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Points de vue

La condition de la femme musulmane, entre le texte et la pratique, sous l'œil de Zeina El-Tibi

Rédigé par Jean-François Poli | Lundi 8 Mars 2021 à 11:45

           


La condition de la femme musulmane, entre le texte et la pratique, sous l'œil de Zeina El-Tibi
En ces périodes où le sens commun est ébranlé par des ersatz de pensée, l'ouvrage de Zeina El TibiLa condition de la femme musulmane, entre le texte et la pratique (Editions du Cerf) ― est salutaire, tant il vient nous donner les éléments d'analyse et de compréhension d'un monde dont on veut nous empêcher de percevoir la réalité. Le thème de la condition de la femme est sensible, celui de la « femme musulmane » ne peut que l’être davantage.

Notre époque est marquée, partout, par une confusion des esprits qui conduit à des affirmations simplistes et sans fondement, notamment en ce qui concerne l'islam et la vision qu'il aurait de la place de la femme dans la société. Face à cette situation, l'auteur pose clairement les termes du débat en nous indiquant que « la femme étant disculpée de toute responsabilité du péché originel, le Coran affirme également que les hommes et les femmes sont de même nature spirituelle et humaine ».

Zeina El Tibi constate également que « les droits de la femme sont nettement proclamés par la Révélation coranique et l’enseignement du Prophète Muhammad ». Sur cette base indiscutable, il sera alors vain de rechercher dans les textes un quelconque fondement à la soumission des femmes ou à leur assujettissement à un statut d'infériorité. Les pratiques auxquelles on a pu assister, et qui sont toujours parfois présentes malheureusement, reposent sur des coutumes et des interprétations erronées au service de causes obscurantistes ― à visées politiques souvent ― visant à soumettre les femmes, ce qui d'ailleurs n'est pas le propre des pays musulmans, contrairement à ce que l’on veut nous faire croire.

Prétendre justifier une quelconque soumission des femmes aux hommes par le Coran, une trahison du texte sacré

Comme le souligne fort justement l'auteur, « Germaine Tillon a pu démontrer que la réduction de la condition des femmes a pu être constatée aussi bien dans les pays chrétiens que musulmans du pourtour de la Méditerranée. Il est incontestable que la question ne peut être réduite à une seule religion et que le problème ne se pose pas exclusivement dans les pays du sud de la Méditerranée ou le monde arabe, comme trop souvent nous sommes habitués à l’entendre, mais aussi au sein de la société européenne ».

Le vrai débat, ainsi que le pose utilement et pertinemment Zeina El Tibi, est celui qui se déroule entre les promoteurs d'une vision intégriste, fondée sur une récitation mécanique des textes, sans aucun effort de compréhension et hors de tout contexte, et ceux qui en révèlent la teneur, telle qu'elle doit être comprise, par les hommes et les femmes d'aujourd'hui, fidèles en cela au verset coranique qui indique : « Nous avons rendu le Coran facile pour la méditation. Y a-t-il quelqu'un pour réfléchir ? » (LIV, 17).

C’est bien la réflexion qui est essentielle, et ce qui doit prévaloir c’est l’esprit des textes, hors de toute quête d’une « pureté » par essence inhumaine. Ceux qui se fondent ainsi sur le texte et les enseignements qui s’en sont suivis, pour prétendre justifier une quelconque soumission de la femme, les trahissent dans le souci de faire prospérer leurs théories approximatives étrangères au Coran.

L'islam porte en lui la démarche d'adaptation constante qui fait des croyants des hommes et des femmes ancrés dans le Siècle

L'auteur met ainsi en évidence le fait que l'islam n'est pas une religion qui prône la soumission, et élargit sa réflexion en soulignant qu'il est gravement erroné d'opposer religion et libertés, qui ne sont en rien antinomiques, si on se livre à une analyse juste des textes et de la pensée qui en découle.

Rendant hommage aux réformistes, par lesquels elle inscrit le Roi Mohammed VI du Maroc, Zeina El Tibi insiste, à juste titre, sur le fait que l'islam porte en lui la démarche d'adaptation constante qui fait des croyants des hommes et des femmes ancrés dans le Siècle, leur Siècle, et non des êtres désincarnés, sans âme et sans capacité de réflexion.

« Dès lors, il ne suffit pas de se limiter au rappel, sans doute indispensable, des principes issus des textes supérieurs et d’une doctrine classique claire mais aujourd’hui largement ignorée par une majorité des croyants. Il faut encore exposer clairement quelles sont les dérives et leurs causes, et comment les réformistes les ont combattues. Il est temps, d’une part, de rejeter vigoureusement des idéologies extrémistes qui ne sont là que pour tenter de justifier des projets politiques et, d’autre part, de rompre avec un conformisme, une ignorance ou une paresse qui se sont opposés à l’effort d’adaptation, cet ijtihâd qui est préconisé par l’Islam lui-même puisqu’il est la condition de son dynamisme et de sa capacité à répondre aux défis qui se posent à toutes les époques. »

Dans une langue accessible, mais qui ne cède jamais à la facilité, l'auteur, docteur en droit public, nous donne un corpus essentiel, alliant son expérience de journaliste à la rigueur de l'analyse du chercheur, loin des discours convenus habituels hors de toute réalité.

