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Lundi 8 Novembre 2010 Commentaires {28}
Prendre un congé pour l’Aïd, c’est mon droit
Des réunions importantes sont régulièrement organisées le jour de l’Aïd, alors que vous souhaitez, chaque année, prendre un congé pour raison personnelle, seul moyen de célébrer cette fête avec vos proches. Du coup, votre demande est systématiquement refusée.


QUE DIT LA LOI ?

Si vous êtes fonctionnaire ou assimilé, la circulaire n° BCFF0930776C du 31 décembre 2009 vous permet de prendre trois jours de congés supplémentaires pour respecter vos fêtes lorsque vous appartenez à une religion dite « minoritaire ».

Les salariés de confession juive peuvent enfin fêter Rosh Hashanah et Yom Kippour ; ceux de confession musulmane, les deux Aïd ; les bouddhistes, le Wesak et le jour du Dharma ; même s’il ne leur reste plus de RTT à poser. Cela est un droit, sauf nécessité de service.

Si vous êtes salarié dans une entreprise, c’est le droit privé qui s’applique. Le droit du travail garantit la liberté de religion aux salariés tout en permettant à l’employeur d’y apporter certaines restrictions.

Mais, attention, aucun employeur ne peut instaurer des limitations absolues et générales à la liberté de religion. L’article L.1121-1 du Code du travail, en proclamant qu’il est interdit d’« apporter aux droits des personnes et aux libertés individuelles et collectives des restrictions qui ne seraient pas justifiées par la nature de la tâche à accomplir ni proportionnées au but recherché », fixe le contour des limites que l’employeur peut apporter à la liberté de religion du salarié. Les restrictions à la liberté de religion doivent reposer sur des critères légaux.

Nous pouvons proposer 6 critères légaux (1), à partir de l’étude des lois, de la jurisprudence et des préconisations de la HALDE. La pratique religieuse ne doit pas entraver :
1. les règles d’hygiène ;
2. les règles de sécurité ;
3. la liberté de conscience des autres ;
4. l’organisation nécessaire à la réalisation de la mission ;
5. les aptitudes professionnelles nécessaires à la réalisation de la mission ;
6. les impératifs commerciaux liés à l’intérêt de l’entreprise (critère complexe sur lequel nous reviendrons dans les prochaines situations liées au port du signe religieux).

Autrement dit, concernant l’Aïd, que vous soyez fonctionnaire ou pas, votre supérieur hiérarchique ne peut légalement vous le refuser que si cela met le bon fonctionnement de votre service en péril.


MISE EN SITUATION

Vous demandez un rendez vous à votre chef, bien décidé à faire valoir votre droit, car vous pensez qu’il n’y a pas de nécessité de service. Mais la communication n’est pas facile. Votre interlocuteur vous annonce d’un ton péremptoire que « le service est laïque » et qu’il ne veut pas entendre parler de religion.

Si vous êtes fonctionnaire, vous lui montrez que vous connaissez bien votre statut :
« Oui, de façon à assurer l’égalité de traitement de tous les usagers du service public, les fonctionnaires doivent assurer ce service public en étant neutres eux-mêmes dans l’exercice de leurs fonctions.
Mais ce principe de neutralité posé initialement par l’avis du Conseil d’État du 8 décembre 1948 (Melle Pasteau), puis réitéré depuis à plusieurs reprises (2), exige que le fonctionnaire ne manifeste pas ses croyances religieuses ; il n’ôte pas au fonctionnaire le droit à sa liberté de conscience et de religion, édictée par les textes constitutionnels, conventionnels et législatifs, qui prohibent toute discrimination fondée sur les croyances ou l’athéisme. »


Or poser un jour de congé pour l’Aïd, comme la circulaire du 31 décembre 2009 le permet, n’entraîne aucune manifestation de vos croyances dans l’exercice de vos fonctions puisque, au contraire, vous serez absent…

Si vous êtes salarié dans une entreprise, il s’agit de vérifier si votre demande n’entrave pas le critère 4 : votre absence entraîne-t-elle un problème organisationnel au sein de l'équipe ou pour la réalisation de la mission (respect des délais et du rythme de travail) ?

