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Economie

Une guerre profitable

Rédigé par Zaïri Rachid | Mardi 15 Avril 2003 à 00:00

           

Au début de l’année, l’administration américaine, soutenue par le Premier ministre anglais Tony BLAIR, avait manifesté son désir d’attaquer l’Irak. Par la suite, des manifestations massives ont eu lieu sur les cinq continents, accompagnées parfois de violence.
Qu’est-ce qui explique, alors, la détermination américaine qui va jusqu’à outrepasser la décision du Conseil de sécurité de l’ONU, en agissant de manière unilatérale, et ignorer l’opinion internationale. Difficile de croire que tous ces sacrifices ont été réalisés pour la 'liberté de l’Irak'.
Il y a derrière ce prétexte un double objectif économique…



Au début de l’année, l’administration américaine, soutenue par le Premier ministre anglais Tony BLAIR, avait manifesté son désir d’attaquer l’Irak. Mais rapidement, elle s’est retrouvée face à un dilemme majeur. D’une part, les Nations Unies (ONU) avaient voté la résolution 1441 consistant à envoyer des inspecteurs afin de vérifier si l’Irak possédait des armes de destruction massive. Au terme des rapports de Hans BLIX et Mohamed BARADEI, rien ne pouvait justifier un recours à la force. D’autre part, l’administration américaine, Tony BLAIR et José M. AZNAR se sont heurtés à l’opinion de la communauté internationale. Des manifestations massives ont eu lieu sur les cinq continents, accompagnées parfois de violence.
Qu’est-ce qui explique, alors, la détermination américaine qui va jusqu’à outrepasser la décision du Conseil de sécurité de l’ONU,  en agissant de manière unilatérale, et ignorer l’opinion internationale. Difficile de croire que tous ces sacrifices ont été réalisés pour la 'liberté de l’Irak'.
Il y a derrière ce prétexte un double objectif économique…


Une politique économique américaine orientée principalement vers le secteur de la défense : un mode de coordination spécifique

Chaque pays possède son mode de coordination. Il s’agit d’un ensemble de structures en interaction permettant à un pays de prospérer. Si la France prospère grâce à sa politique publique, l’Allemagne et le Japon grâce leurs grandes entreprises et l’Italie grâce à son réseau de PME (petites et moyennes entreprises), il faut savoir que la croissance américaine repose essentiellement sur son industrie de l’armement. Ainsi, le budget 2003 des dépenses militaires des Etats-Unis s’élève à environ 400 milliards de dollars contre 198 pour les pays membres de l’OTAN (hors USA), 60 pour la Russie et 42 pour la Chine.
 Les Etats-Unis maintiennent une croissance durable et sortent sans difficulté d’une crise économique majeure en utilisant leur secteur de la défense. Autrement dit, l’industrie de l’armement 'tire' l’industrie civile. Microsoft, IBM, Fedex, Boeing, des agences de communication et même Hollywood font parties des fournisseurs officiels de l’armée américaine.
Par conséquent, si une crise économique atteint les Etats-Unis il lui faut vider ses stocks d’armes pour relancer la 'machine'. Autrement dit, les Etats-Unis doivent trouver un moyen de vendre beaucoup d’armes en peu de temps ou s’en servir considérablement. Dans le premier cas, ils doivent vendre des armes à un pays en guerre. Mais que faire s’il n’y a pas de guerre dans le monde ? Le deuxième cas, qui permet de combler ce manque, consiste à dire que les Etats-Unis sont au cœur d’un conflit armé. Il n’est donc pas étonnant d’identifier la présence américaine dans la plupart des conflits qui se sont déroulés depuis la fin de la seconde guerre mondiale. En effet, les Etats-Unis ont participé indirectement à des conflits armés en vendant des armes lors de la guerre des deux Corée, celle qui a opposé la Russie à l’Afghanistan ou encore celle entre l’Iran et l’Irak dans laquelle ils ont vendu massivement des armes à Saddam HUSSEIN.

Les Américains ont souvent été en guerre : face aux russes lors de la guerre froide mais aussi contre les Vietnamiens, les Irakiens lors de la guerre du golf et d’autres encore. La croissance durable et élevée des Etats-Unis pour la décennie 90 peut être, en partie, expliquée par la guerre du golf.

