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Birmanie : l'émotion autour des Rohingyas grandit parmi les musulmans de France

Rédigé par Linda Lefebvre et H. Ben Rhouma | Jeudi 7 Septembre 2017 à 16:30

Plusieurs organisations musulmanes de France se sont élevées contre la répression qui s’est intensifiée ces dernières semaines à l’égard de la minorité Rohingyas en Birmanie (Myanmar). Zoom sur les réactions parvenues à Saphirnews.



Plusieurs organisations musulmanes de France se sont élevées contre la répression qui s’est intensifiée ces dernières semaines à l’égard de la minorité Rohingyas en Birmanie (Myanmar). © EU/ECHO/Pierre Prakash pour la Commission européenne
Le sort des Rohingyas ne laisse pas indifférent les musulmans de France. Alors que les exactions de l'armée birmane à l'encontre de cette minorité musulmane sont monnaie courante depuis des années, les organisations musulmanes de France se sont élevées contre la répression qui s’est intensifiée ces dernières semaines en Birmanie et qu'elles qualifient de « génocide ».

Pour l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), aujourd'hui appelée Musulmans de France, « l’opération militaire actuelle dans l’Etat de l’Arakan est une purification ethnique durant laquelle la minorité rohingya est attaquée et chassée » et qui donne lieu à « une crise humanitaire sans précédent ».

Le Rassemblement des musulmans de France (RMF) en appelle, de son côté, à « faire cesser l’extermination de populations civiles qui essayent de fuir vers le Bangladesh » tandis que l’Union des mosquées de France (UMF) condamne un « déferlement de la haine et de la barbarie contre ce peuple le plus persécuté du monde », rejointe par la Grande Mosquée de Paris qui dénonce une « persécution sauvage » contre l’un des peuples les plus persécutés au monde.

La France appelée à se mobiliser en faveur des Rohingyas

Dans ce contexte, les organisations musulmanes à l'instar de l'UOIF « appelle la France, l’Union Européenne et l’ONU à intervenir pour protéger ces hommes, ces femmes et ces enfants ». Anouar Kbibech, président du RMF, exhorte également les autorités françaises et internationales « à agir au plus vite et avec la plus grande vigueur pour faire cesser l’extermination des populations civiles ». Il souhaite des « hommes politiques de tout bord et tous les citoyens (...) à exprimer leur solidarité et à s’associer à toutes les initiatives qui peuvent soulager le calvaire des populations civiles ».

Fin août, le Conseil français du culte musulman (CFCM) avait dénoncé la tragédie en cours en déclarant son appui aux « démarches diplomatiques du président Emmanuel Macron afin de résoudre pacifiquement ce génocide ». Néanmoins, pour l'heure, l'Elysée ne s'est pas exprimé publiquement sur ce dossier.

Le ministère français des Affaires étrangères s'est dite « préoccupée par l'aggravation de la situation sécuritaire et humanitaire dans l'Arakan » et a appelé le 1er septembre à « la cessation des violences contre les populations civiles contraintes de fuir massivement », rappelant la nécessité « qu'une solution politique soit trouvée pour mettre fin à ce cycle de violences ». Dans le même temps, la France a réitéré « (son) soutien au gouvernement birman pour mettre en oeuvre les recommandations de la commission consultative pour l'Etat de l'Arakan présidée par Kofi Annan ». Une initiative qui a été largement dénoncée par Rangoun (Yangon) même.

Rejoignant l’appel à une mobilisation politique, l'UMF dénonce la récente déclaration de la cheffe du gouvernement birman, Aung San Suu Kyi « qui tente de minimiser la tragédie des Rohingyas ». L’UMF tient néanmoins « à rester vigilant quant aux images relayées et aux expressions utilisées afin d’éviter tout amalgame ou confusion avec l’immense majorité des bouddhistes et des valeurs que prône le bouddhisme ». Pour rappel, le dalaï-lama avait exhorté les moines bouddhistes par le passé à respecter les droits des Rohingyas.

De la nécessité d’une mobilisation solidaire

Alors qu'un appel des responsables des mosquées de Lyon et de sa région à consacrer le sermon du vendredi (khotba) à la situation des Rohingyas a été lancé mercredi 6 septembre, les organisations musulmanes appellent leurs coreligionnaires à la solidarité.

L'UOIF invite les citoyens « à participer à toute action visant à défendre (…) ou à apporter une aide humanitaire d’urgence » tandis que l’UMF exhorte « les musulmans de France à soutenir les ONG qui œuvrent pour le secours des populations exilées ». Les imams et responsables de mosquées sont appelés à « organiser des collectes auprès des fidèles à destinations des organisations humanitaires ».

Le Secours islamique est de ces quelques grandes organisations à avoir lancé un appel aux dons pour faire face à la crise humanitaire en Birmanie. « La souffrance des Rohingyas doit cesser immédiatement. Les organisations humanitaires doivent pouvoir intervenir sans restriction pour porter secours à ces enfants, ces femmes et ces hommes qui tentent simplement de survivre », a-t-elle fait savoir cette semaine. L'aide humanitaire pourrait être difficile à acheminer, le Myanmar ayant notamment restreint, selon Amnesty International, les aides des Nations Unies à destination des Rohingyas.

Des mobilisations en vue

« L'État d'Arakan est au bord d'une catastrophe humanitaire. Rien ne saurait justifier de priver d'une aide vitale ceux qui en ont besoin », a déclaré Tirana Hassan, directrice du programme Réaction aux crises au sein de l’ONG. « En bloquant l'accès des organisations humanitaires, les autorités mettent la vie de dizaines de milliers de personnes en danger et font preuve d'un mépris terrible pour la vie humaine. »

Des manifestations s'organisent à travers la France. Parmi les associations qui s'activent, figure le collectif Halte au massacre en Birmanie (HAMEB), qui prépare une mobilisation à Paris.* Le Conseil régional du culte musulman (CRCM) Alsace a appelé, jeudi 7 septembre, à une manifestation le 16 septembre devant le Parlement européen de Strasbourg.

*Mise à jour : Une grande manifestation est finalement programmée pour le 16 septembre à Paris. Quant à la manifestation à Strasbourg, elle a reçu le soutien de l'Union bouddhiste de France (UBF) et de la Communauté bouddhiste d'Alsace (CBA).

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