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Points de vue

Fêtes religieuses : l’exercice pratique de la diversité pacifique

Par Ahmed Jaballah*

Rédigé par Ahmed Jaballah | Vendredi 24 Décembre 2010 à 00:39

           


Ahmed Jaballah : « La protection des lieux de culte, quelles que soient leurs obédiences, est l’affaire de tous, car ces lieux sont une expression de la diversité. »
Ahmed Jaballah : « La protection des lieux de culte, quelles que soient leurs obédiences, est l’affaire de tous, car ces lieux sont une expression de la diversité. »
Durant ce mois de décembre, les trois grandes communautés religieuses de France célèbrent des fêtes et des événements religieux importants : Hanoukka pour les juifs, la fête de Nativité pour les catholiques et le Nouvel An lunaire pour les musulmans. Ainsi, après avoir fêté l’Aïd Al-Adhâ (fête du sacrifice) en novembre, les musulmans accueillent en décembre le Nouvel An lunaire 1432, dont le dixième jour, achoura, est connu pour être un jour mémorable dédié au jeûne, car, selon la tradition musulmane, c’est pendant ce jour que Dieu a sauvé Moïse et ses adeptes du Pharaon et de son armée qui les poursuivaient.

Au-delà de la signification religieuse de chacune de ces fêtes, nous pouvons nous réjouir du fait que dans notre pays, en France, toutes ces communautés religieuses célèbrent leurs fêtes dans la paix et dans un esprit de tolérance. Quatorze siècles plus tôt, le Prophète Muhammad [SBDSL] a souligné l’importance de la célébration des fêtes musulmanes de l’Aïd, tout en rappelant que chaque communauté a également ses fêtes : « À toute communauté sa fête, et aujourd’hui c’est notre fête. » Cette affirmation met en évidence deux idées : d’une part, les fêtes sont un rituel important pour toute communauté et il faut, par conséquent, les respecter ; d’autre part, la reconnaissance de la diversité ne s’oppose en rien à la célébration spécifique de ses propres fêtes religieuses.

Cet équilibre entre la sauvegarde de l’identité religieuse et le respect de la diversité est un grand principe qu’il nous faut rappeler et enseigner sans cesse à nos communautés respectives. Les principes religieux doivent être un élément fort qui consolide la cohésion et la solidarité entre les différentes composantes de la société.

Ceux qui s’éloignent de cet esprit pour sombrer dans des attitudes de haine et d’affrontement trahissent leurs principes religieux avant même de porter atteinte à autrui. Les raisons des confrontations malheureuses qui se produisent entre des communautés religieuses dans certains pays du monde sont généralement issues de causes politiques ou sociales et sont justifiées tout à fait injustement par des raisons religieuses.

L’actualité nationale comme internationale nous fournit malheureusement des exemples d’événements condamnables qui concernent l’atteinte aux lieux de culte et à leurs occupants. Dernièrement, les attaques contre les églises en Irak, mais aussi l’atteinte à des mosquées en France, sont des événements qui ne sauraient trouver une quelconque légitimité, quelle soit religieuse ou politique, et contre lesquels chacun doit fermement s’élever.

Le Coran rappelle à ce titre le respect absolu à accorder à tous les lieux de culte et souligne que si les hommes manquent parfois dans leur vie au principe de justice, ils y sont, au fond d’eux-mêmes, extrêmement attachés, l’injustice leur étant profondément insupportable.

Ainsi, la protection des lieux de culte, quelles que soient leurs obédiences, est l’affaire de tous, car ces lieux sont une expression de la diversité, qui est la réalité des hommes. Ceux-ci sont en effet appelés, pour bien vivre cette diversité, à dialoguer sans vouloir contraindre l’Autre à sa vérité, car c’est à Dieu Seul qu’incombe la responsabilité de trancher sur les divergences. Devant le témoignage parfait de Dieu, le croyant doit être confiant dans la justice divine, et doit se préserver d’être lui-même injuste envers quiconque.



* Ahmed Jaballah est directeur de l’Institut européen des sciences humaines et islamiques de Paris (IESHIP), membre du Conseil européen de la fatwa et des recherches (CEFR) et membre du Conseil français de la finance islamique (COFFIS).


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