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Communiqués officiels

APPEL AUX CITOYENS DE FRANCE

Rédigé par Cedetim | Mardi 16 Décembre 2003 à 00:00

           

Le gouvernement de la République envisage d'adopter une loi qui sous couvert du combat pour l'égalité entre les hommes et les femmes vise en réalité à interdire aux jeunes filles portant le voile l'accès à l'enseignement public.



Le gouvernement de la République envisage d'adopter une loi qui sous couvert du combat pour l'égalité entre les hommes et les femmes vise en réalité à interdire aux jeunes filles portant le voile l'accès à l'enseignement public.

Rappelons avant toute chose qu'en France les lois ne sont ni de droit divin, ni de droit naturel, ni le fait d'un prince ou d'un président, elles résultent au contraire d'un travail de maturation associant toutes et tous dans la perspective de garantir un vivre ensemble le plus serein possible. Cessons donc de faire comme si le débat était d'abord affaire d'opinions ou affaire du bon vouloir d'un président. Car dans une société démocratique, la fonction première d'une loi vise à garantir la liberté de chacun dans le respect des autres, elle ne vise pas à diviser la communauté nationale en sous catégories assujetties à une loi spécifique.

Cette loi en préparation n'est pas opportune et nous, femmes et hommes épris de liberté et de justice nous n'y sommes pas favorables.

Il est vrai qu'aujourd'hui des femmes et des jeunes filles portent le voile, certaines le subissent, d'autres le revendiquent et s'affirment comme citoyennes ayant des droits et entendant les exercer. Elles le font dans des termes nouveaux, développant ainsi des stratégies qui au mieux déconcertent, au pire épouvantent.

Nous assistons, c'est un fait, à un retour en force du patriarcat dans un contexte de paupérisation croissante des femmes spécialement celles de conditions sociales modestes et, ou, étrangères.

Soyons clair(e)s nous ne sommes pas favorables au port du voile ni à l'exclusion des femmes qui le portent. Nous ne sommes pas non plus naïves, nous savons que des forces obscures religieuses, économiques et politiques travaillent nos sociétés en profondeur. Or, la tendance actuelle est de répondre à ces reculs par des dispositifs législatifs sécuritaires qui répriment et réduisent ainsi les libertés individuelles de toutes et de tous en lieu et place de projets politiques émancipateurs et dynamiques.

La question centrale porte sur les moyens à mettre en œuvre pour combattre ces reculs et dans quelles perspectives le faire.

L'histoire du féminisme nous éclaire sur la méthode en nous rappelant que jamais les femmes n'ont gagné en adoptant une position de magistère moral dans leurs combats. C'est au cœur des situations concrètes et du jeu des libertés qu'elles ont dessiné et inventé des perspectives émancipatrices, contournant quelquefois les lois en vigueur lorsque celles ci faisaient de la victime la coupable, dénonçant ainsi une des postures favorites du patriarcat, qui culpabilise la victime surtout lorsqu'elle est femme. Dans cette logique dominatrice, ce sont de nouveau les femmes que l'on punit et le plus étrange c'est que cette logique est actuellement portée par des femmes se revendiquant d'un féminisme dans lequel nous ne nous reconnaissons pas.

Ce ne sont pas par les solutions simplistes nourries par un débat public caricatural qui somme chacun d'entre nous de choisir son camp, que nous répondrons à la complexité des questions qui se posent à nous aujourd'hui. Nous refusons de répondre aux radicalismes ambiants par un autre radicalisme.

Nous sommes convaincues que c'est dans le dialogue exigeant entre tous et toutes, toutes origines sociales, culturelles et cultuelles confondues, que nous pouvons inventer une voie qui ' dévoile un nouveau vivre ensemble '. Notre République n'a rien à craindre de celles et de ceux qui en sont les forces vives, elle a toutes les capacités à relever ce défi.


Premiers signataires :
Monique Crinon, co-présidente du CEDETIM, Hamida Ben Sadia, Administratrice de la Fédération Nationale Léo Lagrange, Mireille Mendès France, Marine Gacem, Marie Antonelle Joubert, militantes associatives, Gustave Massiah, CEDETIM, Gilles Lemaire, secrétaire national des Verts, Nassera Dutour, porte-parole du Collectif des familles de disparu(e)s en Algérie, Mona Chollet, journaliste, Amel Dahmani, médiateur culturel, Eric Lafon, Bahija Ben Hiba, présidente de Femmes Citoyennes des Deux Rives, Sonia Bressler, rédactrice en chef de Res Publica et co-fondatrice de Féminin-Masculin, Coumba Traoré, déléguée générale de la LLSI, Nordine HENNI, Ancien Conseiller Municipal de Dunkerque, Laurence Malegat, physicienne au CNRS, Mehdi MOSBAH, réfugié politique algérien en France, Laure Bereni, doctorante en sociologie, Olfa Lamlou, enseignante à l'université de Paris 10 Nanterre, Sandrine Bertaux, Columbia University, Jean-Moïse Braitberg, membre du bureau national de l'Union Juive Française pour la Paix, Julien Haution, étudiant, Marylene Lieber, doctorante en sociologie, Ricardo Coronado, enseignant à Paris-VIII, Akli Melouli, Conseiller municipal à Bonneuil, Fabrice Métayer, militant associatif, Jànos Borovi, enseignant en ZEP, adhérant SUD-Education, Florent Schaeffer, militant associatif, Jean-Luc Vayssière, Directeur d'Etude à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes, Laurent Lévy, avocat, Catherine Samary, universitaire, Anne-Marie Bonnisseau et Bernard Elman, enseignants au Lycée autogéré de Paris, Tarek Benhiba, Fédération des Tunisiens Citoyens des deux Rives, Edith Pageaux, étudiante à Saint-Etienne, Jérémie Nollet, doctorant en science politique à Lille-2, Jacques Julien, anthropologue, Samuel Wahl, journaliste, Martina Avanza, doctorante en sciences sociales à Paris, Jean-Pierre Dubois, vice-président de la LDH, Patlotch, écrivain, Luc Comeau-Montasse, enseignant au Collège de Jarny, Emmanuel Videcoq
secrétaire de rédaction, Laurence Pierrepont, enseignante, Pascal Levoyer, enseignant, Marie-Claude Saliceti, L'Azize Hebbouche, formateur et militant associatif, Dan Lert, militant politique (Verts 19e), Horia Kebabza, doctorante en sociologie, Véronique Dubarry, conseillère de Paris (Groupe Les Verts), Frédérique Pressmann, réalisatrice, Marc Prunier, technicien de la fonction publique d'Etat et militant, Marie-Laure URVOY, coordinatrice associative, Yves Sintomer, professeur de sociologie, Université Paris 8, Ali El baz, coordinateur de l'Association des Travailleurs Maghrébins de France

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