Concernant les demandes d’absences liées aux fêtes religieuses, la Cour de cassation, dans un arrêt du 16 septembre 1981, a précisé que le refus de l’employeur doit être uniquement justifié par les impératifs liés à la bonne marche de l’entreprise. La HALDE a aussi eu l’occasion de souligner que les autorisations peuvent être refusées par l’employeur si la décision est justifiée par la nécessité avérée de la présence du salarié concerné à cette date (3).

L’employeur peut donc refuser une autorisation d’absence le jour d’une fête religieuse, dans la mesure où celle-ci perturbe l’organisation du travail dans l’entreprise. Ce peut être le cas, par exemple, lorsque la demande est formulée tardivement, (4). Ou si plus de 50 % des salariés devaient s’absenter en même temps, ce qui pourrait entraîner une impossibilité de maintenir le rythme pour contenter un gros client.


ÉLÉMENTS DU DÉBAT

Ce qui est présenté comme « neutre » et « universel » résulte en fait de l’Histoire chrétienne.

Pourtant, pour ne prendre qu’un exemple, le calendrier français est du pain bénit pour les chrétiens : la fête de la Nativité (Noël), célébrant la naissance de Jésus, l’ouverture de la semaine sainte (dimanche des Rameaux), la consécration de la résurrection du Christ (dimanche de Pâques), celle de l’élévation de Jésus au ciel (jeudi de l’Ascension), la commémoration de la descente du Saint-Esprit sur les apôtres (dimanche de Pentecôte), la célébration de la montée de la Vierge Marie au ciel (fête de l’Assomption, le15 août), la veille de la fête des morts, qui célèbre l’ensemble des saints reconnus par l’Église catholique romaine (fête de la Toussaint, le 1er novembre), sont autant de jours fériés.

Sans compter les lundis de Pâques et de Pentecôte, réminiscences des semaines fériées qui suivaient les dimanches de Pâques et de Pentecôte, réduites à un seul jour férié par le Concordat de 1801. Ces fêtes font partie de la culture commune de tous les Français, croyants ou pas, alors que les fêtes relatives à l’islam sont vécues comme du particularisme ou de la « rébellion communautaire ».

C’est ce que votre chef continue à vous répondre : « Je n’accepterai jamais de demandes particularistes. »

Lorsque vous lui faites remarquer qu’indirectement le calendrier est discriminatoire pour vous, alors que la loi de 1905 énonce que « la République garantit le libre exercice des cultes à tous les citoyens », il répond que l’octroi de jours supplémentaires, tel que le préconise la circulaire du 31 décembre 2009, discrimine les chrétiens et les athées puisque ces derniers ont maintenant trois jours feriés de moins que les juifs, les musulmans et les bouddhistes. Et que cela provoque du communautarisme, puisque les salariés prendraient leurs congés à des moments différents selon leur religion.

La situation actuelle est compliquée, car l’aspect chrétien des jours feriés discrimine indirectement ceux qui ont une autre religion, entravant l’égalité de traitement des cultes, garantie par le droit français et européen.

Mais, par ailleurs, il est vrai que l’octroi de trois jours supplémentaires proposé par la circulaire du 31 décembre 2009 privilégie juifs, musulmans et bouddhistes. Et il est également vrai que ce système provoque effectivement un effet communautariste, à l’insu des bénéficiaires, puisque « tous les juifs » s‘absentent pour Yom Kippour, « tous les musulmans » pour l’Aïd, etc.

Pour parer ces dysfonctionnements, cela fait plusieurs fois que certains députés proposent que les principales fêtes de religions nouvellement arrivées deviennent également des jours fériés nationaux, pour tous les salariés, quelles que soient leurs croyances ou leurs non-croyances. Ainsi, cela ne provoquerait ni communautarisme, ni segmentation des salariés, ni injustice quant au nombre de congé permis. Tous les Français pourraient fêter l’Aïd, de manière cultuelle ou culturelle, comme d’autres fêtent Noël… Ce serait une façon de reconnaître symboliquement le fait que l’islam n’est pas une religion étrangère et qu’il peut faire partie du patrimoine français.

Mais à peine ces propositions sont élaborées, à peine sont-elles enterrées. En attendant, que faire ?


QUE FAIRE ?

