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Société

L'excision, une mutilation répandue...

Rédigé par Dramé Ibrahima | Mardi 27 Mai 2003 à 00:00

           

130 millions de filles mutilées, près de 2 millions d’opérations sont effectuées chaque année. Seulement en Egypte, 1300 filles en décèdent chaque année. Hormis les risques sévères de complications, les conséquences physiologiques irréversibles, les cas de stérilité et les nombreuses hémorragies, voilà les chiffres brutaux que nous révèle l’excision. Ces mutilations font partie intégrante de la culture dans près de 28 pays africains, et dans une moindre mesure en Asie et au Moyen-Orient. Longtemps considérée comme un « problème africain », l’excision fait désormais partie de la réalité européenne.



130 millions de filles mutilées, près de 2 millions d’opérations sont effectuées chaque année. Seulement en Egypte, 1300 filles en décèdent chaque année. Hormis les risques sévères de complications, les conséquences physiologiques irréversibles, les cas de stérilité et les nombreuses hémorragies, voilà les chiffres brutaux que nous révèle l’excision. Ces mutilations font partie intégrante de la culture dans près de 28 pays africains, et dans une moindre mesure en Asie et au Moyen-Orient. Longtemps considérée comme un « problème africain », l’excision fait désormais partie de la réalité européenne.

 

Dimanche dernier, Boromo, une ville du Burkina-Faso, accueillait les festivités de la journée nationale de lutte contre l’excision. Jeudi et vendredi derniers, dans la capitale malienne, se tenait un séminaire consacré aux conséquences sanitaires de l’excision, et la présentation de cas de complications. Les voix s’élèvent pour mettre fin à la tradition ancestrale.

 

Une opération accablante

 

L’Egypte est le pays le plus touché par l ‘excision. Elle  concerne près de 91.9% des filles. Selon le ministère de la santé égyptien, plus d’un million de filles sont excisées chaque année. Dans des pays comme le Mali, la Mauritanie ou le Burkina-Faso, l’excision concerne environ 80% des filles en âge de se marier. L’âge de l’excision varie approximativement de 10 ans à 20 ans selon les pays. Mais certaines régions pratiquent l’opération dès les premiers jours de la naissance. « L’opération » dans la forme « la moins  dangereuse » consiste en l’ablation du clitoris à l’aide d’une lame de rasoir par des « chirurgiens barbiers ». « Le bébé à peine né, ses parents l’ont fait exciser » se révolte une habitante de Boromo. La mutilation n’est pas sans conséquences : Sans hygiène, ni anesthésie, sur une zone riche en terminaisons nerveuses, l ‘excision entraîne de sérieuses complications physiologiques. Les cas d’hémorragies conduisant à la mort sont fréquents.

 

Une pratique culturelle ancrée, et difficile à éradiquer.

 

Dans les pays concernés, l’excision est fortement ancrée dans la culture des individus. Dans le contexte africain, l’exciseuse qui hérite de son métier par sa mère jouit de son activité d’une véritable promotion à la fois économique et sociale, ce qui écarte toutes possibilités de reconversion. Les études montrent qu’à l’origine, les hommes sont les initiateurs de cette pratique afin de mieux contrôler la sexualité féminine. Selon certains, la mutilation serait même indispensable afin de maintenir la cohésion du foyer. L’excision aurait donc comme rôle d’atténuer les tensions dans les couples où deux, trois, ou quatre femmes partagent le même mari. Bien que les exciseurs n’existent pas, les hommes participent à la reproduction de cette coutume en refusant d’épouser les femmes non excisées. La mutilation est tout un symbole dans la société africaine: celui de la fertilité, de la fidélité et de l’hygiène. Elle permettrait à la femme d’avoir beaucoup de prétendants : « une femme qui ne l'est pas est impure. Elle ne peut ni se marier ni faire ses prières ». Les individus qui remettraient en cause la pratique ancestrale sont systématiquement mis à l’écart de la communauté.

 

L’excision en France.

 

Suite à l’immigration, l’excision est devenue une réalité dans toutes les grandes villes européennes. Les chiffres sont difficiles à définir, mais sur le sol parisien l’excision est une pratique courante. Souvent, c’est la loi du silence qui règne. Comme dans les pays d’origine, l’excision est pratiquée sans moyens médicaux, certains médecins sont même amenés à soigner des fillettes excisées amenées aux services d’urgences. La France est le pays européen où les cas de condamnations ont été les plus sévères. Parmi les accusés c’est l’incompréhension qui règne. Beaucoup sont choqués à l’issue des procès, certaines exciseuses qui se présentent au tribunal ignorent qu’en France, l’excision est condamnable par la loi. Les condamnations sont ressenties comme une attaque irrespectueuse à leur culture et à leur identité africaine. Les condamnations entraînent l’effet inverse, les plus conservateurs renforcent leurs pratiques culturelles : « ils veulent atteindre notre identité africaine, plus que jamais nous allons préserver nos traditions ». Les voix qui s’élèvent mettent en garde contre ces condamnations. Lorsqu’elles touchent des femmes ne sachant ni lire ni écrire, et n’ayant aucune connaissance de la législation française, où est la nécessité ?

 

Selon certains défenseurs de l’excision, la mutilation trouverait ses fondements dans l’Islam. L’association 'femmes d’aujourd’hui' composée de femmes musulmane dissocie cette pratique de la religion musulmane : « Toutes ces pratiques sont contraire à l’Islam, nous avons étudié ce sujet, l’Islam interdit toute forme de mutilation. Il s’agit de ne pas confondre une culture méditerranéenne ou africaine avec l’Islam »

 

 





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