Ramadan

De l’élection présidentielle à la guerre en Ukraine, un Ramadan 2022 au goût particulier

Rédigé par | Vendredi 1 Avril 2022 à 15:00




Quand débute le mois du Ramadan 1443/2022 en France ? La date est désormais connue.

Après deux Ramadan consécutifs dont les pratiques ont été bouleversées par une crise sanitaire sans précédent, un retour à la normale s'opère en matière d'organisation des lieux de culte, en l'occurrence des mosquées, depuis la levée de la plupart des restrictions sanitaires en mars. Plusieurs responsables de mosquées que Saphirnews a pu interroger ces dernières semaines se réjouissent d'un retour à la pleine capacité de leur lieux de culte qui sont importants à faire vivre pendant le mois de jeûne.

Si la situation sanitaire s’est considérablement améliorée, faut-il toutefois faire comme si de rien n’était ? Notre sens des responsabilités – auquel souscrivent une majorité des responsables religieux – nous conduit à dire aussi, comme en 2021, qu'il faut demeurer vigilant car la France n’est pas à l'abri d'un rebond épidémique suffisamment important pour entraîner des conséquences néfastes pour nos soignants et nos hôpitaux.

Maintenant, très clairement, le Covid-19 en tant que tel n'est plus, à l'heure actuelle, une préoccupation première des Français, musulmans compris. Le curseur des priorités s'est déplacé ailleurs. Deux sujets vont, à coup sûr, s'inviter aux tables du Ramadan : l’élection présidentielle et le pouvoir d’achat lié à la crise ukrainienne.

Un Ramadan à l'heure présidentielle

D’abord, le scrutin présidentiel puisque ce rendez-vous majeur de la vie politique française a lieu en pleine période du Ramadan. Il sera l'occasion de discussions plus ou moins animées, plus ou moins agitées, en famille ou entre amis, comme peuvent l'être les discussions pendant les repas de Noël et de Réveillon. Vont-elles pour autant participer à un regain de la participation électorale ? Pas sûr même si elle doit être souhaitée ; jamais le risque de l’abstention n’aura été aussi grand pour une élection présidentielle.

Il apparaît clair que la campagne est globalement la moins marquée des dernières décennies par la question « islam », trop souvent l'objet de débats publics nauséabonds du fait de son instrumentalisation éhontée par des candidats. La guerre en Ukraine a, en toute logique, pris le pas sur cette question, comme tant d'autres, ce qui n'est pas pour déplaire aux musulmans de France. La satisfaction ne peut être qu'amère au regard de la tragédie humaine qui se joue aux portes de l'Europe.

La crise alimentaire guette

L'actualité ukrainienne, qui occupe les devants de la scène médiatique depuis fin février, va aussi être au menu des iftars, moins pour des raisons humanitaires auxquelles il nous faut pourtant être sensibles que pour ses conséquences directes sur la vie quotidienne des Français. Le conflit russo-ukrainien a en effet de lourdes répercussions sur le pouvoir d'achat des populations avec la hausse des tarifs de l'énergie, des carburants et des denrées alimentaires.

Un sujet auquel sont évidemment sensibles les ménages musulmans à l’heure du Ramadan, rythmé par une certaine frénésie des achats qui mène souvent à une surconsommation alors même que la pratique du jeûne appelle à la sobriété et au partage. La flambée des prix, qui perturbe les préparatifs du Ramadan, devrait amener des familles à revoir leurs habitudes pour des raisons infiniment terre à terre, avant tout économiques. Mais la situation devrait tout aussi être l'occasion de renouer avec l'esprit spirituel et philosophique du Ramadan, ne serait-ce qu'en solidarité avec les populations précaires et en proie aux guerres.

Si l'inflation bouscule les ménages en France, le phénomène entraîne des conséquences bien plus lourdes dans les pays moins développés où les craintes d'une crise alimentaire à grande échelle est forte. La dramatique envolée des prix liée aux pénuries est une source d'instabilité auquel les gouvernements sont confrontés. L'histoire nous montre les dégâts des colères de la faim générées par l’insécurité alimentaire, en particulier en Afrique.

« Comme dans toute crise, ce sont les plus pauvres et les plus vulnérables qui sont les plus durement touchés, et dans notre monde globalisé, l’impact de ce conflit se répercutera sur tous les continents », relève Gilbert Houngbo, président du Fonds international de développement agricole (FIDA) pour qui « mettre fin au conflit maintenant est la seule solution ». Le mois de jeûne sera l'occasion pour des millions de musulmans d'élever des prières pour la paix et la sécurité.

L'équipe de Saphirnews adresse dès à présent à tous ses lecteurs ses meilleurs vœux pour le Ramadan 1443/2022.

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Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur