Connectez-vous S'inscrire

Ramadan

Les bienfaits du mois de Ramadan

Rédigé par Dialogue avec Shaykh Zakaria Seddiki | Mercredi 31 Juillet 2013 à 00:00

           

En 2006, cheikh Zakaria Seddiki* répondait aux questions des internautes lors d'un tchat (débat interactif) organisé par Saphirnews au sujet du jeûne du mois de Ramadan. Les réponses apportées nous éclairent toujours autant.



Les bienfaits du mois de Ramadan

Hassan : Père de trois enfants auxquels j'ai expliqué les fondements du jeûne du mois de Ramadan, je me demande à quel âge un enfant peut et surtout doit commencer la pratique du jeûne ?

Zakaria Seddiki : Il n'est pas obligatoire pour un enfant de jeûner. L'âge de la responsabilité commence dès la puberté.

Stéphane : Pourriez-vous me promulguer vos conseils afin d'effectuer mes premiers pas islam ? Comment puis-je profiter pleinement des bienfaits du mois béni de Ramadan ?

Zakaria Seddiki : Tout d'abord, je souhaiterai vous féliciter pour votre cheminement et j’invoque Dieu pour qu’il vous accorde sa grâce et vous donne la patience et vous demande de prier pour moi. Mon frère, sache que Dieu nous aime, et qu’il n’a pas besoin de nous châtier, remplis ton cœur par son amour, et l’espérance de sa générosité. Frappe à sa porte dans l’intimité de la nuit. Applique-toi à le satisfaire en remplissant tes devoirs sur la base du savoir et de la connaissance auprès des savants.

Daouda : Pourquoi devons-nous faire le Ramadan ? Comment comprendre ''connaissez-moi avant de m'adorer" ? Nos filles ont plus de 15 ans et vivent encore sous notre toit, sommes-nous toujours responsables d'elles devant Dieu ? A combien de minutes avant le fajr peut-on cesser de manger avant de commencer son jeûne ?

Zakaria Seddiki : Certes, jeûner est un acte d’adoration, d’où l’importance de connaître Dieu, notre adoré. Mais personne ne connaît réellement, la Vérité divine, ce que l’on connaît de Dieu, ce sont les différentes expressions de ses attributs.
Explorer l’Univers, signe de Sa grandeur, lire le Coran, Sa parole éternelle : deux modes indispensables pour mieux le connaître.

Quant à notre responsabilité vis-à-vis de nos enfants, un enfant restera pour toujours notre proche. Dieu, dans le Coran, invite les croyants à se protéger de l’Enfer, et faire tout leur possible pour l’éviter à eux-mêmes et à leur famille.
Cependant, avec l’âge de la puberté, l’individu est mis face à ses responsabilités, et devra répondre à tout manquement le Jour dernier.

Pour le moment précis du début de l’abstinence par le jeûne, il est recommandé de se donner un laps de temps avant l’annonce de l’aube.

Sofia : Pouvez-vous nous donner quelques exemples d'actions qu'on devrait réaliser durant ce mois sacré, pour augmenter notre foi et se rapprocher de Dieu ?

Zakaria Seddiki : Recevons ce mois par le repentir, et une volonté de plaire à Dieu en ce mois et dans l’avenir. Le Prophète (SAWS) nous a informés que Dieu multiplie la récompense du jeûneur ; pour cela, le Ramadan est une chance pour chacun d’augmenter son capital de bonnes œuvres.
Aider les nécessiteux, lire le Coran, prier et invoquer Dieu, accomplir la 'umra en particulier dans les dix derniers jours, rendre visite aux malades, diffuser le savoir.

Dada : Pendant le Ramadan, avons-nous le droit de se maquiller et de se parfumer ? Mes filles me posent la question : pourquoi fait-on le ramadan ?

