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Régionales : Kamel Agag-Boudjahlat, infiltré au RN ? Le retrait tapageur d'une tête de liste à Belfort

Rédigé par | Mardi 4 Mai 2021 à 19:30

           


Régionales : Kamel Agag-Boudjahlat, infiltré au RN ? Le retrait tapageur d'une tête de liste à Belfort
C'est un vrai spectacle qui se joue à guichet ouvert sur le terrain politique du Rassemblement national (RN) en ce moment en Bourgogne Franche-Comté. Vendredi 30 avril, Kamel Agag-Boudjahlat, un éducateur de 37 ans, était fièrement présenté comme tête de liste du parti d'extrême droite sur le Territoire de Belfort, en vue des élections régionales qui se tiendront les 20 et 27 juin prochain.

Présenté dans une vidéo par la tête de liste régionale du parti, Julien Odoul, le candidat remercie le RN pour sa confiance et se déclare prêt à faire « face à l’insécurité explosive et grandissante » présente au sein du département.

Coup de théâtre lundi 3 mai : il a annoncé son retrait de la campagne et appelle même à voter contre Marine Le Pen. « J’ai infiltré le RN pour créer le buzz et inviter les gens à s’engager », a déclaré le père de famille d’origine algérienne auprès de France Bleu pour expliquer son revirement soudain.

En rejoignant les rangs du parti d’extrême droite, Kamel Agag-Boudjahlat, également fondateur de l’association 6 Toyenneté qu’il a créé en 2006 pour encourager la population de son territoire à aller voter, souhaitait justement inviter les habitants à se rendre aux urnes. « Si vous estimez que le RN est un danger, inscrivez-vous et allez voter ou mieux encore prenez les choses en main dans vos quartiers pour améliorer les choses ». Son objectif était d’aller au terme de la campagne et, une fois élu conseiller régional, de quitter le parti sans pour autant renoncer à son mandat qui lui aurait permis de « faire bouger les choses ».

Des pressions à l’origine de son abandon pour le RN

Mais face aux violentes réactions qu’ont suscité sa candidature, l’éducateur a préféré abandonner son projet. « Je suis obligé de mettre fin à ma stratégie plus tôt que prévu », a-t-il déclaré sur les ondes de la radio locale. « Ma famille était au courant de ma stratégie. Mais quand j'ai vu la violence des réactions sur les réseaux sociaux. Et quand j'ai vu des gens qui partagent mes valeurs s'effondrer à cause de mon engagement au RN, je me suis dis que je n'allais pas pousser le jeu aussi loin, juste pour avoir un poste de conseiller régional », déclare le frère de l'essayiste et militante, Fatiha Agag-Boudjahlat.

Pour Julien Odoul, les explications de Kamel Agag-Boudjahlat ne tiennent pas la route. « Je ne peux pas comprendre ce revirement. Il a pris sa carte au RN, on s’est rencontré plusieurs fois, il a participé au clip de campagne. Il y a 24 heures encore, il me disait sa fierté de mener cet engagement. Nous l’avons accueilli à bras ouverts, comme nous accueillons tous les Français qui veulent sauver notre pays avec Marine Le Pen. », a-t-il déclaré dans la presse lundi 3 mai.

La tête de liste régionale du RN estime que l’ancien candidat a voulu se protéger : « Depuis vendredi, il subit, lui et sa famille, un déchaînement de haine et de menaces sur les réseaux sociaux. C'est ce qui l'a poussé à faire machine arrière. Je ne crois pas à l'explication de l'infiltration ou du buzz. Il a essayé de se protéger. Je regrette sa décision car elle donne crédit aux haineux qui l'accablent. »

L’éducateur a, de son côté, déclaré vouloir écrire un livre sur son expérience, indiquant que le RN « n'a pas changé par rapport au Front national. Il surfe sur la haine de l'autre, la théorie du complot et du chaos ».

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