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Société

Hommage public au professeur Muhammad Hamidullah (1908-2002)

Rédigé par Bamba Amara | Dimanche 12 Décembre 2004 à 00:00

           

Un groupe indépendant tente de promouvoir le souvenir du Professeur Hamidullah. Sous le nom de Collectif Hamidullah, il organise un hommage public le samedi 18 décembre, à Paris. Créée par des musulmans en dehors des associations connues, cette nouvelle initiative ambitionne de faire connaître la personnalité et l’œuvre du Professeur, disparu il y a deux ans. Pour sa première sortie publique, le Collectif Hamidullah a voulu réunir des personnalités très diverses concernées par son projet.



Un groupe indépendant tente de promouvoir le souvenir du Professeur Hamidullah. Sous le nom de Collectif Hamidullah, il organise un hommage public le samedi 18 décembre, à Paris. Créée par des musulmans en dehors des associations connues, cette nouvelle initiative ambitionne de faire connaître la personnalité et l’œuvre du Professeur, disparu il y a deux ans. Pour sa première sortie publique, le Collectif Hamidullah a voulu réunir des personnalités très diverses concernées par son projet.

En dehors de la Grande Mosquée de Paris qui a réservé sa réponse, tous les invités ont répondu présents : Hani Ramadan (Centre islamique de Genève), Yahya Michot (université d’Oxford), l’écrivain Malika Dif ainsi que le recteur Larbi Kechat (mosquée Adda’wa, Paris 19e) prendront la parole ; avec une forte présomption sur la présence du cheikh Issam Al Attar.

Premier musulman à traduire le Saint Coran en langue française à partir du texte original, le Professeur Hamidullah possède une personnalité qui est apparue fort symbolique pour les musulmans francophones. Son décès a tiré la sonnette d’alarme sur l’importance d’agir pour préserver et promouvoir le patrimoine intellectuel musulman d’Europe. L’équipe du Collectif Hamidullah ne compte pas s’arrêter au seul cas Hamidullah. Dans un communiqué à paraître cette semaine, elle annonce son vœu de contribuer à préserver et à promouvoir le patrimoine intellectuel de l’ensemble des musulmans célèbres d’Europe. Un travail de longue haleine. En plus de l’hommage public organisé ce 18 décembre à Paris, l’agenda du groupe prévoit un colloque scientifique pour décembre 2005. Il ne fait de doute que le thème devrait permettre de mieux cerner la pensée, l’œuvre et aussi la personnalité de l’une des figures les plus emblématiques de l’enseignement de l’islam en langue française. La modestie et l’extrême discrétion du Professeur Hamidullah ont eu tendance à faire oublier son parcours personnel derrière les idées et ses recherches. La biographie de Hamidullah reste ainsi un livre à écrire, au moins pour la mémoire des musulmans francophones.

Le Professeur Hamidullah est né dans le sultanat d’Hyderabad, le 19 février 1908. Ce sultanat, qui ne figure plus sur les cartes de géographie, était une colonie anglaise d’environ 20 millions d’habitants, à majorité d’origine hindoue. À la création du Pakistan, en août 1947, consécutif au retrait des Britanniques, le sultanat d’Hyderabad est envahi par l’Inde voisine. Quelques heures avant l’invasion, plus d’un million de livres des fonds d’Hyderabad sont transférés vers le Pakistan. Ce transfert est contesté par le sultanat, qui souhaite récupérer son argent. Il envoie une délégation à l’ONU pour plaider cette cause. Hamidullah, qui est alors âgé de 40 ans environ et qui enseigne le droit international, est membre de cette délégation officielle. Mais, avant que ses délégués n’arrivent aux Nations unies, le sultanat d’Hyderabad est dissout et définitivement intégré à l’Inde. Ce coup de théâtre amène l’ONU à choisir de ne pas délibérer sur le cas d’Hyderabad.

C’est alors que Hamidullah choisit l’exil. Il s’installe en France en 1948 et poursuit ses études. Il soutient une thèse de doctorat en droit international. Ses recherches le conduisent dans de nombreuses universités en Allemagne, en Italie, en Turquie. Il enseigne divers sujets relatifs aux études islamiques dans de nombreux autres pays.

Ses travaux sur le droit islamique lui confèrent une grande notoriété. Il devient une autorité universitaire sur le thème du droit islamique international et celui du droit constitutionnel islamique. Le gouvernement pakistanais sollicitera ses compétences dans la rédaction de sa Constitution. Sa traduction du Grand Livre de la conduite de l’État sert de manuel scolaire de référence.

Jamais marié, Hamidullah n’a jamais eu d’enfants. Toute sa vie aura été consacrée à la recherche et à l’enseignement de l’islam. En plus de la traduction du Coran, il a écrit une riche biographie du Prophète de l’islam. Pour les nombreux musulmans de France dont il a parrainé l’entrée dans l’islam, Initiation à l’islam  constitue un précieux livre de chevet. Pratique et concis, il répertorie, sous forme de paragraphes autonomes, tous les thèmes importants et utiles à une vision globale de la religion musulmane.

Parfaitement polyglotte, Hamidullah maîtrisait l’ourdou, le français, l’anglais, l’arabe, le turc, l’allemand. Ses articles d’études scientifiques et ses articles d’information se comptent par centaines dans diverses langues. Tout au long de cette vie de recherche, il soutiendra non moins de cinq thèses de doctorat.

Entré comme chercheur au Centre national de recherche scientifique, il demeurera très actif sur le plan associatif. Il fonde le Centre culturel islamique en 1958, avant de fonder l’Association des étudiants islamiques en France en 1962. Il est à la base de nombreuses associations islamiques. Il accompagne les personnes converties dans leur découverte de l’islam et les reçoit chez lui ou à la mosquée, pour répondre à leurs questions. Il célèbre aussi des mariages et intervient régulièrement comme autorité qualifiée pour certifier de la validité islamique de nombreuses initiatives. Il donne de nombreuses conférences et contribue également à instaurer le dialogue entre l’islam et le christianisme en France.

Hamidullah a choisi de vivre dans l’austérité, la discrétion et le dénuement. De lui, de ses diplômes, il ne parlait presque jamais. Il ne laissait même pas ses admirateurs le prendre en photo. Il ne tirait aucune subsistance de ses nombreux livres. En bon juriste, il prit les précautions nécessaires pour préserver ses droits d’auteur. Mais il n’a jamais posé de problèmes pour accorder les droits d’édition à diverses associations sans jamais leur en laisser l’exclusivité. Devant les éditions pirates de son œuvre, il gardait un silence imperturbable se refusant à cautionner tout procès contre les faussaires.

Le public, accueilli à 14 h 30, est invité à lui rendre hommage ce samedi 18 décembre, au 69 ter, rue de la Chapelle, à Paris 18e. La séance s’ouvrira à 15 heures par une intervention sur ' La pensée dans l’œuvre de Hamidullah '. Suivront une table ronde sur le thème de ' Hamidullah, homme de foi et de science ' et une autre intitulée ' Hamidullah, précurseur et engagé '.





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