Connectez-vous S'inscrire

Votre revue de presse

Stéphane Hessel : « Un véritable crime contre l’humanité » à Gaza

Stéphane Hessel s’entretient avec Swiss Info, 5 janvier 2009

Rédigé par La Rédaction | Jeudi 8 Janvier 2009 à 20:47

           

Stéphane Hessel est un diplomate, ambassadeur, ancien résistant et déporté français, qui a notamment participé à la rédaction de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme de 1948.



Stéphane Hessel à la manifestation de Paris du 03/01/2009
Stéphane Hessel à la manifestation de Paris du 03/01/2009
Stéphane Hessel : En réalité, le mot qui s’applique - qui devrait s’appliquer - est celui de crime de guerre et même de crime contre l’humanité. Mais il faut prononcer ce mot avec précaution, surtout lorsqu’on est à Genève, le lieu où siège un haut commissaire pour les Droits de l’Homme, qui peut avoir là-dessus une opinion importante.

Pour ma part, ayant été à Gaza, ayant vu les camps de réfugiés avec des milliers d’enfants, la façon dont ils sont bombardés m’apparaît comme un véritable crime contre l’humanité.

Ce terme, vous osez le prononcer ? C’est la disproportion qui vous choque, entre les roquettes palestiniennes et une offensive terrestre massive ?

C’est l’ensemble du comportement. C’est naturellement la disproportion, vous avez raison de le souligner... Une terre densément peuplée, la plus dense du monde probablement, sur laquelle on frappe avec des instruments militaires qui ne peuvent pas faire la différence entre les militaires et les civils. D’ailleurs il n’y a pas de militaires, il n’y a que des civils à Gaza - des militants peut-être, mais sûrement pas une armée.

Donc c’est une armée, l’une des plus puissantes du monde, qui s’attaque à une population qui n’a vraiment pas de défense. Ca, c’est typiquement un crime de guerre.

A quoi peut aboutir cette offensive ?

C’est le plus grave. On a bien l’impression que, une fois de plus, des militaires essayent de mettre un terme à l’activité de guérilla. Nous avons vu que dans tous les cas de figure récents dans le monde, que ce soit le Vietnam, la Tchétchénie ou quoique ce soit d’autre, il n’y a pas de solution militaire. La solution, c’est la négociation.

Ce qui se passe en ce moment au Caire est extrêmement important. Il faudrait que les dirigeants israéliens se rendent compte qu’à ne pas accepter une négociation et un cessez-le-feu, et une négociation pour la paix, ils font un tort immense à leur pays, et aussi à leur armée. Tsahal avait la réputation d’être une armée honorable. Elle ne l’est plus lorsqu’elle frappe sur des gens sans défense.

C’est également le spectre de l’échec en 2006 au Liban qui revient, et pourtant de nombreuses résolutions depuis de nombreuses années, ont été prises notamment au Conseil de Sécurité de l’ONU, mais jamais appliquées pour quelles raisons selon vous ?

Parce que l’Etat d’Israël, depuis des décennies, a réussi à berner sa population. A faire croire à sa population que l’Etat était en danger, que sa sécurité était à chaque instant menacée, et que pour cela il ne fallait ne tenir aucun compte de ce que pense la communauté mondiale, et s’assurer en tout cas de l’appui de l’Etat évidemment le plus puissant à l’heure actuelle, les Etats-Unis. Nous ne pouvons qu’avoir un espoir, c’est qu’avec l’arrivée au pouvoir de Barack Obama, les Etats-Unis cesseront d’apporter un soutien inconditionnel et dramatique à un Etat qui continue à violer les résolutions internationales.

b[Mais le choix de la violence, [provient du fait] que la blessure de la seconde guerre mondiale et de la Shoah n’est pas refermé...]b

Oui, c’est évidemment ce qui permet à un gouvernement qui lui n’a plus rien à voir avec cette Shoah, et qui n’est plus composé de victimes potentielles de cette Shoah... que ce gouvernement puisse s’appuyer sur ce souvenir dramatique, auquel nous sommes tous extraordinairement sensibles, moi tout le premier. C’est l’horreur, absolue commise par les nazis. Mas cela ne doit pas permettre à un Etat d’Israël, actuellement le plus puissant de la région, de violer impunément toutes les règles internationales.

Vous êtes très sévère avec l’Etat d’Israël, Stéphane Hessel... Jusqu’à maintenant le chemin vers la paix c’était deux Etats côte à côte, un Etat Palestinien et un Etat Israélien. Est-ce encore possible, ce partenariat avec les Palestiniens ?

