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Société

Suicide assisté, euthanasie : le nouveau « modèle français de fin de vie » prôné par Macron inquiète les cultes

Rédigé par | Mercredi 13 Mars 2024 à 14:35

           

Emmanuel Macron prend aujourd'hui très clairement position en faveur de l'instauration en France d'une « aide à mourir ». Si le chef de l'Etat refuse d'employer les termes « suicide assisté » et « euthanasie », le projet de loi qu'il présente ouvre bien la voie à une légalisation de ces pratiques, « sous certaines conditions strictes ».



Emmanuel Macron, décembre 2023. © Dean Calma/IAEA
Emmanuel Macron, décembre 2023. © Dean Calma/IAEA
La prise de parole d’Emmanuel Macron sur la fin de vie était attendue. Le chef de l’Etat s’est exprimé, dimanche 10 mars, sur ce sujet hautement sensible en se prononçant très clairement en faveur de l’aide à mourir. « Avec ce texte, on regarde la mort en face », a-t-il affirmé dans un entretien accordé conjointement à La Croix et Libération, présentant la loi qu’il souhaite voir adopter comme « une loi de fraternité ».

« Le terme que nous avons retenu est celui d’aide à mourir parce qu’il est simple et humain et qu’il définit bien ce dont il s’agit. Le terme d’euthanasie désigne le fait de mettre fin aux jours de quelqu’un, avec ou même sans son consentement, ce qui n’est évidemment pas le cas ici. Ce n’est pas non plus un suicide assisté qui correspond au choix libre et inconditionnel d’une personne de disposer de sa vie », a-t-il expliqué. Le projet de loi ne fait donc référence ni à l’euthanasie ni au suicide assisté mais le chemin sur lequel s’engage l’exécutif pourrait bel et bien mener vers une légalisation de ces pratiques.

Une aide à mourir ouverte à quatre conditions

L’aide à mourir sera assortie de « certaines conditions strictes » au nombre de quatre. Elle sera réservée aux personnes majeures, capables d’un discernement plein et entier, « ce qui signifie que l’on exclut de cette aide à mourir les patients atteints de maladies psychiatriques ou de maladies neurodégénératives qui altèrent le discernement, comme Alzheimer », avoir une maladie incurable et un pronostic vital engagé à court ou à moyen terme, avoir des souffrances physiques ou psychologiques réfractaires, à savoir « que l’on ne peut pas soulager ». Des critères qui rejoignent ceux qui avaient été exposés par le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) dans son avis rendu en septembre 2022.

« Si tous ces critères sont réunis, s’ouvre alors la possibilité pour la personne de demander à pouvoir être aidée afin de mourir. Ensuite, il revient à une équipe médicale de décider, collégialement et en transparence, quelle suite elle donne à cette demande », a expliqué Emmanuel Macron. Si l'avis est favorable, une prescription, valable trois mois, d'une substance létale sera délivrée au patient. Ce dernier pourra alors absorber lui-même le produit ou bien, lorsqu'il est dans l'incapacité physique de le faire, demander à un médecin ou une personne volontaire qu'il aura désigné que la substance lui soit délivrée.

En parallèle, le président entend aussi, avec le projet de loi, « remettre les soins palliatifs au cœur de l’accompagnement ». La présentation d’une stratégie décennale de développement des soins palliatifs est promise pour le mois de mars et il est attendu tant ce chantier est urgent aux yeux de nombreux professionnels de santé, aidants et aumôniers.

Une « loi de rassemblement » qui suscite la désapprobation des cultes

Le président a promis que le projet de loi, qui arrive près d’un an après les conclusions de la Convention citoyenne sur la fin de vie, « arrivera sur la table du conseil des ministres en avril, pour une première lecture en mai », avant les élections européennes en juin. Dans l’espoir, déclare Emmanuel Macron, qu’il s’agira d’une « loi de rassemblement ».

Mais le nouveau « modèle français de fin de vie » proposé par le gouvernement – qui « ne dit pas que chacun peut disposer de sa vie en demandant une assistance automatique au corps médical », assure le président – suscite d’ores et déjà l’opposition de plusieurs responsables des cultes, assurément réfractaires à toute légalisation d’une aide active à mourir. Pour Mgr de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France (CEF), « appeler "loi de fraternité" un texte qui ouvre le suicide assisté et l’euthanasie est une tromperie ».

« Ce qui est annoncé ne conduit pas notre pays vers plus de vie, mais vers la mort comme solution à la vie », a martelé auprès de La Croix l’archevêque de Reims, qui plaide pour le développement des soins palliatifs. « Les Français n’envisageraient pas de la même manière la fin de vie si les soins palliatifs étaient chez nous une réalité pour tous partout, comme le voulait la loi dès 1999. Ces derniers temps, non seulement rien n’a été fait pour apporter des soins palliatifs là où il n’y en a pas, mais les moyens de plusieurs services existants ont été réduits encore. C’est cela la vérité. »

Les propos du président ont suscité une réaction plus nuancée de la part du grand rabbin de France, Haïm Korsia. « On ne peut pas dire que je soutiens (le projet de loi). Mon opinion a toujours été que la loi Claeys-Léonetti suffisait, et qu'elle pouvait s'appliquer. On n'a pas besoin de faire une nouvelle loi pour englober les cas limites, susceptibles d'être déjà traités dans le cadre législatif existant. Mais le président ne propose pas de process nouveau. On n'est pas dans le temps de l'euthanasie, c'est l'essentiel », a-t-il affirmé au Point.