Vous n’êtes pas responsable de la conséquence secondaire de cette circulaire, et tant que des jours juifs et musulmans ne sont pas feriés pour tous, il n’y a pas d’autre choix que de faire votre demande pour vos fameux trois jours supplémentaires.

Si votre supérieur hiérarchique est ouvert, vous pouvez toujours lui proposer d’octroyer trois jours supplémentaires à tous les salariés, pour « exercice de liberté de conscience »… Ainsi, ceux qui sont athées ne se sentiront pas discriminés…



Notes
1. Critères élaborés et détaillés dans [Allah a-t-il sa place dans l’entreprise ?], de Dounia et Lylia Bouzar (Éd. Albin Michel, 2009).
2. Avis du Conseil d’État du 3 mai 1950 (Mlle Jam), du 3 mai 2000 (Mlle Marteaux), du 17 octobre 2002 (Mme E.) et du 27 novembre 2003 (Mlle Nadjet Ben Abdallah).
3. Délibération n° 2007- 301 du 14 novembre 2007.
4. Cour de cassation, 16 décembre 1981, n° 79-41.300, Bull. civ. 1981, V, n° 968 ; D. 1982, inf. rap. p. 315, note J. Frossard.



Commentaires
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1.Posté par Tâlib le 09/11/2010 17:36
Madame Bouzar, Madame Bouzar ...

Pourquoi vous avancez-vous au nom de l'Islam et des musulman(e)s en général ?!

Pour ma part, étant musulman né et vivant en France, je ne partage pas votre opinion, car pour ma part avoir des jours fériés religieux dans un calendrier grégorien est normal, ce calendrier étant devenu le calendrier officiel d'une ploutocratie perverse et prônant une certaine séparation entre l'Église [ainsi que des religions en général] et l'État, me permet de constater cette hypocrisie utilisée à outrance par les différents gouvernements de France, car ce calendrier ne devrait plus [dans la théorie comme dans la pratique] avoir de caractère religieux. L'hypocrisie faisant, les non-musulman(e)s laicardo-fondamentalistes et extrémistes mettront en avant une certaine culture française, cette culture française mais religieuse qu'ils(elles) affirment s'être séparé(e)s.

Afin de ne pas user de la même hypocrisie des différents gouvernements et de la majorité des non-musulman(e)s vivant en France, cette hypocrisie de prôner de vivre dans un État dit "laïque" et d'avoir un calendrier religieux avec des jours fériés religieux.

Je revendique donc [pour ma part et individuellement en tant que musulman] le retrait de tous les jours fériés religieux de ce calendrier, et le rajout des jours déduits à mon nombre de jours de congés payées, ainsi sans hypocrisie, j'invite chacun(e) a gérer lui(elle)-même ses jours de congés religieuses dans cet État dit laïque nommé Démocratie mais dissimulant en fait, une ploutocratie oligarchique. Le tout en attendant un éventuelle calendrier dit laïque et réaliser par un laïc, sans les fêtes de la "Saint bidulle" et "Saint Machin", voir en attendant qu'un calife juste et équitable soit au pouvoir en France.

Restant disponible pour toute correction et/ou précision de ma simple opinion exprimée sur le sujet, incha'ALLAH.

Cordialement.

2.Posté par Dounia Bouzar le 09/11/2010 20:36
Bonjour Tâlib,
A priori, vous n'avez pas pris la peine de lire la rubrique, car je dis la même chose que vous au début du paragraphe "éléments du débat" sur la question que vous soulevez (d'ailleurs les révolutionnaires avaient tenté d'ôter les jours religieux pour ne pas être en contradiction avec leur objectif de laïcité, et ce n'est pas pour rien que cela a été refusé jusqu'à aujourd'hui, comme vous le faites justement remarquer...) D'autre part, si vous aviez lu, vous auriez vu que je ne m'avance à aucun moment "au nom de l'islam ou des musulmans" (!), je ne fais que donner aux lecteurs (de toutes religions minoritaires) des éléments juridiques ou de Jurisprudence, afin qu'ils connaissent mieux leurs droits et leurs devoirs dans l'état de la législation actuelle...
Bonne lecture et bien à vous

3.Posté par Tâlib le 10/11/2010 10:02
As'salam (Paix),

Madame Bouzar,

Merci de votre réponse et de vos précisions personnelles.