C’est la seule solution. Elle est rendue de plus en plus difficile, au fur et à mesure que s’accumulent de part et d’autre, soit le mépris et l’humiliation, soit la haine. Il faut que cette accumulation cesse le plus vite possible, et alors, au nom de ce que l’histoire nous a appris sur la possibilité du pardon - nous l’avons éprouvé, nous européens, et dans d’autres pays, en Afrique du Sud aussi - il faut avoir hâte que cette possibilité de pardon et de solidarité dans un Proche-Orient pacifique puisse être rétablie.

Publication originale le 7 janvier 2009 sur SwissInfo (audio), transcription Contre Info




Réagissez ! A vous la parole.

1.Posté par Daniel Meyer le 09/01/2009 11:35 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler
Ancien collaborateur de Bernard Stasi, je souhaite témoigner à monsieur l'Ambassadeur Stéphane Hessel, mon profond respect et mon admiration.
Ce faisant, je souhaite, non pas parler au nom de Bernard Stasi qui le fait autant que la santé lui permet, mais dire que les positions prises par monsieur l'ambassadeur sur le drame de la bande de Gazah, ne seraient pas reniées par l'ancien président de l'Association Mondiale des Villes Jumelées et l'humaniste, auteur entre autres de l'ouvrage courageux " l'immigration, une chance pour la France"

2.Posté par bleck le 09/01/2009 21:03 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler
Monsieur Stéphane Hessel est un grand Monsieur et il apparait d'autant plus grand que peu d'hommes ont sa franchise. Il s'exprime avec humanité, une valeur essentielle piétinée par tous ceux pour qui l'autre est un ennemi.

3.Posté par PIERRE le 16/01/2009 16:41 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler
la blessure de la seconde guerre mondiale et de la Shoah n’est pas refermé...Il est vrai que cette blessure n'est pas refermé mais ne se refermera pas de sitôt avec le matrage médiatique de la Shoa. Il y a bien longtemps que l'on ne parle plus des gitans dont la moitié de la population a péri dans les camps de concentrations et toujours sans aucun dédomagements. Les 16 millions de slaves russes et polonais, les 3 millions de russes massacrés dans les mêmes conditions ne font pas l'objet d'un tel matraquage. Jean-Paul II nous l'a rappelé lors de son voyage à Miami mais c'est une voix dans le désert. Ils sont 50 millions a avoir été massacrés par les nazis mais nous avons depuis longtemps oublié les autres. Il serait temps que toutes les races et ethnies subissent la même justice.

4.Posté par Pouf Badaboum le 19/01/2009 16:04 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler
Source : quotidien d'Oran

Stéphane Hessel au Quotidien d'Oran : « Pas de sortie de crise sans une discussion avec le Hamas »

par Interview réalisée à Paris, par S. Raouf

«Citoyen sans frontières», Stéphane Hessel n'en finit pas avec les engagements (1). A bientôt 92 ans, il continue à donner de la voix chaque fois que la justice est agressée et le droit mis à rude épreuve. Résistant au nazisme, déporté dans les camps nazis, ce diplomate de carrière - il a été numéro deux à l'ambassade de France à Alger à la fin des années soixante - milite pour un monde pacifié, juste et solidaire.

Artisan, aux côtés d'autres, de la Déclaration universelle des droits de l'homme, il a été de tous les combats qui ont jalonné l'histoire contemporaine. Adversaire du nazisme, anticolonialiste, tiers-mondiste exigeant, défenseur des sans-papiers, humaniste en «croisade» permanente contre la misère, l'injustice et la faim. Fidèle à une ligne de conduite vieille de plusieurs années, il oeuvre en faveur du droit des Palestiniens à avoir leur Etat. Et dénonce, sans jamais faillir, la politique d'Israël. Le Quotidien d'Oran est allé à sa rencontre à son domicile parisien. Stéphane Hessel était accompagné, pour la circonstance, de son épouse, Christiane Hessel, née Chabry. Depuis 1987, date de leur mariage, les Hessel dédient des heures de leur quotidienneté aux causes justes.

Le Quotidien d'Oran: Dans une interview à un média suisse au lendemain du déclenchement de l'offensive terrestre de Tsahal contre ...  


SOUTENEZ UNE PRESSE INDÉPENDANTE PAR UN DON DÉFISCALISÉ !