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Points de vue

Langue arabe : un destin fulgurant sous la bannière de l’islam

Rédigé par Seyfeddine Ben Mansour | Jeudi 30 Octobre 2014 à 00:54

           

C’est l’avènement de l’islam qui projettera l’arabe sur le devant de la scène de l’Histoire. « Nous en avons fait un Coran arabe afin que vous raisonniez » (Coran, s. 43, v. 3). Dieu Lui-même a ainsi choisi cet idiome pour s’adresser, à travers Muhammad, à l’ensemble de l’humanité...



Langue arabe : un destin fulgurant sous la bannière de l’islam
Un classement publié récemment par l’organisation Internet World Stat révèle que la langue qui connaît la plus forte progression sur la Toile est l’arabe.

Si, en 2000, seuls 2,5 millions d’internautes utilisaient la langue du Coran sur le Web, ils sont plus de 135 millions 13 ans plus tard, soit un taux de croissance de l’ordre de 5 296 % ! Non moins impressionnant est le destin de cette langue sémitique périphérique, longtemps confinée à la Péninsule arabique et dont les possibilités expressives sont restées longtemps liées aux besoins d’une population essentiellement bédouine, guerrière et poète.

C’est l’avènement de l’islam qui projettera l’arabe sur le devant de la scène de l’Histoire. « Nous en avons fait un Coran arabe afin que vous raisonniez » (Coran, s. 43, v. 3). Dieu Lui-même a ainsi choisi cet idiome pour s’adresser, à travers Muhammad, à l’ensemble de l’humanité.

Quatorze siècles plus tard, l’arabe est parlé par plus de 300 millions de personnes de l’Atlantique au Golfe, parmi lesquels des millions de non-musulmans (Arabes chrétiens, juifs sépharades) et de non-Arabes (Berbères, Kurdes, Tcherkesses). Il est, au-delà, la langue religieuse d’un milliard et demi de musulmans à travers le monde.

Le destin de l'arabe en terres d'islam

Si, conformément à un hadith du Prophète, la langue des prêches est libre, la psalmodie du Coran et les prières se font impérativement en langue originale, c’est-à-dire en arabe.

De même est-il permis de faire des invocations (du‘a), de réciter des formules d'évocation de Dieu (adhkar) ou de demande de pardon (istighfar) dans la langue de son choix, à condition que la chose ait lieu hors du cadre de la prière rituelle (salat).

Si l’usage de l’arabe par les musulmans est aujourd’hui réduit à la portion congrue, le phénomène n’est pas uniquement lié au statut minoritaire des arabophones en islam (un musulman sur cinq). Il a été amorcé, à partir du XIe siècle, par la lente désintégration de l’Empire abbasside, dernier empire arabe.

La langue arabe n’en aura pas moins été, pendant tout le Moyen Âge, la langue savante par excellence des pays d’islam, à l’image de ce que fut le latin pour la chrétienté d’Occident.

C’est en arabe que sera rédigé le monumental corpus juridique islamique (chari‘a), mais aussi les innombrables traités de grammaire, d’astronomie, de chimie, de mathématiques, d’optique, de médecine, de pharmacologie, d’hydrologie, etc.

Techniquement, l’établissement d’une vulgate du Coran sous le règne du calife Omar au Ier siècle de l’Hégire fixera un standard, une norme, non seulement pour le Texte sacré, mais aussi pour la langue qui en est le support.

L'essor de la linguistique arabe

Ce processus de normalisation, l’analyse qu’il suppose et la précision qu’il rend possible, iront en s’accroissant. Le besoin de comprendre la parole de Dieu – les besoins, techniquement, de l’exégèse (notamment pour la constitution des lois) – sera à l’origine d’une activité linguistique intense. Il en résultera un développement spectaculaire des sciences linguistiques en particulier et de l’arabe classique en général.

Dans l’Irak abbasside du VIIIe siècle, Sibawayh élabore ainsi son Kitab, une grammaire qui est encore une référence douze siècles plus tard, et al-Farahidi, son Kitab al-‘ayn, le premier grand dictionnaire alphabétique de l’humanité.

Un siècle plus tard, les équipes de traducteurs de Bayt al-Hikma disposeront d’un outil performant – une langue codifiée et précise – pour traduire les concepts scientifiques et philosophiques grecs ou indiens.

Ce sera là le point de départ de plusieurs siècles de découvertes scientifiques sous la bannière de l’islam, et dans la langue du Coran.

Première parution de l'article dans Zaman, le 29 septembre 2014.





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