Zakaria Seddiki : Pour le maquillage et le parfum, il est à éviter pendant la période d’abstinence, durant le jour du Ramadan, et de façon générale il est permis seulement dans un cadre intime.
Le jeûne du Ramadan est l’un des piliers de l’islam, sans lui la pratique de l’islam reste incomplète. Tout musulman soucieux de satisfaire Dieu doit répondre à Son appel et jeûner. Toutefois, on n’impose pas une pratique, mais on la réalise par amour et conviction.

Linda : Quelle est la place de la prière de tarâwîh dans le jeûne ? Est-ce une obligation pour le jeûne ?

Zakaria Seddiki : Les tarâwîh , comme leur nom l’indique, ne sont pas obligatoires. Ce sont des prières surérogatoires en groupe ou individuelles. Priez donc individuellement ou en groupe à la mosquée, l’essentiel est qu’il reste un moyen de rapprocher le fidèle de Dieu.

Mourhit : Au-delà du fait que Ramadan soit un mois sacré durant lequel a été révélé le Coran, quelles sont les autres raisons de sa sacralité ?

Zakaria Seddiki : Les temps, les espaces et les personnes tirent leur sacralité par la volonté divine. Ce mois qu'est le Ramadan est béni certes, car Dieu l’a choisi pour révéler le Coran, mais aussi parce qu'il s'y trouve la nuit grandiose (laylat al-Qadr).

Moussa B. : Peut-on faire une prise de sang au cours du mois de Ramadan ?

Zakaria Seddiki : La majorité des savants considèrent que la prise de sang ne rompt pas le jeûne. Cependant, ceux qui adoptent cette position déconseillent la prise de sang pendant le jeûne si elle affaiblit le jeûneur. Pour l'imam Ahmed, si on applique l'analogie sur la hijama, la prise de sang rompt le jeûne mais si on s'en tient aux hadiths sur ce sujet, elle n'a aucun effet sur la validité du jeûne.

Moussa : Si un ami non musulman veut faire le jeûne, peut-on l'encourager ?

Zakaria Seddiki : Jeûner est un acte d’adoration qui nécessite une intention particulière. D’où l’importance pour celui qui veut jeûner de connaître Celui à qui est destinée cette adoration. De là, on ne peut qu’encourager un non-musulman à jeûner à condition de lui expliquer le sens du jeûne et à condition qu’il l’accepte.

Fatma : Nous est-il possible lors du Ramadan de donner un baiser à son conjoint ?

Zakaria Seddiki : Il a été rapporté que le Prophète (SAWS) embrassait Aisha (RA), sa femme, et Oum Salama, son autre épouse (RA), tout en étant en état de jeûne. Ce texte, certains juristes le cite en référence absolue, d’autres l’interprètent par la particularité du Prophète (SAWS) de maîtriser ses passions et par son statut incomparable quant à ses relations avec les femmes. Il a en effet un statut spécifique : il est le père des croyants. A mon sens, il est préférable de s’abstenir.

Krilin : Si on mange par inadvertance, est-ce que le jeûne est annulé ? Doit-on rattraper ce jour ?

Zakaria Seddiki : Il faut continuer de jeûner, mais néanmoins rattraper le jour en question après l'Aïd, car il est interdit de jeûner le jour de l'Aïd.

Hicham : Que pensez-vous de la situation des mosquées en France et de leur encadrement éducatif et spirituel ? Si je vous pose cette question, c'est que je suis tous les jours déçu. Encore plus quand il s'agit du mois de Ramadan et que je vois de nombreux jeunes qui se rendent à la mosquée avec plein de questions sans réponses.

Réponse de Zakaria Seddiki : Le niveau de l’encadrement éducatif et spirituel dépend des encadrants, imams, responsables associatifs et publics. Comment voulez-vous que les mosquées accomplissent leur rôle lorsque l’éducation n’est pas au centre des priorités. Il y a un devoir de sensibilisation, qui s’impose pour tous ceux qui se soucient de la question. Il est du devoir de chacun d’insister auprès des décideurs pour souligner cette attente et ce besoin fondamental pour la communauté. Soyons complémentaires et exigeants.