L’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), très critique de la position prise par les leaders religieux en matière de fin de vie, salue la prise de parole présidentielle mais reste prudente. « Enfin, la France sort de la valse-hésitation de ces derniers mois et les Français voient se profiler une possible loi de liberté ultime », a-t-elle fait savoir. « A ce stade, le texte – tel que le Président en a dessiné les contours – n’est pas celui qui permettra de répondre le plus parfaitement aux demandes légitimes des personnes en fin de vie. Il n’est pas le texte porté par les militants du droit de mourir dans la dignité. Mais il est, assurément, une première étape. »

Une première étape que ne veulent pas voir franchir les cultes. Le projet de loi comporte encore « énormément d’ambiguïtés » qui sont de nature à inquiéter, a déclaré à l'AFP le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, pour qui « parler d’aide à mourir, c’est hideux ». Au regard des déclarations présidentielles, « l’aide à mourir est d’emblée envisagée comme un possible lorsque la détresse d’un malade dans des situations très cadrées ne permet plus de supporter la souffrance. De fait, la possibilité du don de la mort apparait comme première ; le développement d’une culture palliative seconde, voire secondaire ! », a réagi la Fédération protestante de France (FPF), qui appelle à disposer dès que possible du projet de loi afin de préparer « un plaidoyer à l’intention des parlementaires afin de nourrir leurs débats, notamment en relevant les limites du projet de loi, les points d’accord, de vigilance et de désaccords ».

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Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur


Réagissez ! A vous la parole.

1.Posté par Premier janvier le 13/03/2024 21:07 | Alerter
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Le politique est contraint de suivre la société.
Le contraire n'est pas possible.
Les lois ne peuvent que succéder à un présent.
Le politique ne peut toujours qu'être un suiveur.
Puisque l'on a jamais vu un présent précéder un passé.
C'est toujours le présent qui dicte. C'est toujours la société qui dicte et le politique ne toujours faire que suivre.
Et cela est aussi valable entre deux personnes uniquement.

2.Posté par Premier janvier le 13/03/2024 21:33 | Alerter
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On l'a tous connu à l'école. Je me range du côté du plus populaire.
Plutôt cela que d'être seul.
Il est drôle. Il est bien habillé. Il a de bonnes notes...
Je ne peux pas rivaliser. Je n'ai rien de mieux à proposer.
Je ne lui ressemble pas.
Un peu comme a courbe de gauss.
La plupart des gens mesurent 1.70 en moyenne.
Je mesure 1.90 ou 1.50 je suis en dehors de la norme.
1.80 ou 1.60 je le suis un peu moins.
On trouve mon sentiment. Mon avis. Ou même ce que je suis moi même ne vaut rien.
Et là on retourne à nos moutons, le politique de se voir toujours contraint de se référer à la courbe de gauss.

3.Posté par Premier janvier le 13/03/2024 22:12 | Alerter
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Je comprends des maladies très banales La prostate. Des cancers.
Tout ce qui fait d'elles qu'elles sont banales est qu'elles sont très nombreuses.
Ou bien encore juste le fait que l'on ne sache pas les soigner.
Dans cent ans on dira peut être. Avant on tuait les cancéreux. Aujourd'hui on sait les soigner.
On se dira donc de nous mêmes que nous étions des arriérés. Des sauvages. Des fous.
Après comme je le disais plus haut, on a jamais vu un futur précéder un passé.
Mais je n'aime pas l'idée d'établir des sciences comme si elles étaient des lois.
Ou le contraire.
Pour moi si les choses ne sont pas vraies pour toujours, dans toutes les situations, elles ne le sont pas.
C'est ce qui me pose problème avec le fait de dire d'une loi qu'elle serait la loi.
Après je comprends bien comme tout le monde du temps qu'il n'existe pas.
Qu'il est juste un mot pour dire, le temps que je connais en ce moment.
Seulement si l'on dit d'une loi qu'elle est la loi; on dit des lois que jamais elles ne peuvent être le loi.

4.Posté par Premier janvier le 15/03/2024 00:53 | Alerter
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Ce que l'on dit c'est, on ne peut rien pour toi mec.
Tu as le choix entre mourir ou mourir.
Bon ben je vais prendre mourir.
Mourir est un effet. Or c'est la cause qui est à viser.
On n'en a pas le moyen. On ne sait pas le faire.
On ne peut rien pour toi mec. Tu as le choix entre mourir ou mourir.
Que l'on fait passer pour un progrès.
On ne peut rien faire, on ne sait pas faire. On a qu'à faire semblant que l'on sait faire quelque chose.

5.Posté par Rond ledaron le 21/03/2024 21:47 | Alerter
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Avortement à l'entrée et pour celles et ceux qui s'en sont échappés, euthanasie à la sortie ou comment la haine de la vie corrélée à l'idéologie malthusienne détruisent nos sociétés.

6.Posté par Eva2314 le 07/04/2024 18:38 | Alerter
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La cuisine française est un trésor national, un héritage culinaire qui a inspiré des chefs du monde entier. De ses pâtisseries décadentes à ses fromages riches en saveurs, chaque aspect de la cuisine française est une célébration de l'art de bien manger. Que vous vous promeniez dans les rues de Paris ou que vous visitiez votre boulangerie locale, prenez le temps de savourer chaque bouchée et d'apprécier la magie de la cuisine française.

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