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Politique

Des élections à la protestante pour le CFCM?

Rédigé par | Lundi 30 Mai 2011 à 11:54

           

A l’approche des élections, le Conseil français du culte musulman (CFCM) fait face à un des blocages institutionnels les plus importants depuis sa création en 2003. L’adoption d’une réforme des statuts est devenue, en quelques semaines, la condition sine qua non pour organiser des élections. Et si la Fédération protestante de France (FPF) offrait l’exemple au CFCM ? Retour sur le fonctionnement du FPF.



Environ 10 000 protestants s'étaient réunis en 2009 au Zénith de Strasbourg pour célébrer leur culte. On estime leur nombre, tous courants confondus, à 1,2 millions de personnes, faisant du protestantisme la troisième religion de France.
Environ 10 000 protestants s'étaient réunis en 2009 au Zénith de Strasbourg pour célébrer leur culte. On estime leur nombre, tous courants confondus, à 1,2 millions de personnes, faisant du protestantisme la troisième religion de France.
Le maintien, à tout prix, des élections du Conseil français du culte musulman (CFCM), malgré les défections de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF) et de la Fédération nationale de la Grande Mosquée de Paris (FNGMP), remet plus que jamais en cause la crédibilité de l’institution.

Le mot d’ordre pour les fédérations « rebelles » : la réforme, ce qui entraînerait de facto un report des élections. « Cela ne fera pas de mal au CFCM s’il les reporte d’ici à un an pour bien préparer une réforme. Si elle est prête en trois ou six mois, tant mieux mais la condition pour la tenue des élections est le changement », nous a déclaré Lhaj Thami Breze, qui ne compte pas briguer un nouveau mandat à la tête du CRCM Ile-de-France par loyauté envers l’UOIF.

« Notre modèle pourrait aussi se calquer sur celui de la Fédération protestante de France (FPF), qui arrive à faire coexister tous les courants dans une même assemblée », a-t-il lâché lors de cette interview.

Une institution unie dans la diversité et en bonne santé

Le protestantisme est en effet la branche du christianisme où l’on compte le plus grand nombre de courants. Entre les luthériens, les réformés, les évangéliques, les baptistes, les méthodistes et les pentecôtistes, les protestants forment une grande famille aux sensibilités complexes et forte de près de 1,2 millions de personnes en France.

Actuellement présidé par Claude Baty, la FPF, qui œuvre pour le rapprochement entre les différentes courants, rassemble la plupart des Eglises (ou Union d’Eglises), institutions et associations protestantes de l’Hexagone. « Ce n’est pas une supra-Eglise. C’est un lieu de dialogue et de services entre les membres », tient à nous rappeler le FPF.

Il n’y a pas autant de sensibilités musulmanes en France. Les fédérations existantes, toutes de mouvance sunnite au CFCM, se définissent davantage par leur appartenance à un pays d’origine - Maroc, Algérie, Turquie, Afrique noire principalement - qu’à un courant de pensée islamique bien précis. Ce qui devrait être une force - l'unité dans le culte - s’est ainsi rapidement transformée en faiblesse, chaque Etat souhaitant (officieusement) avoir sa part de gâteau pour diriger l’islam en (ou de) France et obtenir le leadership.

Un fonctionnement fédératif

A vue d’œil, le fonctionnement de la FPF ne semble pas si différent de celui du CFCM. L'Assemblée générale, composée des représentants de quelques 110 Eglises et associations membres, se réunit tous les ans pour déterminer les grandes orientations et élire les 25 membres du Conseil. Ces derniers sont chargés d’élire en son sein le bureau exécutif, son président et d’appliquer la politique décidée lors des AG pendant leur quatre années de mandat. Chaque membre de la FPF est représenté en fonction de son influence et de sa taille, du nombre de paroissiens et de sa contribution au budget de la Fédération. Ainsi, chacun s’y retrouve.

Quant aux décisions, elles sont prises à la majorité absolue. Nul besoin de dire qu’une prise de position telle que celle du Rassemblement des musulmans de France (RMF), qui souhaite à tout prix maintenir les élections malgré les « non » de ses partenaires du CFCM, serait impossible à tenir au sein de la FPF.

Malgré la création des CRCM et les efforts déployés pour être présent sur le terrain, l'instance nationale est encore loin de refléter la réalité vécue par les musulmans de France. Peu connaissent le CFCM et son utilité et nombreuses sont les associations et les mosquées de France qui préfèrent rester indépendantes, loin de toute forme de politique.

La longévité, la clé du succès ?

Le tableau dressé du FPF semble idyllique. C’est sans compter un avantage de poids qui explique le bon fonctionnement de l’institution : son expérience centenaire. Car la FPF a été fondée en octobre 1905, peu avant la loi concernant la séparation des Églises et de l'État.

Les débuts de la Fédération n’ont d’ailleurs pas été très glorieux. Les défis à relever étaient aussi grands que les divisions internes régnant entre les protestants. Il a fallu bien du temps pour voir la FPF acquérir une stabilité et devenir une solide institution auprès des pouvoirs publics et de ses fidèles.

Face à elle, le CFCM n’est qu’un nouveau-né. Et si tout n’est qu’une question de temps pour voir se renforcer l’instance et devenir légitime aux yeux des musulmans ? Les responsables des fédérations musulmanes doivent sérieusement revoir leurs méthodes dès à présent et ne pas hésiter à s'appuyer sur des expériences passées pour parfaire leur avenir en France ainsi que celui du CFCM sous peu que celui-ci ne disparaisse de la circulation.



Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur



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