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Economie

Abattage rituel : un étiquetage obligatoire pour mieux stigmatiser ?

Halal et casher

Rédigé par | Mercredi 24 Juillet 2013 à 00:00

           

« Instaurer un étiquetage obligatoire du mode d’abattage, selon des modalités non stigmatisantes. » C’est la proposition 39 de la mission sénatoriale sur la filière viande en France, qui a rendu public son rapport jeudi 18 juillet. Elle a déchaîné les critiques de la communauté juive. Du côté des musulmans, les réactions sont plus partagées. Une inquiétude reste commune : est-ce une première étape vers l’interdiction de l’abattage rituel ?



Abattage rituel : un étiquetage obligatoire pour mieux stigmatiser ?
Les 27 sénateurs de la mission commune d’information sur la filière viande en France ont rendu publiques leurs conclusions. Parmi les 40 propositions du rapport, la 39e préoccupe particulièrement les cultes musulman et juif : « instaurer un étiquetage obligatoire du mode d’abattage, selon des modalités non stigmatisantes » pour l’ensemble des viandes brutes et transformées.

La mission a été constituée à la demande du groupe UDI-UC du Sénat après le scandale de la viande de cheval, qui a éclaté en février 2013. Bien qu’elle n’ait eu « aucune conséquence connue en termes de santé publique », « la tromperie et les pratiques de l’industrie agroalimentaire révélées à cette occasion ont profondément choqué les consommateurs », indique le rapport adopté le 17 juillet. Cette affaire n’a pas épargné le secteur du halal.

Un étiquetage « non discriminatoire »

La mission a des objectifs clairs : « dresser un état des lieux de la filière viande, relancer le secteur, restaurer la confiance des consommateurs », nous indique sa rapporteure Sylvie Goy-Chavent. C’est sur ce dernier point que s’inscrit la proposition 39, votée « à l’unanimité » par les sénateurs.

« Nous insistons sur le caractère non stigmatisant de l’étiquetage. C’est une question de transparence et d’information pour tous les consommateurs » qui peuvent « acheter sans le savoir des viandes abattues rituellement mais déclassés » des filières halal et casher, explique la sénatrice (UDI) de l’Ain.

Les modalités de l’étiquetage n’ont pas encore été décidées mais « un système de codes pour indiquer les différents types d'étourdissement et les cas dans lesquels il n'y a pas d'étourdissement » est envisagé.

Le bien-être animal pour stigmatiser l’abattage religieux

Les cultes ne sont pas contre la transparence : ils la réclament tout autant. Toutefois, la stigmatisation de l’abattage rituel est sur un tout autre plan. La proposition a été discutée dans le cadre d’un débat sur le bien-être animal qui, bien que légitime, finit par conclure que l’abattage rituel est source de souffrances plus grandes pour les animaux. Il est même décrit dans le rapport comme « une exception aux règles du bien-être animal à l'abattoir », ce qui dérange profondément les représentants religieux.

Par ailleurs, les risques sanitaires liés à l'abattage rituel ont aussi été discutés. Aucun élément ne conclut pour l'heure à un risque plus accru mais l’étiquetage permettrait d'avoir « des statistiques fiables à ce sujet » à travers l'analyse des viandes, selon la mission. Se dirigerait-on ainsi vers une interdiction de l’abattage sans étourdissement préalable ?

Sylvie Goy-Chavent
Sylvie Goy-Chavent

La rapporteure, une opposante à l’abattage rituel

Cette inquiétude est aussi alimentée en raison des convictions profondes de Sylvie Goy-Chavent*. Elle a déposé, en novembre 2012, une proposition de loi visant à rendre obligatoire l'étourdissement des animaux avant tout abattage au nom du bien-être animal. En collaboration avec la Fondation Brigitte Bardot, elle avait pris une pleine page de pub dans Le Parisien dans pour promouvoir son texte malgré l'atteinte à la liberté de culte manifeste.

