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CFCM, le faux suspense présidentiel

Rédigé par Bamba Amara | Dimanche 26 Juin 2005 à 00:00

           

Le nouveau président du Conseil français du culte musulman sera connu ce dimanche. Un vrai faux suspense pèse néanmoins sur le second mandat du Dr Dalil Boubakeur, recteur de la Grande mosquée de Paris et président sortant du CFCM. Le verdict des urnes faisant loi, l’Union des organisations islamiques en France ne peut prétendre à la direction du Conseil. Le prochain CFCM ne sera donc pas celui de Fouad Alaoui. D’un point de vue statistique, la Fédération nationale des musulmans de France (FNMF) peut prétendre à la direction du CFCM. Mais la crise que traverse sa direction fait que le prochain CFCM ne sera pas celui de Mohamed Bechari.



Le nouveau président du Conseil français du culte musulman sera connu ce dimanche. Un vrai faux suspense pèse néanmoins sur le second mandat du Dr Dalil Boubakeur, recteur de la Grande mosquée de Paris et président sortant du CFCM. D'un âge certain et de santé fragile, M. Boubakeur s'apprête à un second mandat. Le verdict des urnes faisant loi, l’Union des organisations islamiques en France ne peut prétendre à la direction du Conseil. Le prochain CFCM ne sera donc pas celui de Fouad Alaoui. D’un point de vue statistique, la Fédération nationale des musulmans de France (FNMF) peut prétendre à la direction du CFCM. Mais la crise que traverse sa direction fait que le prochain CFCM ne sera pas celui de Mohamed Bechari.

 

La GMP est le seul vrai vainqueur

 

Des trois grandes fédérations qui imposent la cadence dans la gestion du culte musulman en France, la Grande mosquée de Paris (GMP) est apparue la plus stable. Le recteur Dalil a su tirer les leçons des élections de 2003. Président de consensus sans majorité, il a régulièrement été confronté à la dure réalité du pouvoir sans la puissance. La jeunesse du CFCM est un argument trop facile pour expliquer la modestie de son premier bilan. La faiblesse de la direction y est pour beaucoup. Elle a contribué à embourber le Conseil dans diverses crises qui  ont progressivement créé un climat d’instabilité impropre à la conduite de ses dossiers. Le catalogue des démissions, simulées et effectives, n’a fait qu’amuser la galerie médiatique et conforter l’opinion publique dans son image d’un islam politisé et instrumentalisé pour servir les ambitions claniques voire égotiques de quelques leaders. Or si la GMP était arrivée troisième aux élections de 2003, elle est actuellement seconde cette année. Mais surtout, elle est sans conteste la fédération qui a le plus progressé.

Soutenu par le consulat algérien, le Dr Boubakeur a pris son bâton de pèlerin et a rallié nombre de mosquées à sa cause. La preuve est faite de la capacité de persuasion du M. Boubakeur. Il n’est plus le leader de l’islam des beaux salons, il semble avoir dompté le terrain. De six sièges au Conseil d’administration, il arrive à 10 sièges devant l’UOIF, sa rivale qui n’a pas progressé. Mais l’UOIF n’a pas régressé.

 

Statu quo à L’UOIF et à la FNMF

 

Nombre d’analyse ont annoncé le déclin de l’UOIF. Une lecture rapide des résultats le permet car de 13 sièges l’Union se retrouve avec 10 sièges. Mais la lecture détaillée montre que l’UOIF s’est maintenue à son niveau propre. Les trois sièges qui lui manquent sont ceux que lui apportaient ses alliés. Cette année, les alliés de l’UOIF ont décidé de faire cavaliers seuls. A Marseille, la séparation n’a pas soulevé de grandes vagues. Mais en Ile-de-France Centre, le choix de la Fédération française des associations  islamiques d’Afrique, des Comores et des Antilles (FFAIACA) de se désolidariser de l’UOIF a été perçu comme une menace. Au point qu’aujourd’hui, la FFAIACA accuse l’UOIF d’avoir usé d’irrégularités pour empêcher sa participation aux élections. Une plainte a été déposée et l’affaire suit son cours avec la menace d’invalidation des élections ayant donné une belle victoire à la liste menée par Lhadj Breze, le président de l’UOIF.

 

Pour sa part, la fédération nationale des musulmans de France, malgré sa première place n’a quasiment pas eu de progrès dans son public électoral. Sur les quatre mille délégués inscrits en 2003, la FNMF avait recueilli 18 sièges sur 41. Or cette année, avec mille deux cent délégués supplémentaires, la FNMF ne recueille que 19 sièges sur les 43 disponibles. Les pourcentages ne sont point à son avantage.  En Ile-de-France Ouest, la FNMF avait raflé les deux sièges disponibles lors des premières élections. Cette année  elle recueille toujours deux sièges sur les trois disponibles, soit un recul de 33%. En région Ile-de-France Centre, en PACA tout comme en Rhône-Alpe, la Fédération dirigée par M. Bechari a perdu des plumes. Le cas de la région Nord, deuxième région électorale, est symptomatique à cet effet.

 

Un « islam officiel » en France

 

En 2003, la FNMF l’avait emporté avec 67 % des suffrages. Cette année, malgré une implication manifeste du consulat marocain, la FNMF arrive en troisième place derrière l’UOIF et la GMP. Dans cette région comme dans quelque autre, l’implication du consulat marocain dans les questions du culte français ne semble pas profiter favorablement à la FNMF. Un schéma contraire à ce que l’on observe dans l’implication du consulat algérien. Mais, pour une fois, le nouvel homme fort de la FNMF, M. Abdallah Boussouf reconnait et assume cette proximité de sa fédération avec l’Etat du Maroc à l’image d’une partie de la FNMF. Ceux-là ont d’ailleurs éloigné M. Bechari des instances du CFCM en le remplaçant par M. Boussouf qui a les faveurs du consulat marocain en France. M. Bechari souhaite l’autonomie de l’islam de France. C’est là un discours qui ne passe pas encore dans les mosquées de France. En s’y accrochant, Fouad Alaoui de UOIF et Mohamed Bechari on dû en payer le prix. Car la liberté a un prix. 

 

Ainsi, à moins de coup de théâtre salvateur, le CFCM s’apprête à creuser la tombe de l’autonomie de l’islam de France. La place accordée à l’islam des consulats est une sévère réalité des mosquées. Mais une réalité sans réel avenir puisque fondée sur les vieilles générations qui tiennent les mosquées. L’histoire contemporaine nous enseigne combien l’émergence d’un « islam officiel » contribue à alimenter le sentiment de frustration et les positions extrêmes.





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