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Clonage humain, une indignation !

Rédigé par LATRECH Nadia | Samedi 28 Décembre 2002 à 00:00

           

Le clonage reproductif est condamné par toutes les instances de bioéthique au monde. Mais, à ce jour, aucune convention internationale ne l'interdit et les législations des pays sont diverses ou inexistantes.



Le clonage reproductif est condamné par toutes les instances de bioéthique au monde. Mais, à ce jour, aucune convention internationale ne l'interdit et les législations des pays sont diverses ou inexistantes.

 

La naissance, pour l'instant non vérifiée, d'un bébé par clonage, annoncée vendredi par une responsable de la secte des raéliens, suscite les doutes de la communauté scientifique mais surtout l'inquiétude que de telles expériences 'sauvages' mettent en danger le clonage dit 'thérapeutique' qui pourrait guérir des maladies aujourd'hui incurables.

Le bébé de parents américains devrait arriver chez lui aux Etats-Unis dans les trois jours, selon Mme Boisselier, responsable du programme de clonage Clonaid développé par la secte des raéliens. 'Ça s'est très bien passé', s'est bornée à dire cette scientifique de formation, qui se présente également comme ayant rang de'guide évêque raélienne'. Cette annonce a été détaillée vendredi 27, à 15 heures, heure française, lors d'une conférence de presse organisée en Floride. La responsable a annoncé d'emblée d'autres naissances à venir 'dés la semaine prochaine'.

 

Réactions

Les scientifiques mettent au défi Brigitte Boisselier, qui a annoncé, jeudi 26 décembre à Miami (Floride), la naissance d'une petite fille clonée, de prouver ses dires en produisant les cartes génétiques du bébé et de l'adulte dont il est le clone. Même le gynécologue italien Severino Antinori, qui a annoncé la naissance pour janvier d'un bébé cloné, n'y croît pas.

A maintes reprises, les scientifiques ont averti des dangers multiples menaçant les clones : anomalies du coeur, des poumons, du système immunitaire, du foie, obésité, morts fréquentes avant ou juste après la naissance, cancers, vieillissement prématuré et arthrite (inflammation d’une artère) dont souffre la brebis clonée Dolly...

'Même ceux qui ont l'air normal à la naissance développent souvent des problèmes par la suite', rappelle un vétérinaire américain spécialiste du clonage bovin, le Docteur Jon Hill.

Le clonage reproductif est encore loin d'être une science exacte et les scientifiques, encore bien en peine pour expliquer pourquoi leurs clones animaux sont affligés de telles difformités. Plusieurs équipes y voient des 'erreurs' de la reprogrammation génétique.

 

Une preuve génétique est promise

Citée, dans la matinée du vendredi 27 décembre, sur le site internet du New York Times, la porte-parole de Brigitte Boisselier a indiqué que la directrice scientifique de l'église raélienne fournirait des preuves démontrant que l'enfant qui vient de naître est bien le clone d'une femme adulte. Elle a précisé que ces preuves seraient données grâce à la technique hautement fiable des empreintes génétiques, ces empreintes étant effectuées par un expert 'indépendant'. S'exprimant au même moment sur Europe 1, le généticien français Axel Kahn a déclaré que tant que ces preuves ne seraient pas apportées, toutes les déclarations faites ne devaient être considérées que comme de 'la propagande'. Rappelant que le clonage reproductif n'avait jamais pu être mis en œuvre chez les singes, Axel Kahn, opposé à cette technique, estime que cette annonce est peut-être'une fantaisie dont les raéliens sont coutumiers'.

Selon William Muir, professeur de génétique à Purdue University (Indiana), une semaine sera suffisante pour vérifier de source scientifique indépendante que l'ADN (acide désoxyribonucléique constituant le génome) du bébé est bien le même que celui de la mère, le délai annoncé par Mme Boisselier

 

'Une activité purement et simplement criminelle'

En laissant de côté toute opinion morale ou religieuse et le caractère légal ou non du clonage, en l'état actuel des techniques appliquées chez l'animal, faire naître un enfant conçu avec la technique du transfert nucléaire constitue une transgression de toutes les lois sur l'expérimentation humaine. Pour les femmes concernées et pour les enfants qui naîtraient ainsi, cette technique insuffisamment au point chez l'animal entraînerait de nombreux avortements et anomalies du développement. Aucun comité d'éthique au monde n'accepterait d'autoriser le passage de l'expérimentation animale à l'expérimentation humaine dans de telles conditions. C'est bien pour cela que les auteurs de ces tentatives ne les sollicitent pas.