*****
Jean-François Poli est directeur des programmes de l’Observatoire d’études géopolitiques (OEG). Première parution de l’article dans le bulletin de mars-avril 2021.

Voir aussi la vidéo de La Casa del Hikma - L'égalité hommes-femmes en islam, un mytho ?

Lire aussi :
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Avec Eric Geoffroy, le Divin se conjugue aussi au féminin en islam (vidéo)
L’égalité des musulmans et des musulmanes, en théorie seulement




Réagissez ! A vous la parole.

1.Posté par Rachida le 08/03/2021 20:36 | Alerter
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La condition de la femme musulmane. La femme. Comme si une femme existait.
Une personne et une seule.
La bien née ou la prolétaire. On ne le sait pas. Tout ce que l'on sait c'est qu'elle est une. Et une seule.
Cette manie de développer un thème sans jamais au préalable expliquer les mots, ne faire toujours que s'en servir c'est parler de l'outil et pas de l'objet. C'est faire de l'outil (les mots) le sujet. Le mot femme par exemple.
Elle doit servir à quelque chose. Idem pour l'homme.
A quoi ça sert. Qu'est-ce que c'est. Ils peuvent même devenir interchangeables. Mais ils doivent avoir un sens, servir à quelque chose. Ne serait-ce que le fait par exemple d'exprimer une pensée (ou sa variante une opinion). Par exemple mon interrogation sur le sens du mot femme. Et là on se met à m'attribuer un qualificatif, un penchant, une catégorie...
On se met à chercher depuis ou la personne parle.
Ce qu'elle dit est t-il féministe ou. Ce qu'elle dit est t'il de gauche ou de droite. Peut t'on qualifier ce qu'elle dit de commun ou singulier... Bref on se voit toujours contraint de devoir ranger, trier, classifier les idées, les pensées.
Et donc toujours obligés de ne parler toujours que de la forme sans jamais parler du fond.
Ici. La femme.

2.Posté par Milouda le 08/03/2021 20:50 | Alerter
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Les notions de gauche et droite sont nées en 1789 à la révolution.
Les partis politiques de l'assemblée nationale, à droite noblesse et clergé.
A gauche les opposants dits patriotes.

3.Posté par Ajeeb le 08/03/2021 20:54 | Alerter
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Ha! C'est donc pour que la droite défend les cathos tradis et que la gauche est islamophobe. Lol.

4.Posté par Ajeeb le 08/03/2021 20:55 | Alerter
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Il manque un mot pardon.
... pour cela que...

5.Posté par Alfred le 10/03/2021 00:46 | Alerter
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La femme musulmane.
Dès lors que l'on ajoute un adjectif aux choses, ce ne sont plus d'elles dont on parle.
Depuis chez nous, cette expression (musulmane) en a un sens.
Celui que l'on dit qu'il a.
A savoir n'importe lequel.
C'est ce que l'on appelle le politique.
Depuis chez nous qui sommes une nation par exemple, elle n'existe pas.
D'ou d'ailleurs le fait que cette expression soit comprise comme étant synonyme d'exotisme, de métèque (étrangère).

6.Posté par MythoPasMytho le 10/03/2021 00:51 | Alerter
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La droite beurk. Et la gauche plus encore. De vraies sectes.
Ma perspective, une religion. De vrais illuminés.

7.Posté par Salsifi le 13/03/2021 13:21 | Alerter
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´Rendant hommage aux réformistes, par lesquels elle inscrit le Roi Mohammed VI du Maroc.,,’

Malheureusement, cette phrase discrédite tout le texte ...

8.Posté par Rachida le 15/03/2021 00:56 | Alerter
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Lol Salsifi. Qui dit roi dit sujets.
Un pouvoir ne s'impose pas. Il se reconnaît.
Il n'y a que le pouvoir lui même qui puisse être le pouvoir.
Ce qu'il dit. Ce qu'il fait. Ce que lui même est. Qui est le pouvoir.
Il peut être réformiste ou rétrograde.
Ca peut être n'importe quoi. Mais il ne peut toujours qu'être reconnu.
Par leurs sujets eux mêmes ou par des observateurs autres.
Autrement dit par les marocains eux mêmes ou par des non marocains.
Qui parfois peuvent se confondre.
Le roi du Maroc semble être reconnu. Ses sujets le disent.
Comment ils le disent! Dans le fait qu'il puisse durer.
Mais bien sur des tas de personnes sont critiques.
Des journalistes. Des politiques. Des artistes.....
Oui le roi du Maroc bof.
Ha! Le roi du Maroc pas mal.
Et voilà.

9.Posté par SaSuFi le 26/03/2021 21:02 | Alerter
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Lol Rachida ! L’Emir des croyants - lol , comme on dit ´ si on croit celle-là on nous en racontera une autre ´

Lol Rachida lol


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