Points de vue

Les mots piégés du débat républicain : à l’assaut du mot « populisme »

Rédigé par Pierre Henry | Mercredi 16 Mars 2022 à 11:00

Les mots qui fâchent, les mots du vocabulaire politique, souvent mal connus, employés de manière inappropriée, instrumentalisés sont nombreux. Ils se répètent et se buzzent en réseaux, confortant postures et partis pris. Ils font débat et nous divisent. Ce sont les mots piégés du débat républicain. Ces mots, nous allons les déminer, les expliquer ou simplement vous permettre de mieux les connaître. Le mot du jour ici décrypté : le populisme.



« Je ne suis personne. Je suis vous tous ou chacun d'entre vous. » Qui donc s'exprime ainsi ? Jair Bolsonaro au Brésil, Donald Trump aux États-Unis, Viktor Orban en Hongrie ? La liste n'est hélas pas limitative. Non, il s'agit de Chavez, Hugo de son prénom, ancien président du Venezuela. Hugo Chavez mania avec dextérité le « nous » contre le « eux », le peuple moral et pur contre l'élite corrompue, le bien contre le mal. Il était un leader populiste. Mais qu'est-ce que le populisme ?

Le terme populiste nous vient du latin populus, le peuple. Le mot fut utilisé de manière contemporaine pour désigner un parti politique américain de la fin du 19e siècle, « Le Parti du peuple », qui affirmait défendre les fermiers, soi-disant laissés pour compte par les partis traditionnels. En quoi le populisme est-il dangereux ? Après tout, les populistes souhaitent donner une plus grande importance à la parole du peuple.

Intuitivement, cela irait dans le sens de la démocratie. Oui, mais le populisme est un courant de pensée politique, une idéologie, une théorie politique. Le cœur du populisme est une tentative permanente de captation du peuple. Ils disent « nous sommes le peuple, il y a eux, les élites, les oligarques, et nous, le peuple ». Le populisme s'appuie sur une préférence pour la démocratie directe, le rejet des corps intermédiaires et la mise au pas des institutions non élues. Ils considèrent que la démocratie en général est structurellement corrompue par les politiciens et que la seule forme réelle de démocratie serait l'appel au peuple par le référendum.

Le populisme exprime un mécontentement social vis-à-vis du système politique. Il se traduit par un vote protestataire situé hors du système traditionnel. Il remet en cause l'indépendance et la séparation des pouvoirs de la justice, les droits fondamentaux comme le droit à l'avortement, le droit d'asile, la liberté de la presse. L'ensemble des contre-pouvoirs sont en général ciblés et détestés par les populistes. C'est en réalité ce qui constitue le cœur du système démocratique qui est attaqué. Les populismes sont divers. Ils peuvent être de droite ou de gauche. Ils ont pour trait commun l'autoritarisme, la croyance en un peuple pur, le culte d'un leader soutenu par la volonté générale.

Après être revenu sur l'origine du mot « populisme » et sa balade dans l'actualité, un intervenant nous aide à y voir encore plus clair. Ici Jacqueline Costa-Lascoux.

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Pierre Henry est le président de l’association France Fraternités, à l’initiative de la série « Les mots piégés du débat républicain », disponible également en podcast sur Beur FM.

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