mêmes droits,mêmes devoirs,égalité et parité.A nos élues/élus politiques,aux responsables associatifs,aux syndicalistes et aux citoyennes et citoyens de se prendre en charge et d'appliquer les Droits de l'Homme et du Citoyen,la Constitution et la laïcité en toute démocratie et transparence.
Et loin de nous tous les intégrismes,extrémismes et sectarismes et d'ou qu'ils viennent.Loin de nous la xénophobie,le racisme et toutes les exclusions.


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