Quel est le titre de votre article ? Comporte-t-il un mot émanant des enseignements de l'Islam ou pas ? L'article n'est-il pas plus ou moins orienté par rapport à l'Aïd (fête) ?

Vos écrits usent [hélas] de trop d'ambiguïté, et laisse transparaitre votre opinion exprimée au nom de l'Islam et des musulman(e)s en général [et un peu pour d'autres religions minoritaires].

Sinon, j'ai bien pris connaissance de ce passage cité, mais il en arrive à votre conclusion personnelle [prôné sous forme de généralité], je vous cite :

"(...) et tant que des jours juifs et musulmans ne sont pas fériés pour tous (...)".

Tout comme le reste de votre article met en avant et s'exprime implicitement au nom des musulman(e)s en général, tel que ces phrases :

"Prendre un congé pour l’Aïd, c’est mon droit"
"(...) chaque année, prendre un congé pour raison personnelle, seul moyen de célébrer cette fête avec vos proches (...)"
"(...) Or poser un jour de congé pour l’Aïd, (...)"
"(...) Autrement dit, concernant l’Aïd, que vous soyez fonctionnaire ou pas, (...)"

Qu'est ce que l'Aïd (fête) ? Est-ce une fête islamique ou pas ? Est-ce que cela s'adresse ou pas aux musulman(e)s en général ?

Et vous avez donc lu que mon opinion personnelle est totalement différente de la votre. Ma conclusion personnelle en tant que musulman ne partageant pas votre opinion est, je cite :

"Je revendique donc [pour ma part et individuellement en tant que musulman] le retrait de tous les jours fériés religieux de ce calendrier, et le rajout des jours déduits à mon nombre de jours de congés payées, ainsi sans hypocrisie, j'invite chacun(e) a gérer lui(elle)-même ses jours de congés religieuses dans cet État dit laïque nommé Démocratie mais dissimulant en fait, une ploutocratie oligarchique. Le tout en attendant un éventuelle calendrier dit laïque et réaliser par un laïc, sans les fêtes de la "Saint bidulle" et "Saint Machin", voir en attendant qu'un calife juste et équitable soit au pouvoir en France."

Vous m'écrivez : "(...) si vous aviez lu, vous auriez vu que je ne m'avance à aucun moment "au nom de l'islam ou des musulmans" (!), je ne fais que donner aux lecteurs (de toutes religions minoritaires) des éléments juridiques ou de Jurisprudence, afin qu'ils connaissent mieux leurs droits et leurs devoirs dans l'état de la législation actuelle... (...)"

J'ai bien lu, et implicitement vous vous prononcez pour tou(te)s les musulman(e)s [et ensuite pour tou(te)s les judaïques et autres religieux minoritaires], vous me le précisez justement en écrivant dans votre réponse, je cite : "(de toutes religions minoritaires)". Je maintiens donc bien mon précédent message exprimant simplement mon opinion suite à la lecture de votre article, et vous invite a ne pas user d'ambiguïté et d'être plus claire, de ne pas généraliser, et d'éventuellement préciser que votre opinion n'est pas partagé par tou(te)s les musulman(e)s [voir peut-être par toutes les autres religions minoritaires].

Restant disponible pour toute correction et/ou précision de ma simple opinion exprimée sur le sujet, incha'ALLAH.

Was'salam.

4.Posté par bougrassa le 11/11/2010 12:31
Bonjour Mme Bouzar

J'ai lu attentivement votre intervention. j'ai noté que vous avez rappelé la loi à propos de la perturbation de la marche de l'entreprise (si plus de 50 % des salariés devaient s’absenter en même temps).
Mais dans certains la loi est difficilement applicable. Je dirige une société de service à la personne spécialisée sur les personnes âgées. Je ne peux pas me permettre une absence d'un tiers de mes effectifs. Le service en serait très perturbé. C'est très difficile de le faire entendre à mes salariés quand il s'agit de fêtes religieuses. L'affectif l'emporte sur le reste... Que conseillez- vous ?

