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Points de vue

L'école de la République, l'école de tous les citoyens !

Rédigé par Didier Ali Bourg | Mercredi 5 Novembre 2003 à 00:00

           

Depuis une vingtaine d’années, des musulmans de France expriment leur souhait de voir s’ouvrir des écoles privées de confession islamique. Faut-il voir dans ces velléités un espoir ou un danger ? Ni l’un ni l’autre. Quelques rares établissements existent et suscitent un espoir. Mais pour combien d’élèves ? Trois cents ? Trois mille ? Les élèves musulmans du pays se comptent en centaines de mille, si ce n’est en millions.



Depuis une vingtaine d’années, des musulmans de France expriment leur souhait de voir s’ouvrir des écoles privées de confession islamique. Faut-il voir dans ces velléités un espoir ou un danger ? Ni l’un ni l’autre. Quelques rares établissements existent et suscitent un espoir. Mais pour combien d’élèves ? Trois cents ? Trois mille ? Les élèves musulmans du pays se comptent en centaines de mille, si ce n’est en millions.

Même en monopolisant l’ensemble des énergies et finances de l’islam de France, on n’offrirait des écoles privées qu’à une partie infime des enfants musulmans de l’Hexagone. Laisser croire à des millions de parents que leurs enfants pourraient bénéficier un jour de ce type de scolarité est un mensonge. Leur donner à penser qu’une école privée puisse être autre chose, à terme, qu’une école de « classe ;» est un leurre.

Les enfants de musulmans aisés fréquenteront les « bonnes » écoles privées musulmanes. Les autres devront se contenter de suivre les cours dans celles qui n’auront pas les moyens de dispenser un enseignement de qualité. Enfin, oublier que l’école publique est la plus à même de favoriser leur insertion dans la société et d’échapper au repli sur un groupe restreint et sclérosant est une injustice faite à tous ceux qui se sont battus pour que cette école laïque, gratuite et obligatoire existe.

Le vrai risque consisterait à pousser les parents à se désintéresser de la véritable école de leurs enfants, l’école de la République. Cette école- là est à la peine aujourd’hui. Sa fragilisation ne peut que nuire aux populations les plus défavorisées, parmi lesquelles une proportion importante de familles musulmanes.

L’école laïque est largement perfectible. Sa mission de formation à la liberté de penser ne s’oppose aucunement à la liberté de conscience des élèves. Ses enseignants, pour beaucoup, ignorent ce qui fonde en esprit et en droit sa laïcité. C’est au nom de cette dernière qu’on a cru bon, dans certains établissements, d’organiser une chasse au foulard, et ce en opposition totale avec l’ensemble des textes, lois et conventions internationales qui fondent la laïcité en tant qu’expression juridique de la sécularisation de nos sociétés occidentales.

La médiatisation de ces faits a pu donner à penser à des musulmans de France que l’école de la République n’était pas l’école de toutes et tous. Il n’en est rien. Mais comme l’Histoire l’a souvent montré, un droit acquis doit se reconquérir sans cesse. C’est par la présence des enfants musulmans dans cette école, respectueux de ses programmes et de son éthique, et par la présence active de leurs parents au sein des fédérations de parents d’élèves, des conseils d’école et d’administration des collèges et lycées en tant que partenaires exigeants et engagés que pourront être ravivées les missions d’une école pour lesquelles plaident conjointement les valeurs de l’islam, de l’humanisme et de la laïcité.

La culture commune et l’esprit critique et collaboratif auxquels l’école républicaine permet d’accéder sont un atout pour la société française et pour tous les futurs citoyens musulmans. Cette école est leur école. Ils en sont les acteurs et les premiers bénéficiaires.




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