« Il ne faut pas mélanger » les travaux de la mission, « collectifs » et « mes convictions personnelles », nous répond-t-elle devant ce constat. « Je ne suis pas contre l’abattage rituel mais pour l’étourdissement systématique », dit-elle. Devant cette contradiction que nous relevons, elle répond que les communautés musulmane et juive des pays européens qui aujourd’hui interdisent la pratique ont bien réussi « à s’adapter » et que des représentants du culte musulman en France ne sont pas « farouchement opposés » à l’étourdissement.

Des propos inquiétants pour les cultes. Mais à ce stade, la mission « n’est pas favorable à une interdiction de l’abattage sans étourdissement, qui doit rester une dérogation ». L’instauration de l’étiquetage obligatoire du mode d’abattage est la seule proposition sur la table… pour le moment.

Des musulmans moins réticents à l’étiquetage...

Les responsables juifs ont été plus prompts à la dénoncer que les musulmans, traversés par des débats récurrents sur la licéité de l’étourdissement préalable avant l’abattage que pratiquent aujourd’hui notamment les Grandes Mosquées de Paris, de Lyon et d’Evry. Tous trois ont été auditionnés le 23 mai avec Mohammed Moussaoui, désormais ex-président du Conseil français du culte musulman (CFCM) qui avait, lui, martelé son opposition à l’étourdissement.

Ceux pour qui l’étourdissement rend illicite (haram) la consommation des produits carnés voient alors l’étiquetage comme un moyen de lutter contre le « faux halal ». Sylvie Goy-Chavent l’a bien compris et a repris cet argument à son compte pour promouvoir la proposition qu’elle soutient naturellement pour avoir été à l’initiative, en janvier 2013, d’un texte de loi similaire.

... mais inquiets

« Des musulmans peuvent être séduits par cette proposition qui leur permettrait d’éviter les viandes étiquetées "halal", alors qu’elles sont issues d’un abatage avec étourdissement. Cependant, il suffit de lire attentivement le rapport de la commission pour s’apercevoir que les objectifs de ceux qui demandent l’étiquetage sont ailleurs », réagit M. Moussaoui, en réaction à la publication du rapport.

« Ce n'est pas la volonté d'informer utilement le consommateur qui est à l'origine de la demande de l'étiquetage. C'est la volonté de mettre fin au statut dérogatoire de l'abattage rituel, en imposant l'étourdissement préalable à la mise à mort des animaux. La multiplication des contraintes imposées à l'abattage rituel vise à décourager les professionnels d'en faire ou d'accepter à le faire avec étourdissement », juge-t-il. Les cultes veillent, le rapport sera rediscuté à la rentrée au Sénat.

* Sylvie Goy-Chavent a fait savoir, après la publication du rapport de la mission, avoir porté plainte auprès du procureur de la République de Bourg-en-Bresse pour avoir été insultée et menacée de mort sur la Toile par des groupes juifs qui l’ont accusé d'« antisémitisme ». Le journal israélien JSSNews est notamment poursuivi pour la publication, le 13 juillet, d’un article titré « Abattage rituel : interdit en Pologne, une sénatrice antisémite (?) tente de l'interdire en France » et de ses commentaires. « Je suis choquée par de telles réactions », qui contraste avec celles « très courtoises du culte musulman ».



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Réagissez ! A vous la parole.

1.Posté par saïm le 24/07/2013 17:09 | Alerter
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L'udi qui n'est qu'un satellite du parti xénophobe l'ump, a trouvé un moyen de faire plaisir aux fachos tout en jouant la carte de la citoyenneté, fidèle à son double jeu. Et à quoi et sur qui se basera l'étiquetage halal alors que la moitié ou plus des viandes dites halal ne le sont pas! Et si un jour ils interdisent le halal, se doutent ils que des musulmans vont improviser des abattoirs sauvages?!

2.Posté par Abdel le 24/07/2013 17:29 | Alerter
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Arrêtez donc de servir la soupe a jss news. En tant que musulman, cela m'enchante qu'il y ait traçabilité. Cela permettra de faire la lumière en ce qui concerne ce buisness du hallal.

3.Posté par Dadi le 24/07/2013 21:57 | Alerter
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Pourquoi tracer la viande ayant subie un rite religieux et en informer le consommateur ?
Simplement car les consommateurs ne souhaitent pas qu'on leur impose de financer une religion.
En effet, pour chaque kg de viande hallal/casher achetée, 50 centimes d'euros est reversé au culte de la religion en question.