5.Posté par Dounia Bouzar le 11/11/2010 14:39
Bonjour,
Nous sommes au coeur de la difficulté :
- comme le jour de l'Aïd n'est pas un jour fixé à l'avance de manière officielle, c'est assez difficile pour les employeurs d'anticiper un tour de rôle très longtemps à l'avance comme ils peuvent le faire à l'avance pour, par exemple, le jour de Noël...
- comme le jour de l'Aïd ne correspond pas à un moment où l'ensemble de la France ralentit son activité (ce qui permet à certaines entreprises, selon leur activité, de carrément fermer qq jours...), il s'agit de maintenir le rythme. Et plus il y aura de salariés de référence musulmanes qui veulent s'arrêter pour leur fête, plus ce sera délicat de maintenir le rythme... Idem quand il y aura plus de bouddhistes... Quant aux juifs pratiquants, ils se sont beaucoup organisés de manière communautaire pour travailler entre eux, justement parce qu'ils avaient du mal à obtenir le jour du shabbat lorsqu'ils travaillaient en équipe.

Bref, pour revenir à votre question, la loi ne définit pas un pourcentage, la loi donne parmi les critères possibles pour limiter la liberté religieuse la "comptabilité avec l'organisation nécessaire à la réalisation de la mission..." Le 50% cité dans la rubrique n'était qu'un exemple dans ce service là, mais ce chiffre ne fait pas Jurisprudence. Il appartient à chaque responsable de service d'évaluer à partir de quand un nombre de salariés absents entrave le bon fonctionnement du service, et cela est différent selon chaque service, la mission en question,etc. Si dans votre entreprise, 30% d'absents mettent en danger les services rendus aux personnes âgées, cela signifie que vous ne pouvez autoriser autant d'absences. Et ces refus ne sont pas discriminatoires, étant donné qu'ils reposent sur un critère légal : l'entrave à l'organisation nécessaire pour réaliser la mission.

Reste la question de la communication. Pour un peu que les salariés soient "obligés" de s'arrêter pour Noël, c'est clair que c'est d'autant plus injuste qu'on leur refuse l'AÏd...
Je n'ai pas de recette miracle pour que, en cas de nécessité de service comme dans votre cas, le refus d'absence soit bien vécu par les salariés en question. En revanche, je peux vous faire partager mon expérience lorsque j'interviens dans ce type de situations d'entreprises : lors de chaque situation conflictuelle, je me suis rendue compte que les partenaires salariés/dirigeants communiquent beaucoup mieux lorsque les critères de gestion sont transparents. Autrement dit, que ce soit pour une salle de prière, un jour de congé, ou autre chose, il est fondamental que tout le monde sache à partir de quoi on peut dire "oui", et à partir de quoi on doit dire "non". Cela rend les décisions transparentes et désamorce les incompréhensions. En l'absence de cette connaissance partagée, les salariés ont tout le temps le sentiment que c'est "parce qu'ils sont différents", ou pire, "parce qu'ils sont musulmans", dans un climat international de forte islamophobie, et les dirigeants ont tout le temps le sentiment que "les salariés ne font jamais aucun effort", ou pire "que plus on leur en donne, plus ils en veulent"... C'est pour éviter de rester dans cette pure subjectivité que le passage par la loi et le droit sont nécessaires pour communiquer, et que le simple fait d'échanger autour de cette base permet de revenir à discussions rationnelles, où des compromis sont souvent possibles.
Dernière chose que je peux partager avec vous : dans les entreprises où ça marche bien, le dirigeant donne les éléments du débat (donc de la loi), ou fait venir qq pour cela, et demande au groupe de salariés lui-même de chercher une solution pour que cela entrave le moins possible leurs droits individuels de religion, tout en préservant la bonne marche du service. Il en ressort parfois des idées originelles qui sont portées par tout le monde, équipes et direction, et cela marche bien. On est toujours plus intelligent à plusieurs que seul...
Voilà ce que je peux vous dire, je ne sais pas si cela peut vous faire avancer dans votre propre situation... Je reste à votre disposition, cela m'intéresse parce que c'est à partir de ce qu'on peut faire concrètement sur les terrains que l'on peut faire avancer le débat sur cette gestion de la diversité culturelle, c'est l'équilibre entre les droits individuels et le vivre ensemble, et c'est plus facile à dire qu'à faire...
Bien à vous




6.Posté par copola le 14/11/2010 11:17
il y a beaucoup de jours fériés correspondant aux fetes chretiennes car la France est catholique depuis 1500 ans......ça vous pose un probleme ?

