Société

« Guerre civile » : vif débat entre Le Pen et Macron autour du voile

Rédigé par Lina Farelli | Jeudi 21 Avril 2022 à 07:45

A quelques jours du second tour de l'élection présidentielle, la question du voile s'est de nouveau invitée dans le débat public jusqu'à occuper le devant de la scène politico-médiatique au détriment de questions autrement plus prioritaires. Tandis que Marine Le Pen affiche sa volonté ferme d'interdire ce signe religieux dans l'espace public, Emmanuel Macron a réaffirmé les raisons de son opposition totale à cette mesure lors du débat de l'entre-deux tours.



Marine Le Pen est décidée à interdire le voile - et aucun autre signe religieux à ce stade - dans l'espace public si elle est élue présidente de la République. Alors que cette mesure discriminatoire fait couler beaucoup d'encre ces derniers jours, les candidats ont eu l'occasion de revenir dessus au cours du débat de l'entre-deux tours les opposant, mercredi 20 avril, à la télévision.

Emmanuel Macron a pointé le risque d'une « guerre civile » si une telle interdiction devait être édictée. « C'est très grave parce que, ce que vous dites, c'est que des gens n'accepteraient pas de se soumettre à la loi ! », a alors lancé celle pour qui l'interdiction du voile permettrait de « libérer » l'ensemble des femmes musulmanes voilées d'une supposée emprise « islamiste ».

« Mme Le Pen, ce que vous dites est très grave. Je suis en train de vous dire que la France, patrie des Lumières, serait le premier pays au monde à interdire les signes religieux dans l'espace public », lui a répondu le président sortant, indiquant que sa mesure, en plus d'être « infaisable » pour des raisons constitutionnelles, est contraire au « respect de nos valeurs ».

« Une trahison de ce qu'est l'esprit français »

« D'une question sur le voile vous êtes passée au terrorisme pour revenir aux islamistes puis aux étrangers, a-t-il tancé. Vous créez un système d'équivalence qui confond tous les problèmes et qui les entretient. Ce que vous proposez est une trahison de ce qu'est l'esprit français. »

« La laïcité, ce n'est pas combattre une religion. Donc, avec moi il n'y aura pas l'interdiction du foulard, ni de la kippa ni de quelque signe religieux, dans l'espace public. Le principe d'égalité, c'est que si vous rentrez dans cette logique Madame Le Pen, vous interdirez tous les signes religieux dans l'espace public et pas simplement le foulard », a aussi fait part Emmanuel Macron.

Ce dernier a assuré au passage que l'islamisme contre lequel sa rivale de l'extrême droite veut lutter à travers l'interdiction du voile, « je l'ai combattu comme aucun président avant moi et comme aucun gouvernement. Par une loi, que vous n'avez pas votée » en référence à la loi dite séparatisme.

Au cours des trois heures de débat, les deux candidats ont exprimé chacun une vision bien différente de la France à travers divers sujets comme les retraites ou encore l'écologie. Est-ce pour autant plus clair pour les Français ? Les électeurs sont appelés à trancher entre les deux projets dimanche 24 avril.

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