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Points de vue

En avant pour Gaza !

Par Nabil Ennasri *

Rédigé par Nabil Ennasri | Vendredi 25 Décembre 2009 à 17:18

           


1 720 enfants auraient perdu leurs parents lors de la dernière offensive israélienne. Aujourd'hui, on compte 55 000 orphelins à Gaza. (Photo : copie d'écran d'une vidéo AFP sur l'Institut de l'espoir, seul orphelinat de Gaza)
1 720 enfants auraient perdu leurs parents lors de la dernière offensive israélienne. Aujourd'hui, on compte 55 000 orphelins à Gaza. (Photo : copie d'écran d'une vidéo AFP sur l'Institut de l'espoir, seul orphelinat de Gaza)
La situation dans la bande de Gaza est proche de la catastrophe. Voilà près d’un an, le gouvernement israélien lançait son effroyable offensive qui plongeait cette petite bande de terre dans l’horreur. Au vu du monde entier, un peuple sans défense subissait les foudres d’une armée surpuissante qui déployait à son encontre une puissance de feu dévastatrice.

Devant un tel carnage et face au silence complaisant d’une communauté internationale impuissante, une conscience mondiale s’est indignée et s’est élevée pour dire non à la barbarie. Depuis, un large mouvement de solidarité en faveur de la cause palestinienne a vu le jour – en témoigne la prometteuse campagne de boycott d’Israël, BDS [1] – dont il est impératif aujourd’hui de prolonger les acquis.

Car la situation à Gaza– comme ailleurs en Cisjordanie – n’a fait qu’empirer depuis l’hiver dernier. Le million et demi de Gazaouis est toujours privé de tout, victime d’un blocus abject qui prive des centaines de milliers de familles des denrées alimentaires de base. La bande de Gaza n’échappe pour l’instant à la famine que grâce à l’assistance alimentaire des Nations unies. La majorité des habitants vit en dessous du seuil de pauvreté, le blocus a anéanti toute vie économique tandis que réapparaissent des maladies qu’on pensait appartenir au passé. Prise entre le marteau et l’enclume, Gaza prend désormais les allures d’un véritable camp d’internement, où la situation, déjà épouvantable, se dégrade jour après jour.

Le pire, c’est que cet embargo implacable risque de durer encore longtemps. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, les autorités égyptiennes viennent d’annoncer la construction d’une barrière en acier qui doit être déployée tout au long de la frontière avec la bande de Gaza et dont la profondeur pourrait aller jusqu’à 30 mètres sous terre !

L’objectif d’un tel projet est de mettre un terme à l’« économie des tunnels », qui représente pourtant la seule soupape permettant à Gaza d’échapper à l’asphyxie [2]. Si ce projet arrive à terme, la bande de Gaza, qui figure parmi les territoires les plus densément peuplés de la planète, sera totalement étranglée, parachevant ainsi les noirs desseins du gouvernement d’extrême droite de Benyamin Netanyahou.

Face à cette brutalité dont on a peine à réaliser l’ampleur, il est du devoir des citoyens de ce monde d’agir pour soulager la détresse d’un peuple qui souffre depuis plus de soixante ans d’une occupation qui n’en finit plus. Entre non-assistance à peuple en danger et impunité à l’égard d’un État agresseur, les États-Unis, l’Europe et le monde arabe ont fait le choix de la lâcheté.

À l’inverse de cette trahison, des millions d’individus ont décidé de ne pas laisser ce crime contre l’humanité se perpétrer dans le silence. C’est dans cet esprit que s’inscrit la « Marche de la liberté à Gaza » qui, initiée par le mouvement international de solidarité avec le peuple palestinien et soutenue par de nombreuses associations de défense des droits de l’homme, doit se rendre à Gaza le 27 décembre 2009, date qui marquera le premier anniversaire du début de l'agression israélienne.

Cette Marche, qui fera converger vers la porte de Rafah des milliers de volontaires provenant de plus de quarante pays du monde, constituera ainsi un moment fort illustrant cet élan de sympathie en faveur de ce peuple martyr [3].

Nous appelons toutes les consciences, éprises de justice et de dignité, à soutenir et à relayer cet événement majeur, dont l’objectif principal est non seulement de briser ce blocus infâme mais également d’inscrire dans la durée la solidarité avec la cause palestinienne qui ne doit plus être soumise aux aléas de la couverture médiatique du conflit. Et ce n’est pas la dernière annonce du gouvernement égyptien de nous refuser l’entrée de Gaza qui nous fera reculer. La démarche qui nous anime s’inscrit dans la non-violence et la légalité, mais surtout dans une détermination que rien ni personne ne pourra freiner.

Dans un récent éditorial, le journal Le Monde relevait au sujet de la situation des droits de l’homme en Russie que « maintenir derrière les barreaux un malade sans qu’il puisse bénéficier d’un traitement médical adéquat relève de la torture », ajoutant que cela s’apparentait à « un traitement inhumain prohibé par les articles 3 et 7 de la Convention européenne des droits de l’homme ».

Qu’en est-il quand ce même traitement est infligé non pas à un homme mais à près d’un million et demi d’individus ? Que dire, en plus, si ce déni d’existence dure depuis maintenant plus de trois ans ? Si la communauté internationale ne se donne pas les moyens de faire cesser cette brutalité d’un autre âge, il appartient à nous, citoyens, organisations de la société civile, syndicats et partis politiques, de briser ce mur du silence et de forcer Israël à respecter les droit élémentaires de la dignité humaine.

Aujourd’hui plus que jamais, le peuple gazaoui a besoin de notre soutien et de notre solidarité. Alors, en avant pour Gaza !


Notes :
[1] Campagne de “Boycott Désinvestissement Sanctions“ à l’égard d’’Israël lancée par des dizaines d’organisations de la société civile palestinienne en 2005 et qui prend de plus en plus d’ampleur dans le monde. En Europe, l’un des axes majeurs de cette campagne de boycott est la lutte contre l’implantation de la société israélienne Agrexco à Sète, dans le sud de la France. Voir notamment : www.bdsmovement.net et www.coalitioncontreagrexco.com ainsi que « Israël est-il menacé par une campagne de désinvestissement ? », Le Monde diplomatique, septembre 2009.
[2] Laurent Zecchini, « Le Caire tente-t-il de fermer les tunnels, seul moyen de survie de Gaza ? », Le Monde, 15 décembre 2009.
[3] Pour plus d’informations sur cette Marche et pour suivre son déroulement, voir notamment www.urgence-gaza.com ou europalestine.com.



* Nabil Ennasri est diplômé de l’Institut d’études politiques d’Aix-en-Provence, est actuellement étudiant en théologie musulmane à l’Institut européen des sciences humaines (IESH) de Château-Chinon. Il est également membre du Collectif des musulmans de France (CMF).







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