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Monde

Adieu président

Le Gabon perd son président et la France un grand allié

Rédigé par Haroun Ben Lagha | Mardi 16 Juin 2009 à 09:00

           

Le lundi 8 juin disparaissait Omar Bongo, deuxième président du Gabon, mais aussi très grand francophile. Que laisse-t-il au peuple gabonais après un règne qui aura duré près de quarante-deux ans ?



Une première annonce le dimanche, aussitôt démentie par le gouvernement gabonais, puis une seconde, le lendemain : Omar Bongo est mort. Grand ami de la France et familier des chefs d'État français, Omar Bongo Ondimba, né Albert-Bernard Bongo, est décédé deux mois seulement après son épouse Edith, fille aînée de l'actuel président du Congo, le général Denis Sassou Nguesso.


Le doyen des chefs d'État africains aura régné pendant plus de quarante ans.
Le doyen des chefs d'État africains aura régné pendant plus de quarante ans.
Issu d'une famille d'agriculteurs, le jeune Omar Bongo est né dans la province du Haut-Ogooué, en 1935. A l'age de 7 ans il est orphelin de père. Il fera ses études au Congo Brazzaville, avant d'effectuer son service militaire. Il rejoint ensuite les services secrets français et rallie enfin l'entourage du futur président du Gabon, Léon Mba, dont le règne va durer de 1961 à 1967.

Des obsèques nationales ont lieu aujourd’hui en présence de nombreux chefs d’État et de gouvernement. Ainsi Denis Sassou Nguesso, président du Congo-Brazzaville et beau-père du défunt, sera présent. Idriss Deby, le président tchadien, fera le déplacement au même titre que Nicolas Sarkozy.

Le corps d’Omar Bongo est arrivé jeudi à Libreville. Le président était en effet hospitalisé en Espagne, pays où il s’est éteint. Sa dépouille a reçu durant une semaine les hommages du peuple gabonais. L’inhumation aura lieu jeudi à Franceville, chef-lieu de la province natale d’Omar Bongo. Les autorités ont décrété un deuil national de trente jours.

Françafrique : l’amour toujours

La succession du président disparu est-elle synonyme de changement ? Et si changement il y a, la Françafrique va-t-elle en pâtir ?

Le Gabon reste en effet l’un des plus grands bastions de ce pays aux frontières indéterminées depuis un demi-siècle, et que l’on appelle Françafrique. Les relations entre l’Hexagone et ses anciennes colonies d’Afrique subsaharienne ont toujours été privilégiées. Le président Bongo, lui-même ancien agent des services secrets français, a été l’un des plus fervents défenseurs de la collaboration franco-africaine.

Les intérêts français au Gabon sont nombreux : le pays recense plus de 80 filiales d’entreprises françaises et abrite en permanence plus de 10 000 expatriés venus de France. Le volume d’emploi des entreprises françaises au Gabon est conséquent : environ 15 000 travailleurs.

La France, outre des fleurons industriels tels que Total ou encore Veolia, entretient sur le territoire gabonais sa plus grande base militaire africaine, avec un effectif de 1 000 hommes.

Sur le plan politique, les liens sacrés du mariage restent forts entre Paris et Libreville, au vu, notamment, de l’affaire du financement de la campagne présidentielle de Jacques Chirac, par le président Bongo, au début des années 1980. Il n’est donc pas étonnant que les démarche en justice, entamées à l’encontre du président Bongo dans la délicate affaire des bien supposés mal acquis, aient eu autant de mal à aboutir, étant donné l’histoire d’amour que vit le Gabon avec son ancienne puissance tutélaire.

De même, certains supposent que Jean-Marie Bockel, maire de Mulhouse, a été évincé du secrétariat d'État à la coopération, parce que les propos qu’il avait tenus à l’égard de la Françafrique auraient fortement déplu au président Bongo.

Ali Ben Bongo, 50 ans, aujourd'hui ministre de la Défense, succédera-t-il à son père ?
Ali Ben Bongo, 50 ans, aujourd'hui ministre de la Défense, succédera-t-il à son père ?

Successeur ou héritier ?

La question de la succession du président défunt se pose alors, et la France ne sera peut-être pas étrangère au choix des candidats. Mais après que le président Bongo est resté plus de quatre décennies au pouvoir, est-il bien utile de se demander qui sera le prochain chef de l’État gabonais ?

Il s’avère en effet que l’actuel ministre de la Défense du Gabon n’est autre qu’Ali Ben Bongo, le fils aîné d’Omar Bongo. Celui-ci est donc naturellement pressenti pour assurer la succession de son père.

Durant les quarante-cinq jours d’intérim, prévus par la Constitution gabonaise, la présidente du Sénat Rose Francine Rogombé, désormais à la tête du pays, va tenter d’organiser les prochaines élections.

Les politologues, eux, sont globalement d’accord sur les noms des possibles successeurs d’Omar Bongo.

Si ce n’est pas Ali Ben Bongo, ce sera sans doute Paul Toungui qui prendra les rênes du pays. Contrairement à ce qu’indique le nom de ce dernier, celui-ci n’est pas étranger à la famille : Paul Toungui est le gendre et le ministre des Affaires étrangères du président aujourd’hui disparu.

Et l’opposition alors ? Celle-ci semble beaucoup trop timide pour s’imposer, étant donné la prééminence du parti quasi unique au Gabon : le PDG (Parti démocratique gabonais), fondé par Omar Bongo lui-même, à la fin des années 1960, est resté le parti unique jusqu’en 1990.

À n’en pas douter, la famille Bongo n’en a pas fini avec les plus hautes sphères du pouvoir gabonais. Il y a donc fort à parier que le changement ne soit pas pour demain.




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