Pour la période récente, une crise économique depuis le 1er semestre 2001 touche les Etats-Unis . Les instruments d’ajustement interne ne suffisent pas pour résoudre rapidement la situation. Le recours au secteur militaire devient inévitable. Après un 11 septembre douteux, les Etats-Unis entrent en guerre contre l’Afghanistan et contre l’Irak actuellement. Il ne sera donc pas étonnant d’observer pour les prochaines années un retour de la croissance américaine.

Un puissant lobby pétrolier

Au cours des vingt prochaines années, la consommation américaine de pétrole devrait augmenter de 33 %. Les Etats-Unis absorbent déjà 25 % de la production mondiale de brut alors qu’ils ne disposent que de 3 % des réserves de la planète.
En 2001, le déficit de la balance commerciale  énergétique américaine (importations supérieures aux exportations) se chiffrait à 80 milliards de dollars. Et pour répondre à la demande, les Américains vont devoir accroître leurs importations de pétrole, qui représentent déjà près de 60 % de leurs Consommations.

Dick CHENEY, le vice-président américain, est l’architecte de la doctrine pétrolière. Il doit assurer la survie énergétique de son pays sans imposer aux citoyens américains des économies d’énergie (il s’agit d’une promesse faite par le président BUSH avant son élection).

Le Moyen-Orient recouvre les trois-quarts des réserves de la planète. Par conséquent, il est impossible pour les Etats-Unis d’ignorer cette région.
Au cœur de celle-ci, l’Arabie saoudite - désert flottant sur un océan de pétrole, 265 milliards de barils - possède à elle seule le quart des réserves de pétrole mondiale prouvées. L’enjeu est assez puissant pour que les gouvernements successifs des Etats-Unis aient noué une relation forte avec le royaume depuis 1922.
En 2002, 7 000 militaires et 40 000 techniciens entretiennent et protègent les installations pétrolières saoudiennes.
L’état de santé du roi FAHD expose les Etats-Unis à l’incertitude quant à l’avenir des relations bilatérales, sachant que le prince héritier, donc le futur roi, n’approuve pas les Américains. Dick CHENEY se trouve alors sur un échiquier en anticipant au maximum. Déjà, en libérant le Koweït, les Etats-Unis se sont assurés la fidélité d’un des plus gros producteurs de la région avec ses 96,5 milliards de barils.
Les Etats-Unis mènent également une offensive commerciale en Amérique latine considérée comme zone sûre et en Afrique depuis la découverte de 70 milliards de barils en 2001 sur le golf de Guinée.
Une invasion en Irak permet aux américains de contrôler la deuxième réserve mondiale de pétrole (112,5 milliards de barils) et, à terme, de préparer un changement de régime en Arabie Saoudite. L’Irak a longtemps été faiblement ' exploité'. En effet, le pays a connu de nombreuses guerres et un embargo d’une décennie. Avec une production un peu supérieure à 2 millions de barils par jour, le pays reste en sous production proportionnellement à sa capacité. L’intention des Etats-Unis de s’accaparer le pétrole irakien n’est pas difficile à remarquer. Notons premièrement qu’ils sont sur l’initiative du programme d'échange 'pétrole contre nourriture' qui existe toujours après une courte interruption. Deuxièmement, la stratégie américaine a consisté à sécuriser le seul port du pays ainsi que les puits de pétroles et ce même s’il fallait prendre le risque de contourner des villes. L’après-Saddam est déjà programmé. Les Etats-Unis veulent ajuster la production irakienne à 6 millions de barils par jour.

Comment obtenir suffisamment de brut pour satisfaire la consommation américaine des prochaines années et à un prix faible ?
Il suffira que le Moyen-Orient soit sous la tutelle des Etats-Unis et de faire en sorte que se forme un contre poids à la suprématie de l’OPEP (Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole) voire de la marginaliser pour que les Etats-Unis jouent le rôle du monopoleur et donc du 'price maker'.

Pourquoi les médias ne relatent pas tout ce scénario ? Parce qu’il faut savoir que les Etats-Unis financent les médias gouvernementaux et prévoient pour cette année de lancer une chaîne d’information continue en arabe.  





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