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Sur le vif

Espagne : les cours de religion, objet de controverse

Rédigé par La Rédaction | Vendredi 24 Mai 2013 à 13:06

           


En Espagne, la réforme sur l’éducation divise. La loi organique d'amélioration de la qualité de l'éducation portée par le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy prévoit de rendre obligatoire les cours de religion, ce qui est loin de plaire à l’opposition.

L’avant-projet de cette réforme, approuvé en conseil des ministres vendredi 17 mai, a subi très vite les foudres de la gauche espagnole. « Qu'est-ce que la qualité de notre éducation a à voir avec l'éducation religieuse, la religion catholique, notée pour avoir des bourses ou pour entrer en médecine », s'est insurgé le leader de l'opposition socialiste, Alfredo Pérez Rubalcaba, samedi 18 mai.

Effectivement, en plus de rendre obligatoire les cours de religion, essentiellement catholique, mais aussi évangélique, musulmane ou juive, dans toutes les écoles, le texte de loi prévoit une notation. Les notes obtenues à ces cours seront prises en compte dans la moyenne des élèves, qui permettra de décider de leur passage en classe supérieure et de leur obtention de bourses.

Toutefois, les élèves pourront choisir entre ces cours de catéchèse, visant à les conforter dans une religion donnée ou des cours de « valeurs culturelles et sociales », dont le programme n’a pas encore été défini, ou bien étudier les deux.

Reste que pour les socialistes, cette réforme est un retour en arrière. Aux commandes du pays entre 2004 et 2011, le gouvernement de José Luis Rodríguez Zapatero avait rendu facultative cette matière en 2006. Aujourd’hui, ils accusent le parti au pouvoir, le Parti populaire (PP), de légiférer sous la « dictée » de la Conférence épiscopale et du Vatican et de « frôler l’intégrisme religieux ».

Des accords entre l’Espagne et le Vatican signés en 1979 introduisent les grandes lignes de l’enseignement religieux : des cours de religion catholique doivent être dispensés dans toutes les écoles, publiques ou privées sous contrat. L’Église espagnole, quant à elle, nomme les professeurs, payés par l’Etat.

En Espagne, les cours de religion sont un débat récurrent. Il s’agit d’ailleurs de la septième réforme sur ce sujet en 35 ans de démocratie. Au gré de la majorité politique, le statut des cours de religion change. Mais, depuis 1990, ces cours n’avaient pas fait l’objet d’une notation.

Il semblerait que l’Etat souhaite parer la baisse de l’évangélisation à l’école. Depuis quatre ans, la chute des inscriptions aux cours de religion parmi les élèves de l’école publique est impressionnante : on est passé de 90 % à 70 % pour les 6-12 ans, de 70 à 50 % pour les 12-16 ans et de 30 % à 10 % pour les 16-18 ans, fait savoir La Croix. Par ailleurs, cette réforme a pour objectif de réduire le niveau élevé d'échec scolaire (25 %) dans un pays où 57 % des jeunes sont sans emploi.

Mais « n'actualisez pas vos manuels, les nouveaux programmes ne dureront pas longtemps ! », a déjà prévenu M. Rubalcaba à l’attention des éditeurs espagnols. Si elle revient au pouvoir, la gauche ne se privera pas de revenir sur cette loi.

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