7.Posté par Dounia Bouzar le 14/11/2010 15:09
Bonjour Copola,
La seule chose qui semble important aujourd'hui aux Français de date plus récente, c'est que la France soit cohérente entre ses principes, ses lois, et l'application de ses lois.
Si la France reste catholique, si c'est un choix de la majorité des Français, qu'on le dise et qu'on abroge la loi de 1905.
Si la France se veut toujours laÏque et veut respecter la loi de 1905 et son article 1 qui énonce que "la République la liberté de conscience et de culte à tous ses citoyens", qu'on l'applique.
Il s'agit juste d'être cohérente. On ne peut pas continuer comme ça un double discours sur la laïcité, et sur l'égalité.
Voilà.... bien à vous

8.Posté par copola le 14/11/2010 18:04
Et ça changera quoi qu'on abroge la loi de 1905 ? que feraient les millions de musulmans vivant en France dans ce cas là ?

9.Posté par Dounia Bouzar le 14/11/2010 19:15
Eh bien les choses seront claires. Ils sauront qu'ils ne peuvent pas "être chez eux", que la France est un pays catholique géré par le catholicisme, et qu'ils n'ont pas le droit à leur liberté de culte. C'est toujours moins violent quand les choses sont claires. En revanche, si l'on prétend garantir la liberté de culte et de conscience, il faut l'appliquer à tous de la même façon. Je ne dis pas que c'est simple ou facile, puisque justement la France a une histoire chrétienne. Mais cela doit être l'objectif. Il faut juste être en cohérence avec ses principes et ses lois...

10.Posté par copola le 14/11/2010 20:04
on peut etre un pays catholique géré par le catholicisme et assurer la liberté de culte en meme temps. la vraie question c est le nombre de musulmans vivant en France . est ce toujours une minorité ? si oui pour combien de temps ? parce que le jour où les musulmans seront majoritaires, là vous allez etre contente , la laicité n existera plus. le destin des chrétiens d occident sera le meme que les chretiens d orient....

11.Posté par Dounia Bouzar le 14/11/2010 20:18
Je vous réponds pour finir juste un petit mot : même si votre scénario était vrai, vous vous trompez : le Prophète avait dans ses propres conseillers des juifs et des chrétiens. Pour les musulmans, ce sont des gens du Livre, qui sont reliés au même Dieu, même s'ils se sont arrêtés à un Prophète précédent...
Bonne continuation et dormez en paix, les musulmans sont des gens comme les autres et ils ne deviennent agressifs que lorsqu'ils se sentent harcelés et en danger, comme tout être humain. En fait, ils vous ressemblent beaucoup plus que vous ne le pensez... il n'y a pas tant que ça de différence... Bien à vous

12.Posté par copola le 15/11/2010 09:59
Pour finir : en 2012, Le Pen sera sans doute président. toutes ces questions n existeront plus car tous les musulmans repartiront dans LEUR pays respectif.

13.Posté par Tâlib le 16/11/2010 17:29
As'salam (Paix),

@ Copola

Lorsque vous écrivez aussi, à la lumière de vos passions et de votre ignorance, je vous cite :
"(...) car tous les musulmans repartiront dans LEUR pays respectif."

Je suis un musulman français, occidental, d'origine polonaise [et n'ayant d'origine que l'appellation], un musulman blanc pour vous imager d'avantage, et je serais intéresser de savoir vers quel pays vous souhaiteriez me faire repartir ? Et quel moyen mettriez-vous en œuvre pour me contraindre à partir de mon pays ?

Was'salam.

14.Posté par copola le 16/11/2010 18:31
@Talib le polonais

plusieurs destinations s offrent à vous : arabie saoudite, dubai, maroc ou algérie...etc

et vous partirez de vous meme car vous n allez pas supporter le fait que l islam devienne une religion comme une autre. c est a dire une religion confinée à la sphere privée. vous n allez pas l admettre. plus le fait que certains pays musulmans décollent économiquement. C est parfait. Vous allez partir sans probleme.