Mimoun : La femme enceinte doit-elle jeûner le mois du Ramadan ou non ?

Zakaria Seddiki : Il est dans le droit d'une femme enceinte de ne pas jeûner ou de rompre le jeûne si elle l'a entamé, lorsqu’elle craint que le jeûne puisse nuire à sa santé ou au fœtus. Et à fortiori lorsqu’un médecin lui déconseille le jeûne.

Rachid : Que pensez-vous de la façon dont sont faites les prières de tarâwîh dans certaines mosquées en France ? Comme par exemple celles où une prière dure plus de 10 min, j'ai même parfois des crampes : comment voulez-vous qu'on puisse se concentrer dans ces conditions ?

Zakaria Seddiki : Dans le terme tarâwîh , on trouve la notion de repos, mais cela est relatif. Un jeune résistera mieux à de longues prières qu’une personne plus âgée. C’est pour cela qu’il est permis à chacun de s’asseoir lorsqu’il sent la fatigue.

Mimoun : Je voudrais avoir votre avis sur la polémique en France pour le début du mois de Ramadan, certains refusent de suivre l'avis du CFCM préférant suivre l'Arabie Saoudite.

Zakaria Seddiki : Bien qu'il n'y ait pas de clergé en Islam et que les individus sont libres dans leurs pratiques, il est nécessaire de comprendre que pour une meilleure pratique au sein de l’espace européen, d’organiser les questions du culte. Pour cela, des efforts qui demandent notre soutien ont vu le jour. Le Conseil européen de la fatwa et de la recherche assure un rôle important en ce domaine. En ce qui concerne la détermination du début du mois, il est préférable de se référer aux recommandations du Conseil de la fatwa. Pour le communiqué officiel du début du Ramadan, l'essentiel est que l'annonce ait été au préalable fondée juridiquement. Les musulmans peuvent ne pas partager les mêmes avis, mais l’éthique de la divergence doit être respectée et nul ne détient la vérité absolue.

Vincent : Pour des raisons professionnelles, je suis amené à voyager plusieurs fois dans le mois entre la Chine, la France et les Etats-Unis. Tous ces décalages horaires me posent problèmes lors des jours de voyage. Que puis-je faire ?

Zakaria Seddiki : Il est permis pour un voyageur durant le trajet de bénéficier des dérogations en matière de jeûne et de prière.

Mimoun : Que pensez vous des soirées festivals et concerts "les nuits du ramadan" et autre "nuits du destin" qui, selon les organisateurs, sont faites pour mettre en valeur la culture musulmane ?

Zakaria Seddiki : Le Prophète (SAWS) nous a déconseillés de veiller après la salat de l’isha sauf pour accomplir des œuvres salutaires. Le fait qu’aujourd’hui beaucoup de gens organisent des soirées avec une thématique liée au Ramadan, et souvent sous sa forme culturelle, montre que le mois de Ramadan est devenu une référence identitaire importante pour la majorité de la communauté musulmane.
Notre devoir est d’informer les musulmans sur les bienfaits que Dieu a réservés durant le Ramadan en particulier lors des dix dernières nuits. C’est par un effort pédagogique de chacun que la véritable nature du mois de Ramadan sera découverte par tous.

Salem : J'ai entendu dire qu'il ne fallait pas aller tous les jours au tarâwîh car rien le montre dans les textes et, par conséquent, se rendre tous les jours risquerait de devenir une bid’a.

Zakaria Seddiki : Il est primordial d'apprendre l'islam auprès de personnes spécialistes et formées. Dire que l’observation de tous les tarâwîh est une bid’a relève de l’ignorance. Comment peut-on qualifier de bid’a (innovation cultuelle) ce que les compagnons du Prophète se sont évertués à observer avec engouement.

Sanaa : Est-il possible de débuter le jeûne sachant que je pourrais faire mes ablutions majeures qu'après le lever du jour ? Ou dois-je attendre le lendemain pour jeûner ? Bon mois de Ramadan !

