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Points de vue

Avec Donald Trump, l’impunité d’Israël vis-à-vis des Palestiniens plus garantie que jamais

Rédigé par Abel Sena | Vendredi 29 Novembre 2019 à 19:00

           


Avec Donald Trump, l’impunité d’Israël vis-à-vis des Palestiniens plus garantie que jamais
Israël est incontestablement le grand gagnant de la situation dramatique qui sévit au Proche-Orient. Depuis que la région est à feu et à sang à cause des conflits qui l’embrasent, Israël peut paradoxalement compter sur ses ennemis historiques pour assurer sa sécurité au détriment du peuple palestinien, la raison pour cela étant que les pays de la région sont soit impliqués dans ces conflits, soit préoccupés tout simplement par leur survie.

Mais l’Etat hébreu ne s’est jamais senti autant en sécurité et en position de force que depuis que Donald Trump est à la tête de l’administration américaine. En effet, le président américain n’a cessé, depuis son élection, d’afficher son soutien inconditionnel à Israël, faisant fi des accords internationaux et de la contestation (inaudible) de la communauté internationale. Ainsi, envers et contre tous, il soutient ouvertement l’occupation et la colonisation des territoires palestiniens et se targue d’être le plus fervent supporter d’Israël de tous ses prédécesseurs.

On savait la puissance des lobbies pro-israéliens aux Etats-Unis et leur influence sur la politique de l’administration américaine vis-à-vis de la situation au Proche-Orient. Cependant, jamais un président américain n’avait auparavant clairement affiché une partialité assumée en faveur d’Israël. Jamais un président américain n’avait fait preuve de tant d’imprudence et de manque d’appréciation et de discernement en matière de géopolitique.

La reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël

Le ton avait déjà été donné pendant la campagne présidentielle de 2016, lorsque le candidat Trump, pour s’assurer le soutien des faucons pro-israéliens, avait promis de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël. C’est chose faite depuis décembre 2017 quand il en a fait l’annonce et a ordonné le transfert de l’ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv vers Jérusalem.

Quid de l’accord de Genève et des efforts des Nations Unies qui prônent le partage de la souveraineté sur Jérusalem et qui serait la capitale de deux Etats ? Quid aussi des sentiments des Palestiniens et du monde musulman dans son ensemble pour lesquels Jérusalem a une valeur symbolique, historique et religieuse ? Visiblement le président américain ne s’en émeut guère.

Lire aussi : Jérusalem, capital d’Israël pour le Guatemala : explications sur son soutien à Israël

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La reconnaissance des colonies israéliennes en Cisjordanie

Le processus de colonisation par Israël dans les territoires occupés est illégal aux yeux du droit international. Toutes les résolutions du Conseil de sécurité le condamnent. Mais cela ne semble émouvoir ni l’Etat d'Israël ni le président américain car ce dernier, devenu coutumier de provocations à l’égard de la communauté internationale, a pris une décision qui fera date. Officiellement, depuis le 18 novembre 2019, les Etats-Unis ne considèrent plus les colonies israéliennes dans les territoires occupés comme illégales.

Quelques mois plus tôt, en mars 2019, la reconnaissance unilatérale de la souveraineté d’Israël sur le plateau du Golan par le locataire de la Maison Blanche annonçait déjà la couleur. Cette décision mettait en effet un terme à la position prudente adoptée jusque-là par la diplomatie américaine et rompt avec le consensus international qui ne reconnaît pas la légitimité d’Israël sur ce territoire syrien dont Israël a occupé une grande partie en 1967 après la guerre des Six Jours. Aujourd’hui, le plateau du Golan, annexé depuis 1981, s’est vidé d’une grande partie de sa population syrienne, laissant place aux colons israéliens, qui sont de plus en plus nombreux à s’y installer.

A l’aune de cette reconnaissance américaine des colonies israéliennes, Israël, qui n’avait que faire des résolutions du Conseil de sécurité ou des efforts de paix de la communauté internationale, a dorénavant les mains libres pour coloniser et annexer davantage de territoires comme bon lui semble. Sous l’aile protectrice de l’administration américaine, l’impunité de l’Etat hébreu a de belles années devant elle.

Vers un éventuel traité de défense commune

Pour assurer sa défense, Israël bénéficie depuis longtemps du soutien militaire des Américains en termes d’aide logistique et financière (38 milliards de dollars sur la période 2019-2028). Cela faisait déjà d’Israël la première puissance militaire de la région. Mais les ambitions de Donald Trump pour ce pays sont telles qu’il envisagerait la mise en place d’un traité de défense commune qui rendrait Israël plus forte et davantage intouchable. Car ce traité impliquerait de facto l’intervention des forces américaines en cas de « menaces » contre Israël et, par là même, permettrait à l’armée américaine de réduire au silence « les éventuels agresseurs » de l’Etat hébreu avec, en ligne de mire bien évidemment, l’Iran, le Hezbollah et le Hamas.

Aujourd’hui, Israël peut dormir sur ses deux oreilles. L’affaiblissement de ses voisins, le remodelage géopolitique de la région, favorable à Tel Aviv et résultant des différents conflits au Proche-Orient, en plus de la surprotection américaine, constituent un rempart solide et infranchissable pour Israël, le Goliath des temps modernes.

Donald Trump et Israël, une liaison dangereuse

Suite aux élections présidentielles de 2016, l’Amérique a révélé au monde un président aux allures de monstre. Un monstre dangereux qui est en train de mettre le monde en péril. A l’intérieur comme à l’international, ses décisions font débat et se distinguent par leur caractère imprudent et provocateur. Son approche du conflit au Proche-Orient est un signal alarmant qui laisse augurer d’une conjoncture internationale plus dangereuse pour la stabilité de la région.

Aussi, défend-il l’idée d’une Amérique renfermée sur elle-même, dressant des barrières et des murs à la fois symboliques et réels entre elle et le reste du monde. Une Amérique isolée de tous sauf d’Israël dont le Premier ministre Benjamin Netanyahu partage les mêmes idées d’isolement et de xénophobie.

Réalisons-nous qu’un nouvel ordre mondial auto-proclamé est en train de s’imposer à la communauté des nations ? La force de l’alliance israélo-américaine n’est-elle pas en train d’étouffer toutes les voix dissonantes, toute velléité de contestation ? Toujours est-il qu’Israël, avec la complicité coupable des Etats-Unis, peut continuer de braver impunément le droit international, au grand dam des Palestiniens.

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Abel Sena est enseignant.

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