15.Posté par Tâlib le 17/11/2010 13:40
As'salam (Paix),

@ Copola,
[la personne courageuse cachée derrière un pseudonyme, et n'ayant pas saisi mes écrits en langue française]

J'ai exprimé le fait que j'étais musulman français, et que mes origines polonaises n'étaient qu'une appellation, donc vous pouvez écrire "@ Tâlib le français".

Concernant les destinations, l'argumentation "Fdesouche" formaté par TF1, je m'y attendais (sourire)
Il vous faut savoir que les pays arabes ne sont pas obligatoirement des pays islamiques, tout comme un(e) arabe [ou d'origine arabe] n'est pas obligatoirement "musulman(e)".

Concernant mon éventuelle émigration vers les pays cités, je n'y vois pas d'inconvénient, mais si j'y allais, j'imposerais le fait que les français [et occidentaux non-musulman(e)s ne soient plus fournis en pétrole, en gaz, ainsi qu'avec d'autres diverses richesses de ces pays, et je les évincerais de la gestion qu'ils ont sur ces richesses naturelles qu'ils se sont appropriés par les colonisations, ainsi les "Fdesouches" se retrouveraient comme au moyen âge, à être des gueux mangeant des patates et soumis à leurs dirigeants ...

Trêve de supposition, sans vouloir vous effrayer, je vous invite à envisager votre éventuel départ, car démographiquement parlant, il se peut [incha'ALLAH] que vous ne soyez plus très nombreux dans un petit laps de temps, et que les musulman(e)s [de toutes ethnies] deviennent majoritaire, qu'un calife musulman juste et équitable dirige la France, et qu'il applique la justice et l'équité entre les différentes communautés y vivant, et que la minorité des racistes et islamophobes dont vous faites et ferez parti, soit identifier et qu'un choix leur soit proposer ... Cela vous conviendrait-il ?

Je vous laisse deux adages que j'aime citer et que je vous invite à méditer : "Cultivons nos différences et non pas l'indifférence" et "Seul(e) l'inculte réfute en masse ce dont il(elle) est ignorant(e)".

Was'salam.

16.Posté par copola le 17/11/2010 19:03
l occident a la technologie et c est bien le plus important. on peut tres bien se passer du petrole , gaz ou autre. on inventera autre chose (voiture électrique hihihi ) .ce sont les pays arabes qui seraient dans la merde et retourneraient dans la situation d avant 1945 : c est à dire sur leurs chameaux !!!
Mais bon, actuellement, les grosses multinationales font un fric énorme avec les ressources naturelles . ils n ont aucuns interet à changer la donne.

j aime bien la 2 eme partie de votre commentaire . ça me renforce dans mes idées. perso, je me battrais jusqu au bout contre l Islam . cette religion qui ne tolère qu'elle meme ( où est la liberté de culte dans les pays à forte majorité muzz ?) qui s est propagée par la guerre , la menace et l intimidation .
je suis islamophobe ( et j en suis tres tres fier) . pas raciste

17.Posté par Tâlib le 18/11/2010 12:08
As'salam (Paix),

@ Copola

Pour éventuellement vous interpeler, questions :

1) Quelles sont les armées se trouvant sur les terres des autres ?
2) Y a-t-il une seule armée musulmane sur une des terres d'Occident ?
3) Qui s'exprime sur la tolérance des autres, et n'a aucune tolérance pour d'autres [même pas un échantillon] ?

Je vous invite à ne pas nier votre racisme et à l'assumer, tout comme vous avez l'air d'assumer votre islamophobie ainsi que votre ignorance. A vous votre religion, et à moi ma religion.

Was'salam.

18.Posté par Tâlib le 18/11/2010 12:16
As'salam (Paix),

Précisions : N'oubliez pas [et étudiez le], la majeur partie de la technologie en Occident est basée sur les sciences islamiques. Toute technologie est plus ou moins "mathématique", et les chiffres sont des chiffres arabes, rendez les donc aux arabes, et faites votre propre technologie et vos calculs avec vos chiffres romains (I, II, III, IV, V, ...), cela risque d'être marrant à mettre en application cela pour un futur gueux mangeur de patates soumis à leur idole dirigeante.

Was'salam.


