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Points de vue

Israël-Palestine : simplifications et exclusions meurtrières

Rédigé par Gabriel Hagaï | Vendredi 4 Mai 2018 à 13:44

           


« Vue de Jérusalem », tableau de 1740, musée d’Art et d’Histoire du judaïsme. Probablement peinte à Jérusalem, cette toile a dû être réalisée en mémoire d’un pèlerinage ou voyage en Terre sainte. Quatre-vingts lieux saints chrétiens de la ville et des environs sont numérotés en allemand en bas du tableau. Parmi les édifices se trouvent l’église du Saint-Sépulcre et le dôme du Rocher, au centre, mentionné sous le nom de temple de Salomon. (Photo prise lors de l’exposition « Lieux saints partagés », au musée de l’Histoire de l’immigration, en octobre 2017.)
« Vue de Jérusalem », tableau de 1740, musée d’Art et d’Histoire du judaïsme. Probablement peinte à Jérusalem, cette toile a dû être réalisée en mémoire d’un pèlerinage ou voyage en Terre sainte. Quatre-vingts lieux saints chrétiens de la ville et des environs sont numérotés en allemand en bas du tableau. Parmi les édifices se trouvent l’église du Saint-Sépulcre et le dôme du Rocher, au centre, mentionné sous le nom de temple de Salomon. (Photo prise lors de l’exposition « Lieux saints partagés », au musée de l’Histoire de l’immigration, en octobre 2017.)
Le Proche-Orient fait toujours parler de lui dans l’actualité. Pour le simple citoyen français, il existe toujours une certaine confusion quant à ce qui se passe véritablement là-bas, en Israël-Palestine. Qui est à l’origine de quoi ? Quel camp serait celui des méchants ? Des gentils ? Différents sons de cloche se font entendre selon les communautés qui les relaient, tous plus empreints d’émotion que d’objectivité.

La situation proche-orientale est complexe – mais pas exactement de la manière dont elle est présentée ici par les médias occidentaux, acquis à telle ou telle cause, et répondant à des agendas qui leurs sont propres. Trop souvent, sous la plume des journalistes, le conflit israélo-palestinien devient l’objet de généralisations réductrices et approximatives, fruits d’un manichéisme dichotomique primaire, qui ne fait qu’ajouter de l’huile sur feu.

Or, rien n’est là-bas ni tout noir ni tout blanc – mais tout est gris de plusieurs nuances. Depuis des années, les populations locales sont les otages de politiques toxiques fondées sur des propagandes idéologiques haineuses et exclusivistes. Le nationalisme et la religion deviennent des outils de manipulation des masses. La mauvaise foi règne, partagée des deux côtés de l’échiquier conflictuel.

Non, tous les Palestiniens ne sont pas des meurtriers assoiffés de sang juif ! Non, tous les Israéliens ne sont pas des tueurs d’enfants arabes ! Par contre, tous souffrent de cette situation qui n’en finit plus.

C’est notre rôle, à nous qui cherchons la paix, de ne pas choisir de camp et de rester neutre. Une paix authentique en Terre sainte ne sera possible que fondée sur la justice pour tous les protagonistes, et non sur la simple absence de violence ou sur le remplacement d’une injustice par une autre. La paix ne se fera pas au détriment des Israéliens et au bénéfice des Palestiniens, ou réciproquement, mais au bénéfice des deux, ensemble.

C’est pourquoi soutenir la paix, c’est soutenir les deux camps – pas les discours politiques, bien sûr, ni les gouvernements, mais les habitants eux-mêmes –, et servir de médiateur afin qu’ils trouvent d’eux-mêmes leur propres solutions à tous leurs problèmes.

Soutenir la paix, c’est aussi dénoncer les représentations partiales et malveillantes, quelle que soit la partie qui en est à l’origine. Oui, l’armée israélienne est une armée d’occupation. Oui, le terrorisme aveugle est du meurtre pur et simple. Oui, le gouvernement israélien viole les droits de l’homme. Oui, contester la présence historique des juifs en Terre sainte est un mensonge. Oui, un racisme anti-arabe existe chez certains juifs. Oui, un discours antisémite arabe s’entend dans certains cercles. Etc. – la liste est encore longue.

