Ramadan

Ramadan : « Le feuilleton religieux rassemble les générations »

Questions à Yves Gonzalez-Quijano*

Rédigé par Mérième Alaoui | Vendredi 26 Juin 2015 à 08:00



Créée par la chaîne Middle East Broadcasting Centre (MBC), « Omar » est la plus grande production arabe, avec 30 000 acteurs et techniciens de 10 pays. La série compte 30 épisodes qui ont été tournés en 300 jours. Elle avait été diffusée pour la première fois durant le mois de Ramadan 2012. (Photo : © Middle East Broadcasting Centre)

Salamnews : Décrivez-nous une soirée télévisuelle ordinaire dans une famille arabe musulmane type.

Yves Gonzalez-Quijano : Généralement, au moment de la rupture du jeûne, toute la famille se réunit à table devant les chaînes généralistes qui passent un programme religieux assez court, que peu écoute vraiment car on est occupé à manger ! C’est avant tout un moment convivial. Après le repas, les générations vont se séparer. Les jeunes vont s’éclipser de leur côté avec tablette et ordinateur ou à l’extérieur. Les parents vont pour la plupart rester devant le poste central, pour suivre les feuilletons. Les personnes plus âgées vont les accompagner un peu mais veiller beaucoup moins tard.

Quel programme pour quel public ?

Yves Gonzalez-Quijano.
Yves Gonzalez-Quijano : Ce qui marque la programmation télévisuelle, ce sont vraiment les feuilletons, souvent adressés à un public féminin et adulte. Cela ne passionne pas vraiment les plus jeunes. Ces séries rassemblent le plus large public, on le voit clairement avec les nombreuses publicités qui les saucissonnent.

Les chaînes religieuses, elles, vont miser sur une émission spéciale avec des cheikhs médiatiques. Les adultes, notamment les femmes qui cuisinent, vont suivre en journée.

Les plus jeunes vont également regarder par séquence car ils aiment approfondir leurs connaissances religieuses. On l’a bien vu avec les séries religieuses de type « Omar ».

Il semble donc que le feuilleton religieux mette d’accord le plus grand nombre ?

Yves Gonzalez-Quijano : Il est vrai que le feuilleton religieux connaît un très large succès et rassemble les générations, depuis que les pays du Golfe s’y sont mis avec des techniques dignes d’Hollywood. Le meilleur exemple récent est vraiment la série qui retrace la vie du deuxième calife, Omar Ibn-Khattab. La production la plus chère de l’histoire du cinéma saoudien et qatarie. Les musulmans français ont bien accroché. Il n’y a pas de chiffres, mais j’en veux pour preuve les épisodes sous-titrés en français ou les nombreux échanges dans les réseaux sociaux.


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* Yves Gonzalez-Quijano est maître de conférences à l’université Lyon-2 et chercheur au Gremmo. Il est l’auteur, notamment d’Arabités numériques. Le printemps du Web arabe (Actes Sud/Sindbad, 2012).