Cela étant, même s'il était parfaitement au point chez l'animal, le clonage reproductif doit être interdit pour des raisons éthiques. En attendant, des sanctions doivent être prises contre tout essai de faire naître un enfant de cette façon parce qu'il s'agit d'expérimentation humaine inadmissible suivant tous les standards admis de la pratique médicale.

'Cela va nourrir la confusion dans l'esprit du public entre les applications reproductives irresponsables (du clonage) et les applications responsables pour le traitement des maladies, des applications qui n'impliquent par de créer des bébés mais qui portent le même nom, le clonage', a souligné Mme Caro, professeur de Bioéthique de l'Université du Wisconsin, interrogée sur CNN.

 

Qui sont ces charlatans ?

La secte des raéliens est le principal groupe urologique au monde. Elle a été fondée en 1973 par un ancien journaliste sportif français, Claude Vorilhon, alias Raël, sur la croyance que l'humanité aurait été créée en laboratoire et exportée sur terre il y a 25 000 ans par des extraterrestres.

Se présentant comme un prophète dans la lignée de Moïse ou Mohamad, il prône une interprétation scientiste de la Bible. Selon 'Raël', le clonage permettra à l'humanité d'atteindre un jour la vie éternelle, en permettant de renouveler régulièrement son enveloppe corporelle. Les raéliens, qui revendiquent 55.000 adeptes dans le monde, se disent aussi partisans de la 'géniocratie', le pouvoir des plus intelligents…

 


Lexique et mode d'emploi

 

Cellule : unité biologique de base de tout organisme. Elle contient, au sein du noyau, le patrimoine héréditaire de cet organisme sous forme de chromosomes constitués d'ADN (acide désoxyribonucléique).

Clones : ensemble d'individus issus de la multiplication végétative ou asexuée d'un même être d'origine et ayant en commun les mêmes caractères génétiques par suite de leur reproduction conforme. Chez l'animal, on obtient un ou des clones en plaçant le noyau d'une cellule adulte dans un ovocyte (une cellule reproductrice femelle non mature) dont le propre noyau aura été préalablement enlevé. L'ADN transféré dans l'ovule retrouve un état embryonnaire et la première division de cet ovule 'fécondé' survient quelques heures après le transfert nucléaire.

Le patrimoine génétique du clone est identique à celui du donneur. Toutefois, la cellule réceptrice et plus particulièrement le cytoplasme qu'elle contient influe sur l'expression des gènes. L'importance de ces facteurs dits épigénétiques est encore inconnue.

Certains chercheurs rejettent donc le terme de copie conforme. Ils soulignent que, sauf à disposer de la même mère, la copie et son original seront moins similaires que deux jumeaux homozygotes ou 'vrais jumeaux'.

 

Clonage thérapeutique : les embryons issus du clonage sont créés à des fins de recherche scientifique ou de traitement médical. On pourrait aussi prélever des cellules chez un malade et mettre leur noyau au sein d'un ovocyte énucléé. L'embryon ainsi obtenu aurait de ce fait le même profil immunitaire que celui du patient.

Non destiné à se développer, cet embryon pourrait devenir une source de cellules souches, susceptibles, ensuite, de se différencier en divers tissus et de suppléer les organes ou les fonctions lésés après réimplantation. Il pourrait également servir de banc d'essai pour des molécules thérapeutiques.

 

Clonage reproductif : le début du processus est similaire, puisqu'il consiste à obtenir un embryon par transfert du noyau dans un ovocyte préalablement énucléé. Il est également possible d'obtenir un nouvel embryon par séparation mécanique des cellules du premier.

Cet embryon est cultivé pendant quelques jours en laboratoire. Mais il est ensuite implanté dans l'utérus d'une mère afin d'aller au terme de la grossesse.

 

Tiré du Monde DU 28.12.02





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