De nombreuses initiatives associatives locales existent, tant israéliennes que palestiniennes – et même souvent conjointes –, qui luttent pour une véritable justice et pour l’établissement d’une société apaisée et fraternelle. Innombrables sont les liens d’amitié qui ont pu être ainsi tressés par-delà les idéologies belliqueuses.

La violence vengeresse n’est jamais une réponse légitime – le sang versé n’arrangera jamais la situation. N’importons pas ici le conflit proche-oriental, mais exportons plutôt là-bas notre vision de la paix. La politique a été à l’origine du problème, les citoyens seront à l’origine de la solution.

Ne soyons pas idolâtres de concepts impersonnels et inhumains comme l’État, la Nation, les Frontières ou le Gouvernement, qui n’entraînent que conflits et souffrances individuelles.

Il faut remettre l’être humain au centre de nos préoccupations, dans tous ses droits et dans toute sa dignité. Ne sommes-nous pas tous créés à l’image de Dieu ? Puisqu’Il dit Lui-même (Genèse I, 26) : « À Notre image, selon Notre ressemblance (beṣalménu kidmûténu). »

*****
Rabbin orthodoxe, Gabriel Hagaï est enseignant-chercheur, philologue et paléographe-codicologue. Co-auteur avec Ghaleb Bencheikh, Emmanuel Pisani et Catherine Kintzler de La Laïcité aux éclats (entretiens avec Sabine Le Blanc, éd. Les Unpertinents, mai 2018).





Réagissez ! A vous la parole.

1.Posté par François Carmignola le 04/05/2018 21:11 | Alerter
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Tout est dit dans la conclusion. Inhumains l’État, la Nation, les Frontières ou le Gouvernement ? Et bien justement, pas du tout. C'est maladroit de le prétendre.

Quand au gouvernement tyrannique qui règne sur le territoire de Gaza, appelle à la destruction de l'Etat d'Israël au nom d'une Nation qui n'existe pas, et envoie des fanatiques se faire tuer en tentant de franchir une Frontière interdite, il est critiquable, mais humain, lui aussi.

2.Posté par HAGAÏ Gabriel le 15/05/2018 12:34 | Alerter
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L’horreur a passé un nouveau cap dans la tragédie Israël-Palestine. L’armée israélienne tire sur des manifestants massés du côté gazaoui de la frontière, faisant plus d’une cinquantaine de morts et des milliers de blessés, dont des enfants et des femmes. Du massacre pur et simple ! C’est cela la soi-disant armée « la plus morale du monde » ? Je suis en colère !
Le tir à balles réelles sur des civils désarmés est toujours un crime, quelles qu’en soient les raison avancées par le Gouvernement israélien. L’idéologie sioniste vient de montrer ici son vrai visage. Fonder un pays sur l’exclusion des non-juifs et sur le racisme nationaliste entraîne tôt ou tard l’engagement dans l’épuration ethnique. Sous couvert d’un discours sécuritaire, l’État d’Israël continue de violer les droits de l’Homme envers les Palestiniens. D’abord l’occupation armée des territoires, puis la suppression des droits civiques, et enfin la répression meurtrière. La spirale infernale est enclenchée – celle qui se répète malheureusement par-delà l’Histoire et la géographie.
B. Netanyahu et D. Trump sont des criminels de guerre. Ils ont sur leurs mains beaucoup de sang. Tôt ou tard, ils devront répondre de leurs crimes devant une cours de justice (internationale ou non) et devant Dieu. Tout d’abord, ils rendront compte des vies de tous ces Palestiniens, fauchées dans leur combat pour la liberté. Puis des vies de tous ces juifs assassinés par ceux qui manquent de discernement, croyant résoudre une injustice ...  

3.Posté par HAGAÏ Gabriel le 16/05/2018 08:10 | Alerter
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La dernière vidéo de Nas sur FB partage mon avis exposé ici :
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