Sur le vif

Netanyahu sèche les funérailles de Mandela, ce qu'il ne dit pas

Rédigé par | Mardi 10 Décembre 2013 à 06:00



Benjamin Netanyahu sèche la grande cérémonie officielle d'hommage à Nelson Mandela, programmées mardi 10 décembre à Soweto, près de Johannesburg. Le Premier ministre israélien aurait-il avoué combien les idées prônées par le défunt leader sud-africain ne sont absolument pas en accord avec la politique israélienne menée depuis des décennies à l'égard des Palestiniens, qualifiée par ailleurs de politique d'apartheid par de très nombreux défenseurs des droits de ce peuple ?

Non, il n’en est rien, et ce alors que Nelson Mandela et Desmond Tutu, archevêque émérite du Cap et Prix Nobel de la Paix, furent parmi les soutiens du Tribunal Russel pour la Palestine qui avait, lors de la troisième session, déclaré coupable Israël de crime d’apartheid en Afrique du Sud en novembre 2011.

Les autorités israéliennes, qui étaient très proches de l’ancien régime sud-africain avant sa chute en 1991, se sont justifiées avec un argument officiel qui ne convainc pas les masses : les frais de voyage vers l’Afrique du Sud seraient trop élevés. Le transport du chef du gouvernement et de son personnel de sécurité coûteraient jusqu’à 1,45 million d'euros (7 millions de shekels) selon les médias israéliens, ce qui l’aurait poussé à annuler son départ « en dernière minute ». Son train de vie est actuellement critiqué par l'opinion publique en raison de ses nombreuses dépenses personnelles effectuées aux frais des contribuables.

Shimon Pérès comme Benjamin Netanyahu n'ont cependant pas manqué de présenter, dès l'annonce du décès de Madiba, leur « respect » pour « le personnage le plus honorable de notre époque ». Des déclarations de circonstance hypocrites - pas les seules - face à la situation d'occupation et de colonisation qui perdure à ce jour en Palestine, couplée de l'histoire, très évoquée par les experts, des relations étroites entre Israël et le régime ségrégationniste combattu par Mandela.

Du côté palestinien, Nelson Mandela est hautement estimé pour son combat qui inspire tout un peuple en quête de liberté. L’ex-leader de l’OLP Yasser Arafat fut longtemps un compagnon de route du héros sud-africain. « Notre liberté est incomplète sans la liberté des Palestiniens » : cette phrase prononcée après sa libération en 1990 est gravée dans les mémoires.

« Vous êtes beaucoup plus qu’une inspiration. (…) Le jour où vous êtes sorti de prison, (…) vous portiez une promesse bien au-delà des frontières de votre pays, la promesse que l’oppression et l’injustice seront vaincues. Au fond de ma cellule, je me rappelle sans cesse cette démarche et je poursuis moi-même cette quête, et tous les sacrifices deviennent supportables dans la seule perspective qu’un jour, le peuple palestinien puisse accéder aussi à la liberté, à l’indépendance, et que ce pays puisse vivre finalement en paix », a écrit le 6 décembre Marwan Barghouti, emprisonné depuis 2002 par Israël. Il a honoré dans sa lettre « le combattant de la liberté, le négociateur et faiseur de paix, le commandant militaire et l’inspirateur de la résistance pacifique ».

Mahmoud Abbas, qui a salué la mémoire d’« un symbole de la libération du colonialisme et de l’occupation pour tous les peuples aspirant à la liberté », a annoncé se rendre aux obsèques. Plus de 100 autres dirigeants et personnalités du monde entier se retrouveront à cette occasion.

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Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur