Connectez-vous S'inscrire

Points de vue

Les mots piégés du débat républicain : à l’assaut du mot « universalisme »

Rédigé par Pierre Henry | Mercredi 12 Janvier 2022 à 11:00

           

Les mots qui fâchent, les mots du vocabulaire politique, souvent mal connus, employés de manière inappropriée, instrumentalisés sont nombreux. Ils se répètent et se buzzent en réseaux, confortant postures et partis pris. Ils font débat et nous divisent. Ce sont les mots piégés du débat républicain. Ces mots, nous allons les déminer, les expliquer ou simplement vous permettre de mieux les connaître. Le mot du jour ici décrypté : l’universalisme.



Aujourd'hui, c'est le mot universalisme républicain qui est sur la sellette. Si je vous demande ce qui est pour vous universel, certains me répondront l'amour, d'autres diront couscous ou pizzas - des plats qui ont conquis tous les estomacs de la planète. D'autres encore répondront football, parce que les arabesques du ballon rond se comprennent partout dans le monde. L'amour, le foot, le couscous, la pizza ont vocation à s'étendre à l'universel.

Universel du latin, universus, signifiant « tout entier », considéré dans son ensemble et qui qualifie depuis l'an 1200 : ce qui s'étend à la terre entière. Tout va bien. Enfin, pas tout à fait. C'est lorsque l'on accole « universel » à « républicain », du latin respublica, la chose publique qui désigne l'intérêt général, que ça coince parfois. Certains voient dans ce mot une promesse non tenue. L'universalisme républicain, c'est cette philosophie politique née au 18e siècle, celui de la Révolution française, qui donne à l'ensemble des citoyens des droits identiques, quels que soient les particularités culturelles ou religieuses de chacun.

Le droit à une égalité totale ? J'en vois certains dubitatifs devant leur café. Mais l'égalité réelle, elle est où ? Elle n'est pas là, aux pieds des quartiers. Même si l'accès à la santé, à la Sécu, à l'école pour tous et toutes est quand même là. L'égalité ? Juridiquement, nous sommes tous égaux. Égaux ! Mais rien n'est acquis, donné. Il faut se bouger et se rappeler l'histoire, se souvenir qu'en fonction des contextes, cet universalisme évolue et que sous la pression du collectif, le droit bouge.

Tiens, prenons l'exemple du suffrage universel. Né en 1792, c'est la reconnaissance du droit de vote à l'ensemble des citoyens. Ouais, enfin, pas vraiment. Les femmes en France ont dû attendre 1944 pour pouvoir voter. Mais n'est-ce pas au nom de cet universalisme que d'aucuns, au cours de la Troisième République et après, ont justifié l'aventure coloniale ? Dévoyé, ce fut alors un instrument d'oppression. Mais par les conquêtes démocratiques qu'il inspire, l'universalisme est aussi un instrument de libération. Il y en a beaucoup de par le monde qui rêvent d'avoir le droit à une égalité totale devant la loi, faisant fi des distinctions sociales du genre de la couleur de peau.

Alors attention aux caricatures. L'universalisme républicain ne nie pas les différences, n'amène pas à penser de manière uniforme. Il est toujours un instrument de combat au service de l'égalité, partout dans le monde.

Après être revenu sur l'origine du mot « universalisme » et sa balade dans l'actualité, un spécialiste nous aide à y voir encore plus clair. Ici Paul Baquiast

*****
Pierre Henry est le président de l’association France Fraternités, à l’initiative de la série « Les mots piégés du débat républicain », disponible également en podcast sur Beur FM.




Réagissez ! A vous la parole.

1.Posté par francois.carmignola@gmx.com le 17/01/2022 20:03 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler
La notion d'égalité "réelle" fait fi de ce qui motiva la révolution (et cela en fut une) de l'égalité qui concernait d'abord et surtout l'inégalité structurelle d'une société d'"ordres" qui rendait impossible certaines relations interhumaines.
Car l'égalité de la devise est d'abord symbolique (bien plus que juridique) et affirme pour toujours que rien ne peut distinguer en droit, considération ou expression deux hommes ou femmes (cette égalité-là fut ajoutée un peu plus tard, mais en fait bien partie).

Impossible de la confondre avec l'inégalité sociale que rend possible précisément l'égalité symbolique, car tout projet de vie peut précisément avoir lieu de la part de quiconque et peut donc "distinguer" de par la seule volonté et le seul mérite et non pas par la naissance ou le désir du prince...

L'égalité sociale, d'autre part, ne peut être confondue avec l'amélioration des conditions de vie individuelles, liées globalement à la prospérité générale, qui se doit d'être encouragée et donc récompensée...

2.Posté par Rond LEDARON le 19/01/2022 16:46 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler
L'avènement de "l'homme nouveau" ,issu d'une révolution maçonnique ,utopie chimérique sortie de cerveaux malades ,restera dans l'Histoire humaine comme une incongruité folklorique.

3.Posté par Abdoulaye le 19/01/2022 19:18 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler
L'universalisme c'est la façon élégante de nommer la toute puissance du mâle occidental et la défense de ses intérêts supposés être ceux du monde entier.

4.Posté par francois.carmignola@gmx.com le 20/01/2022 21:28 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler
@ledaron L'"homme nouveau" c'est plutôt de Saint Paul: à l'image du Christ, ressuscité...
Le concept a eu des effets autres que folkloriques dans l'histoire.
Vous devriez lire davantage.

@abdoulaye : vous avez tort de laisser de côté la femelle occidentale, toute aussi vicieuse, et qui veut imposer la minijupe à toutes !

5.Posté par Abdoulaye le 21/01/2022 00:05 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler
@ François l
La femme occidentale est malheureusement aussi victime du mâle occidental qui adore les femmes objets en mini-jupe, et si possible ayant des implants mammaires pour satisfaire ses fantasmes.
L'universalisme français soit disant libérateur n'a eu de cesse que de considérer les françaises comme des crétines incapables de voter . Et durant les 70 années qu'a duré la 3ieme République, les francaises sont restées des personnes de second ordre.
Merci à la seconde guerre mondiale, sinon les mini jupes ne voteraient toujours pas.

6.Posté par Rond LEDARON le 24/01/2022 20:07 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler
@françois,
Ta mémoire sélective qui ne peut que te nuire n'enlève rien aux données factuelles que tu zappes.
https://www.persee.fr/doc/dhs_0070-6760_1988_num_20_1_2866

Sors un peu de ta zone de confort ,pour libérer ton esprit....:)

7.Posté par Premier janvier le 02/03/2022 20:19 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler
Dans univers il y a un.
Un dont nous sommes le centre. Lol.


SOUTENEZ UNE PRESSE INDÉPENDANTE PAR UN DON DÉFISCALISÉ !