4.Posté par .Jughurta le 25/07/2013 11:13 | Alerter
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Le Recteur de la Grande Mosquée de Paris, le Dr Dalil Boubakeur, président du Conseil Français du Culte Musulman avait déclaré, en février 2006 dans un entretien à Filières Avicoles : « J’ai personnellement assuré à Brigitte Bardot, lorsque je l’ai rencontrée, que l’Islam n’est pas hostile à l’étourdissement mais à condition qu’il ne soit pas irréversible ».

La réversibilité de l’étourdissement des animaux d’abattoir a été établie, en décembre 2006, par l’Académie vétérinaire de France qui a remis un rapport, aux ministères de l’Agriculture et de l’Intérieur, dans lequel on peut lire : « L’étourdissement électrique des animaux de boucherie, et notamment des ovins, est réversible s’il est correctement appliqué ; l’animal soumis à cette forme d’étourdissement reste vivant, mais dans un état d’inconscience et d’insensibilité à la douleur ». Alors, qu'attend-on ? Le débat est dépassé, non ?

5.Posté par .Jughurta le 25/07/2013 11:13 | Alerter
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Le Recteur de la Grande Mosquée de Paris, le Dr Dalil Boubakeur, président du Conseil Français du Culte Musulman avait déclaré, en février 2006 dans un entretien à Filières Avicoles : « J’ai personnellement assuré à Brigitte Bardot, lorsque je l’ai rencontrée, que l’Islam n’est pas hostile à l’étourdissement mais à condition qu’il ne soit pas irréversible ».

La réversibilité de l’étourdissement des animaux d’abattoir a été établie, en décembre 2006, par l’Académie vétérinaire de France qui a remis un rapport, aux ministères de l’Agriculture et de l’Intérieur, dans lequel on peut lire : « L’étourdissement électrique des animaux de boucherie, et notamment des ovins, est réversible s’il est correctement appliqué ; l’animal soumis à cette forme d’étourdissement reste vivant, mais dans un état d’inconscience et d’insensibilité à la douleur ». Alors, qu'attend-on ? Le débat est dépassé, non ?

6.Posté par C. Martel le 25/07/2013 16:00 | Alerter
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" Ce n'est pas la volonté d'informer utilement le consommateur qui est à l'origine de la demande de l'étiquetage. C'est la volonté de mettre fin au statut dérogatoire de l'abattage rituel, en imposant l'étourdissement préalable à la mise à mort des animaux. »

Et alors ? Où est le problème ?
Dans ce pays, les animaux ont des droits, même les bêtes d'abattoirs : la loi leur a accordé celui de ne pas souffrir gratuitement quand la souffrance peut leur être épargnée....
A quoi bon cette dérogation barbare, quand on sait que l'étourdissement préalable (perte de conscience avec réversibilité, et non pas mort) n'interdit pas l'abattage rituel.
Je regrette personnellement que la France ne suive pas l'exemple de pays européens qui refusent ces pratiques cruelles (Pologne, Pays-Bas, entre autres...). « On peut juger de la grandeur d'une nation par la façon dont les animaux y sont traités. », Gandhi.

Rien que cette mort atroce infligée aux animaux (videos sur le Net qui montrent bien la différence entre l'égorgement à vif religieux et l'abattage traditionnel) suffit à inspirer de la répulsion envers l'islam. On en a moins vis-à-vis de la religion hébraïque dans la seule mesure où l'abattage casher concerne un nombre fort réduit d'animaux et qu'on risque moins de se retrouver avec de la viande casher qu'avec de la viande halal dans son assiette !

En effet, le pire, c'est que faute d'étiquetage, le non-musulman peut manger halal malgré lui et à son insu, ce qui est inacceptable.
On trouve ...  

