Une manifestation en faveur des Ouïghours a été organisée mi-septembre 2022 à Paris, près de l'ambassade de Chine. © GG. Lozato
Ce sujet des Ouighours pour lequel on vous a senti impliqué, que représente-t-il pour vous ?
Philippe Bouriachi : Les idéaux que je représente m'inspirent. Depuis longtemps, les écologistes ont milité pour les conditions d'application des droits de l'Homme à travers le monde. Je dirais que nous sommes à la pointe sur les droits humains. Nous avons donc moins d'excuses que les autres pour ne pas réagir devant ce qui est en train de se passer et qui est inacceptable. Normalement, le mot « génocide » (utilisée pour dénoncer le traitement des Ouïghours dans une résolution adoptée par l’Assemblée nationale en janvier, ndlr) ne permet pas de rester inactif. Viols, tortures, la liste des atrocités est tellement longue.
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Alors en quelle qualité étiez-vous présent à la manifestation ?
Philippe Bouriachi : En tant qu'être humain, en tant que citoyen. Après aussi en tant que politicien qui doit montrer l'exemple ou, du moins, la voie. Je me devais d'être présent comme soutien moral avant tout. On doit faire preuve de compassion, de solidarité sans calcul devant la souffrance collective et les atrocités vécues individuellement (par les Ouïghours).
En suivant cette incitation, quelles démarches ou quel état d'esprit préconiseriez-vous ?
Philippe Bouriachi : Ça revêt plusieurs facettes. D'abord en Occident, nous devons apprendre à réfléchir pas uniquement en fonction du billet vert mais aussi en fonction des facteurs humains. De cette façon, nous serons mieux armés par la suite pour nous montrer vigilants économiquement. Il faut utiliser des armes financières ou commerciales contre la Chine, en restreignant des importations, si possible massivement.
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Voilà l'aspect le plus compliqué d'un éventuel programme de résistance : affronter la Chine et son Etat.
Philippe Bouriachi : Nous avons la chance de vivre en démocratie. Cette notion de démocratie est peut-être le meilleur outil de lutte. Nous réagissons de manière timide pour le moment. Après, nous pourrions instaurer un rapport de force. Il le faudra, question de volonté. On pourra l'instaurer en relançant notre influence.
Comment cela ?
Philippe Bouriachi : Par des moyens de pression et, si possible, de contrôle, notamment sur les conditions de travail, ça peut représenter une ouverture intéressante et légale, je le rappelle ! Après, il y a la subjectivité de chacun qui intervient. Par exemple, je préfère consommer en payant plus cher. C'est un moyen de s'opposer, donc de militer. Ainsi, pas de sang sur les mains venant de détenus vivant dans les camps de torture.
Et concernant la classe politique ?
Philippe Bouriachi : Alors là, ça tombe bien parce que je voulais aborder absolument cet aspect. Je suis déçu, révolté de constater une certaine inaction étalée sur des années. En plus de ce retard de réaction, les élus n'ont pas de courage. Oui, ils n'ont pas ce courage d'inciter au militantisme par la façon de consommer pour dénoncer des atteintes à la dignité humaine.
Philippe Bouriachi (à gauche). © GG. Lozato
A quoi est-ce dû à votre avis ?
Philippe Bouriachi : Au fait que des élus n'aient déjà pas cherché à s'informer et qu'ils restent là comme des incultes. D'autres restent sans réaction par manque de sensibilité ou par manque de réalisme. D'autres préfèrent s'abstenir par manque de courage alors qu'en démocratie, nous sommes protégés.
Après, d'autres entretiennent quelques intérêts avec des partenaires chinois... Et ça, ça pourrait être assimilable à de la corruption. Tous les politiciens de tous bords devraient pour une fois se concerter et se regrouper.
Après, d'autres entretiennent quelques intérêts avec des partenaires chinois... Et ça, ça pourrait être assimilable à de la corruption. Tous les politiciens de tous bords devraient pour une fois se concerter et se regrouper.
Quel serait votre mot de la fin ?
Philippe Bouriachi : Faisons preuve de civisme, n'oublions pas les Ouighours. Sinon demain, à qui le tour ? Et surtout, la classe politique est obligée de donner l'exemple, il en va de la sauvegarde de la démocratie.
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