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Religions

L’abattage rituel et l’étourdissement : les réponses halal de Mohammed Hawari

Rédigé par | Lundi 28 Novembre 2011 à 09:21

           

Le débat sur le halal, ravivé par le texte de salafs.com, a suscité certaines interrogations. Saphirnews a souhaité avoir l’avis du théologien Mohammad Hawari*, responsable du contrôle halal au centre islamique Aachen, en Allemagne, également membre du Conseil européen de la fatwa et de la recherche (CEFR) présidé par Youssef Al-Qardawi, sur l’interdiction de l’étourdissement préalable et l’abattage mécanique.



L’abattage rituel et l’étourdissement : les réponses halal de Mohammed Hawari
Le halal est devenu, avec le temps, un sujet sensible parmi les musulmans, susceptible de conduire à de nombreuses polémiques. La question de l’étourdissement préalable est au centre des discussions. Comme une grande partie de ses coreligionnaires, Mohammad Hawari désapprouve, sur le principe, l’étourdissement de l’animal avant l’abattage.

Cependant, plusieurs pays européens, à l’instar de la Suède, de la Norvège, de la Suisse, de l’Islande et de l’Autriche, exigent l’étourdissement préalable. « Si une législation exige cet étourdissement, il est permis pour les musulmans de l’effectuer à condition que l’animal reste vivant avant l’abattage », nuance-t-il. « L'étourdissement des animaux et des oiseaux, si nécessaire, doit être effectué en utilisant une méthode qui requiert une certaine force approuvée par les autorités sanitaires et islamiques » afin de garantir au mieux le bien-être animal, ajoute-t-il.

Mohammad Hawari
Mohammad Hawari

Pas d’étourdissement préalable… sauf exception

Pour appuyer ses dires, il met en avant une étude théologique et scientifique effectuée par une commission présidée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et la Ligue islamique mondiale en 1984 et la décision du Conseil de la jurisprudence (Fiqh) de Djeddah en 1997, dans lesquelles l’égorgement sans étourdissement est présenté comme la meilleure des solutions… mais où est aussi expliqué la manière dont l’assommage de l'animal peut se faire [lire ici la traduction]. L’utilisation du dioxyde de carbone y est toutefois formellement prohibée et le pistolet est fortement déconseillé. Seul l’étourdissement électrique peut être envisagé pour le bétail.

L’interdiction de cette méthode n’est donc pas stricte, ce qui appuie les thèses présentées par salafs.com. Mais c’est la contrainte qui doit amener les musulmans à opter pour cette solution, selon M. Hawari.

Il considère d’ailleurs que l’interdiction prochaine aux Pays-Bas de l’abattage sans étourdissement est « une attaque au droit des musulmans de pouvoir abattre les animaux selon leur rite », indique-t-il, citant une étude scientifique et expérimentale effectuée à l’Université catholique de Louvain, qui aurait affirmé dès 1994 que « l’abattage rituel des juifs et des musulmans est beaucoup plus confortable pour l’animal qu’avec un étourdissement préalable ». « C’est une étude importante car elle est menée par une université catholique », précise-t-il.

L’abattage mécanique, un non-problème sous conditions

Quant à l’abattage mécanique, rien dans les Textes ne vient interdire cette pratique, rappelle M. Hawari. Si certains encouragent la méthode d'abattage à la main, les pays musulmans sont nombreux à avoir accepté que les animaux soient abattus par des machines.

« Toutefois, lorsque l'abattage mécanique est utilisé, le processus doit être contrôlé par un nombre suffisant de musulmans », qui vérifient que l’animal est bien vivant avant l’abattage et que la lame du couteau mécanique a bien tranché a minima l'œsophage et la trachée.

L’avis de M. Hawari est à considérer parmi tant d’autres, mais il a toute son importance.


*Mohammad Hawari est également professeur en pharmacie, chimie pharmaceutique industrielle et chimie alimentaire, expert auprès du Conseil de la jurisprudence (Fiqh) de La Mecque et Djeddah et consultant auprès de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).



Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur



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