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Cinéma, DVD

Soumaya, chronique autour des dérives de l’état d’urgence sur grand écran

Rédigé par Karima Peyronie | Mercredi 12 Février 2020 à 11:00

           

C’est l’histoire vraie d’une perquisition illégale et d’un licenciement abusif opérés en plein état d’urgence post-attentats de 2015 que met en scène « Soumaya ». La distribution de ce film, au scénario qui sort de l’ordinaire dans le cinéma français, est exploitée à ce jour au compte-goutte. Il n’en demeure pas moins que cette production sert de tremplin à un débat sur les dérives de la lutte contre le terrorisme, qui a toute place et légitimité dans la société française.



Soumaya, chronique autour des dérives de l’état d’urgence sur grand écran
Soumaya peut être notre mère, une sœur, une voisine, une collègue… Elle n’est pas inconnue, ni née d’un fantasme communautaire ; elle est Française, elle existe, elle vit et respire au sein de la République. Elle est cultivée, elle est mère, elle travaille. C’est le personnage central du film éponyme, inspirés de faits réels survenus pendant la période de l’état d’urgence décrété après les attentats du Bataclan le 15 novembre 2015. Soumaya raconte l’histoire vraie d’une femme de confession musulmane licenciée du jour au lendemain des suites d’une perquisition sans fondement, réalisée après des soupçons de radicalisation à son encontre.

Soumaya, un film indépendant réalisé par Waheed Khan et Ubaydah Abu-Usayd avec un budget de quelques dizaines de milliers d’euros, revient ainsi sur les dérives de l’état d’urgence et de ses conséquences sur les personnes injustement visées. La vraie Soumaya, incarnée à l’écran par Soraya Hachoumi, s’est, en effet, vu reconnaître par la justice l’illégalité de la perquisition de son domicile, qui lui a coûté le poste qu’elle occupait paisiblement durant 14 ans dans une société de transport.


Un film qui prête au débat

A peine dévoilé, courant de l’année 2019, le film a été l’objet d’une campagne de haine menée par la fachosphère. Alors qu’une projection avait été programmée de longue date au Grand Rex, à Paris, en mars 2019, un courrier à l’adresse des réalisateurs a informé de l’annulation de l’événement un mois avant la date. Le motif invoqué ? Le Grand Rex ne diffuserait pas de longs-métrages indépendants. Or, des projections de films confidentiels ont pourtant bien été organisées dans ce cinéma parisien. Une censure manifeste pour les réalisateurs qui ont accusé la direction du cinéma d'avoir cédé aux pressions des réseaux sociaux.

C’est en janvier 2020 que Soumaya a reçu un visa d’exploitation cinématographique. Une bonne nouvelle pour l’équipe du film, qui entend faire au mieux pour convaincre des salles de cinéma de le diffuser. A ce jour, la sortie en salles autorisée depuis le 5 février « reste modeste », nous confie-t-on. C'est le cas de le dire. Le film, qui a obtenu le prix d’interprétation féminine au festival Cinéma & Migrations d’Agadir (Maroc), est principalement programmé au cinéma Saint-André des Arts, à Paris, où les projections sont suivies de débats mais « le film continue une tournée parallèle en France, mais aussi en Belgique et en Suisse » à la demande d’associations.

Aller voir ce film ne relève pas du simple divertissement mais signe bien un engagement. Celui du respect d’un Etat de droit qui doit prévaloir partout et pour tous dans les sociétés démocratiques.

Soumaya, de Waheed Khan et Ubaydah Abu-Usayd France, France, 1h43
Avec Soraya Hachoumi, Sarah Perriez, Khalid Berkouz
Sortie le 5 février 2020

Lire aussi :
Amnesty dénonce les dérives « orwelliennes » de l'antiterrorisme en Europe




Réagissez ! A vous la parole.

1.Posté par Premier Janvier le 19/02/2020 13:34 | Alerter
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On a plus de nouvelle de monsieur Valls, il est passé ou!


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