19.Posté par José le 25/11/2010 22:42
Dommage, je n'ai pas participé a cette discussion... trop tard pour la savourer.... mais pas trop tard pour rectifier quelques petites choses de Tâlib@ l'étudiant français d'origine polonaise converti.

Les chiffres dits arabes, sont indiens ! Et ceux qui ont fait l'application "arabe" n'étaient que perses en grande majorité.. celui que j'aime le plus moi c'est Omar Kayyam !

Et sans les grecs... et leur héritage, les arabes ou dits tels n'auraient pas fait grand chose.

Il est bien entendu niais de nier l'importance de leur apport a la culture universelle, mais relativisons, et laissons une fois pour toutes le mythe "arabe" a sa place; celle de gens nommés ainsi principalement par islamisation et la langue de leur religion qui ont pendant un certain temps occupé par l'art de la guerre une place prépondérante dans une partie du monde.

Dirait on que tout est américain ou anglais au motif que la langue scientifique actuelle est l'anglais ?

Gros rire.


20.Posté par Tâlib le 26/11/2010 11:57
As'salam (Paix),

@ José

(sourire) Votre orgueil démesuré vous fait maintenant réagir juste pour réagir. Les tournures que vous utilisez permettent d'entrevoir ce que vous tentiez de dissimuler votre vraie personnalité. Ne vous inquiétez pas, je sais reconnaitre l'apport de chaque culture, et je ne suis pas pour prôner un quelconque "mythe arabe", mais ce n'était pas le sujet, je ne faisais que répondre à un inculte [un de vos semblables peut être ?]

Réctification : "Les chiffres arabes ont été inventé en Inde", ils ne sont pas indiens pour autant, ce sont bien des chiffres que l'ont nomme "chiffre arabes". Ils ont une base en Inde, ce n'est pas faux, mais un développement arabe et chinois d'ailleurs.

Concernant les sciences grecs, ce n'est pas faux non plus, mais les arabes les ont développé de manière rationnelle, ils ont ôter le fait que ces sciences grecs soient définies comme étant en rapport directe avec diverses divinités grecs, tel que dans la science de l'astronomie. Il en est de même pour des sciences chinoises et autres, je n'ai pas exprimé le fait que les arabes avaient créer toutes les sciences, mais qu'il avait une place des plus importante dans les sciences que les non-arabes et non-musulman(e)s ont utilisées ensuite et utilisent encore aujourd'hui, votre orgueil aura interprété mes écrits différemment.

Concernant l'apport des musulman(e)s et des arabes au savoir de l'humanité, et que les occidentaux eux-mêmes ont repris puis (re)développer à leur manière, ce site devrait vous instruire d'avantage : http://www.1001inventions.com/ Il y a aussi un documentaire nommé "L'âge d'or de l'Islam" qui devrait vous intéresser et surtout vous instruire. Sinon, rappelez-vous de l'appellation donnée par exemple à l'Andalousie musulmane, elle se nommait "la capitale universelle du savoir", et à apporter de très nombreuses sciences pour le bien de l'humanité. Je vous invite en même temps à prendre connaissance de cet ouvrage « The 100 : A Ranking of the Most Influential Persons in History » de Michael H. Hart.

Was'salam.

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Ma foi, le droit et moi, c'est quoi ?
Dounia Bouzar
Dounia Bouzar
Vous avez vécu une situation de discrimination liée à votre religion dite « minoritaire » (protestante, bouddhiste, juive, sikh, musulmane…), et souhaitez poser une question sur vos droits et devoirs ? N’hésitez pas à proposer votre cas.

Ancienne éducatrice, docteur en anthropologie, expert européen sur les discriminations, Dounia Bouzar est l’auteure de plusieurs ouvrages liés à des enquêtes de terrain s’intéressant aux musulmans.

Dernière parution : Laïcité, mode d’emploi (Éd. Eyrolles, 2010), explicitant les repères légaux, historiques et psychologiques qui permettent de gérer la diversité religieuse et de mettre en œuvre le principe de laïcité dans les services publics et les entreprises.

Pour Saphirnews, Dounia Bouzar reprend ces situations tirées de son ouvrage, mais ici du point de vue de l’usager ou du salarié.
Alors, n’hésitez pas à la contacter, elle répondra à vos questions (anonymat préservé) :




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