Zakaria Seddiki : Il n'y a pas de problème à entamer le jeûne sans avoir les ablutions majeures. Il ne faut surtout pas remettre le jeûne au lendemain. En vous souhaitant l’acceptation et le salut, en vous remerciant d’avance pour vos du’as.

Pour finir, voici quelques recommandations pour ce mois qui je l'espère nous serons bénéfique à tous :

1. Veillez à effectuer une véritable remise en question durant ce mois béni.
2. Soyez assidu dans la prière des tarâwîh que vous la fassiez seul ou en groupe. N’oubliez pas que ce mois est mois de travail et d’adoration et non de sommeil et de paresse.
3. Faites attention au gaspillage quelle qu’en soit sa forme : le temps, la nourriture, l’argent, etc. Surtout l’argent car en gaspillant votre argent dans des dépenses inutiles vous vous privez de faire l’aumône, geste qui a une très grande valeur durant ce mois.
4. Prenez des décisions fermes avec vous-même pour essayer de conserver ce rythme après le Ramadan.
5. Habituez-vous à un parler constitué de dhikr et de bonnes paroles.
6. Quand vous ressentez la faim, pensez aux populations qui sont dans cet état de manière constante et rappelez-vous les bienfaits de Dieu sur vous.
7. N’oubliez pas de nourrir des jeûneurs, vous aurez ainsi la récompense de son jeûne.
8. Empressez-vous à vous repentir de vos fautes et n’oubliez pas que, durant ce mois, Dieu enveloppe tous les croyants de sa Clémence.
9. Entretenez un contact très proche avec le Coran, lisez-le quotidiennement, méditez-le, essayez de la mettre en pratique.
10. Attention aux veillées nocturnes inutiles qui renferment des paroles et des agissements qui ne correspondent pas à l’esprit de ce mois.
11. Diminuez vos sorties et vos occupations particulièrement en fin de mois. Cela afin de vous consacrer à l’adoration durant les 10 dernières nuits. N’oubliez pas que la nuit du Destin (al-qadr) se trouve dans ce dernier tiers du Ramadan.
12. Essayez de faire quelques jours de retraite spirituelle (Iîtikaf) ou les dix derniers jours. Cette adoration est très bénéfique !


* Diplômé de l’Université Al-Azhar et de l’École pratique des hautes études (EPHE), cheikh Zakaria Seddiki est président du comité ACERFI (Audit, conformité et recherche en finance islamique) et directeur de l’IMED (Institut musulman d’enseignement à distance).




Réagissez ! A vous la parole.

1.Posté par lr407 le 31/07/2013 05:46 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler
Réponse de Zakaria Seddiki : Le niveau de l’encadrement éducatif et spirituel dépend des encadrants, imams, responsables associatifs et publics. Comment voulez-vous que les mosquées accomplissent leur rôle lorsque l’éducation n’est pas au centre des priorités. Il y a un devoir de sensibilisation, qui s’impose pour tous ceux qui se soucient de la question. Il est du devoir de chacun d’insister auprès des décideurs pour souligner cette attente et ce besoin fondamental pour la communauté. Soyons complémentaires et exigeants.

Créons une haute institution de oulémas en France. Ce n'est pas à l’État de gérer le culte musulman mais à une institution religieuse formée d'érudits et de oulémas compétents maîtrisant de manière indiscutable les sciences religieuses et dont les avis et les références islamiques dépasseraient de beaucoup les interprétations simplistes de salafistes ou d'extrémistes. Cette haute institution aurait ses propres structures de formation dans chaque grande ville desquels sortiraient un personnel religieux hautement qualifié, intègre, bien rémunéré et indépendant. On verrait ainsi revivre en France des foyers de grande spiritualité tels que l'ont été par le passé Bougie, Tlemcen et d'autres qui avaient rayonné pendant des siècles sur le monde musulman et bien au delà. InchaAllah.


SOUTENEZ UNE PRESSE INDÉPENDANTE PAR UN DON DÉFISCALISÉ !