7.Posté par papabemba le 25/07/2013 17:13 | Alerter
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Douze années passées auprès de diverses chaînes d'abattage, ce que je vais dire est l'avis quasi général de tout le personnel des abattoirs. Tout abattage rituel est source d'énorme souffrance, et davantage si le sacrificateur est maladroit, ce qui n'est pas très rare. Pour tordre le cou à quelques fausses vérités : la saignée après étourdissement est aussi complète, voire plus, après étourdissement, que "rituel". (L'animal égorgé est conscient, il peut même "retenir son sang", réflexe de survie. De plus le problème de "tiquetage", conséquence d'un stress extrême sur un animal puissant & jeune généralement, (nombreuses taches de sang à l'intérieur des muscles rendant la viande impropre), est essentiellement constaté avec les abattages rituels. Les quartiers avant des animaux rituels sont aussi plus chargés en bactéries, à tel point qu'un leader du steack haché les exclue pour améliorer la qualité bactériologique. *****Je demande à l'inverse des pseudo "stigmatiseurs & stigmatisés" un label positif d'abattage moderne, conforme à nos lois, nos traditions de bien-traitance animale & aux réalités scientifiques contemporaines : label symbolisé par une icone à définir au niveau national, puis international (colombe, cœur, rameau d'olivier, etc...?? ). Ainsi, les nouveaux "stigmatisés" seront les amis des animaux, qui s'en ficheront complètement d'être "stigmatisés" voire "phobisés" ! ***** Cordialement à tous & toutes, et à votre disposition pour toute information fondée sur l'é...  

8.Posté par Heimdall le 25/07/2013 17:54 | Alerter
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NON IL N'EST PAS DEPASSE! Vous raisonnez comme si vous étiez les seuls à avoir des interdits religieux! Les catholiques en ont aussi, dont celui de ne pas manger de viande consacrée à une idole! Hors Mahomet et votre vision de la foi ne sont pas les nôtres!

Actes 15, 23-29 "L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé de ne pas vous imposer d’autres charges que celles-ci, qui sont indispensables: vous abstenir des viandes immolées aux idoles, du sang, des chairs étouffées et des unions illégitimes". Le concile de Jerusalem confirme cette prescription, une des plus ancienne de notre religion!

En faisant consommer à son insu une viande consacrée aux catholiques, nous nous renions, en appliquant la même logique que vous, les musulmans, appliquez pour imposer votre halal: "si on ne consomme pas de viande conforme à notre religion on renie notre foi!"

Si vous hurlez au respect de votre foi, ayez la décence de permettre à ceux qui composent l'essentiel de cette nation, et présents depuis des siècles, de l'appliquer!

http://www.cie.ugent.be/aldeeb2.htm

9.Posté par papabemba le 25/07/2013 22:06 | Alerter
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au respectable C.Martel, ***** Permettez-moi de relever une très grave erreur dans vos allégations, avec 12 années de responsabilités dans plusieurs abattoirs, vous pouvez me considérer comme très qualifié sur le sujet. Je ne prendrai parti pour aucune religion, simplement voici les faits. En simplifiant à l'extrême, ***** La totalité des animaux sacrifiés "hallal" (signifie "licite selon la charia, mais illicite selon nos lois ) est estampillée "hallal" en carcasses ou quartiers. Ensuite cette viande est écoulée à la découpe ou transformation, en majeure partie dans le circuit religieux, & dans une moindre mesure "dégriffée" pour les consommateurs lambda. ******** Pour le rite juif, il en est tout autrement. Les rabbins sacrificateurs doivent égorger vifs 100 gros bovins, pour n'en retenir que 30 en moyenne, conformes aux curieuses exigences talmudiques (à 100 lieues de nos principes d'hygiène alimentaire). Donc 70 bovins ont souffert pour rien, & seront mangés sans aucun label par les consommateurs lambda (je souligne qu'ils pourraient être reclassés en hallal , rien ne s'y oppose en principe !). En outre une proportion notoire de la viande des 30 bovins talmudiquement conformes, ne sera pas kachérisée, il s'agit des morceaux dits "impurs", comme les arrières. **** Conclusion : pour sortir l'équivalent viande de 18 bovins en "kacher", il faut égorger douloureusement 100 animaux. (Evaluation personnelle & honnête, faite avec les responsables d'une chaîne d'abattage en 201...  


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