Ramadan

Aïd al-Fitr 2021 : les mosquées de France confrontées à des choix opposés pour la prière de fin du Ramadan

Rédigé par | Mercredi 12 Mai 2021 à 20:25

Pour l’Aïd al-Fitr, de nombreux musulmans ont pour coutume de se rendre à la mosquée pour y accomplir la traditionnelle prière matinale en collectivité. Mais cette année, Covid-19 oblige, ces déplacements seront compliqués par les restrictions sanitaires, contraignant les responsables des lieux de culte à faire des choix diamétralement opposés.



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Le plus souvent, l’Aïd al-Fitr rime avec rassemblements et prières collectives qui marquent la fin du mois du Ramadan. Ces habitudes seront, pour la deuxième année consécutive, bousculées par la crise sanitaire. Cette fois, les autorités ont interdit aux municipalités de mettre à disposition des responsables associatifs des espaces publics non destiné à l'exercice du culte, interdisant de fait les regroupements en dehors des mosquées à l’occasion de cette célébration.

Les dates de fin du Ramadan et de l'Aïd al-Fitr 1442/2021 sont confirmées pour tous le même jour.

Si cette décision est motivée par la crise sanitaire, elle n'en reste pas moins difficile à digérer pour des mosquées qui ont l'habitude d'organiser la prière de l'Aïd hors de leurs murs faute de places pour accueillir un nombre de fidèles plus important qu'en temps normal. Alors que le jour de l'Aïd tombe sur un jour férié, elles sont contraintes de revoir leur organisation. Entre prières en rotation et fermeture au public, les mosquées de France tranchent dans le vif.

Des prières en plusieurs session pour les unes

Des gestionnaires des mosquées s’adaptent tant bien que mal à la situation, et font en sorte de répondre présentes en mettant en place plusieurs sessions de prière de l'Aïd de sorte à tenir compte des règles sanitaires en vigueur.

Ce système de prière en rotation est l'option choisie par l’Association cultuelle des musulmans de Courbevoie (ACMC), dans les Hauts-de-Seine. Afin de contrôler le flux de participants dans sa mosquée, son organisation est exemplaire. Ses responsables comptent mettre en place jusqu'à cinq sessions de prière entre 6h30 et 9h15 avec une capacité d’accueil limitée à 300 personnes. Tous les offices, à l'exception de la toute première session, sont accessibles au public sur présentation d’un ticket virtuel uniquement. Des places qui valent chères puisque les sessions sont déjà toutes complètes. Le créneau de 6h30 a dû être ajouté par les administrateurs du lieu de culte pour les fidèles prêts à se lever plus tôt.

Toutefois, et quelle que soit la session, les fidèles sont invités à venir masqués avec leur tapis de prière personnel et « à rester vigilants face au Covid-19 ». L’ACMC appelle, en outre, les plus fragiles à ne pas se rendre à la mosquée, rappelant que l'accomplissement de la prière de l’Aïd al-Fitr en groupe est recommandé mais pas obligatoire.

A Romilly-Sur-Seine, dans le Grand-Est, les prières en rotation est aussi l'option choisie. Ainsi, la mosquée Al-Rahma prévoit l’instauration de deux sessions de prières. Une première à 7h30 réservé aux hommes, et une deuxième à 9h30, cette fois ouvert à tous sauf aux enfants de moins de 15 ans. Mais l'association n'a pas demandé aux fidèles de réserver leurs places : ce sera aux premiers arrivés d'être servis. Un système que de nombreuses mosquées ont adopté, non sans risque de voir se créer des attroupements devant les portes. Un risque auquel les responsables devront être vigilants.

La fermeture pour les autres

C'est le cas de la mosquée Essalem, dans le 3e arrondissement de Lyon. Ses responsables ont annoncé la tenue jeudi 13 mai de quatre offices entre 6h45 et 9h, ce dernier moment de prière collective étant exclusivement réservé aux femmes. Si la mosquée permet à ses fidèles de se rendre à la mosquée en ce jour de fête, elle enjoint, comme ailleurs, ses fidèles à « respecter le protocole sanitaire mise en place » qui prévoit la distanciation physique.

En revanche, de nombreux lieux de culte préfèrent jouer la carte de la sécurité en faisant le choix de rester fermés au public. C’est le cas de la mosquée de Maurepas, dans les Yvelines. « Les contraintes sanitaires restreignent la capacité d'accueil des fidèles. Afin d'éviter tout débordement, nous avons le regret de vous informer que la célébration de l'Aïd el-Fitr n'aura pas lieu dans notre mosquée. Nous invitons l'ensemble des fidèles à rejoindre les autres mosquées afin d'accomplir le rituel dans les meilleures conditions », a fait savoir dès le 8 mai l’Association des musulmans de Maurepas.

La même décision a été prise par la mosquée de Corbeil-Essonnes. « Cette année, nous sommes malheureusement dépendants de plusieurs facteurs qui, contre notre volonté nous empêchent de pouvoir assurer la prière au sein de notre mosquée », a-t-elle fait savoir sur ses réseaux sociaux mercredi 12 mai.

« En utilisant uniquement les espaces de la mosquée, nous étions contraints d'utiliser les espaces extérieurs afin d'accueillir un maximum de personnes tout en respectant les mesures sanitaires en vigueur. » Or, « nous sommes également dépendants de la météo, et au vu des conditions climatiques défavorables prévues pour (la matinée du 13 mai), il ne semble pas possible d'utiliser les espaces extérieurs », poursuit-elle, avant d’annoncer son regret de ne pas pouvoir célébrer la prière. « Sachez que nous avons toujours veillé à privilégier la santé et la sécurité de tous les fidèles. »

Pour ces musulmans, la possibilité leur est offerte de faire la prière de l'Aïd à la maison, qui aura au moins l'avantage de limiter les contacts sociaux dont se nourrit la propagation du nouveau coronavirus et de ses variants.

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