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Société

Y'a Bon Awards : que du lourd pour l'édition 2015 !

Rédigé par | Dimanche 14 Juin 2015 à 09:00

           


La 6e édition des Y'a Bon Awards 2015 se sont déroulés vendredi 12 juin au Cabaret Sauvage. Des membres du jury et des remettants de prix ici sur scène. © Saphirnews / HBR
La 6e édition des Y'a Bon Awards 2015 se sont déroulés vendredi 12 juin au Cabaret Sauvage. Des membres du jury et des remettants de prix ici sur scène. © Saphirnews / HBR
Deux ans se sont écoulés depuis la dernière cérémonie des Y’a Bon Awards : les fidèles n'auraient manqué pour rien au monde le rendez-vous fixé vendredi 12 juin pour la 6e édition. Dans un Cabaret Sauvage bondé animé par Matthieu Longatte, auteur-interprète de « Bonjour Tristesse », les propos racistes ont été égrainés, un à un, et une constante : les Roms et les musulmans sont les principales têtes de turcs de personnalités publiques - de tous bords - qui banalisent le racisme.

Cela faisait un sacré paquet de déclarations passées au scanner par les Indivisibles, que ses détracteurs ont accusé après janvier 2015 d'avoir « une part de responsabilités » dans les attentats contre Charlie Hebdo (Jeanette Bougrab), d'être des « collabos des assassins de Charlie » (Pascal Bruckner), ou des « idiots utiles des terroristes » (Caroline Fourest). Des dénonciations calomnieuses balayées avec l'arme de l'ironie par son président Amadou Ka, le « gourou de la secte islamo-gauchiste ».

En préambule, « les businessmen de l’intolérance », qui répondent du nom de Jean-Marie Le Pen, d'Alain Soral et de Dieudonné, sont présentés hors classement car déjà considérés comme des personnes racistes par une majorité de Français, explique-t-on. Après la minute de silence observée en hommage à Zyed et Bouna, place aux cinq catégories.

Les Y'a Bon Awards 2015. © Saphirnews / HBR
Les Y'a Bon Awards 2015. © Saphirnews / HBR

« Est-ce qu’on peut encore le dire ? »

Dans cette catégorie, on retrouvait notamment Roger Cukierman et les jeunes musulmans coupables de « toutes les violences » antisémites, Willy Sagnol et sa sortie, en 2014, sur les joueurs africains, ou encore le député Gilles Bourdouleix qui disait, en 2013 à propos des Roms, que Hitler n’en a « pas fait assez ». Ce dernier fut condamné, rappelle-t-on, pour « apologie de crime contre l'humanité » en août 2014.

Thierry Mariani, nominé pour avoir dit, lors de manifestations pour Gaza, que la France avait « de plus de plus de problèmes avec une communauté issue d'une religion qui, par moments, pose des problèmes d'intégration », aurait très bien pu remporter le prix de la mauvaise foi. A un journaliste lui demandant si « ce sont les musulmans qui posent problème », le député lui répondait alors qu'il n'avait « pas du tout dit cela » et qu’il faillait « déboucher les oreilles »Philippe Tesson a remporté la mise. « C’est pas les musulmans qui amènent la merde en France ?! », avait-il lâché sur Europe 1 quelques jours après les attentats de Paris.

« Ils ont bien le droit de fantasmer »

Sont arrivés ex-aequo Caroline Fourest, pour qui il faut lutter « contre ces familles qui, au nom de leurs convictions religieuses, retirent les enfants des cours d’histoire quand on enseigne la Shoah », et Alain Finkielkraut jugeant que « l’antisémitisme est essentiellement musulman ». Le même épinglé, deux catégories plus tard, pour avoir dit en 2014 des « Beurs » vivant dans les banlieues qu'il ont « un accent qui n’est plus français tout à fait ». La décision du public au « sifflomètre » a été difficile mais Caroline Fourest a fini par l'emporter, qui devient la personnalité la plus récompensée aux Y’a Bon Awards.

« Les Républicains » ont eu la part belle ici : Claude Goasguen et les « jeunes musulmans qui ont été drogués dans les mosquées » en 2014, Christian Estrosi et ses « cinquièmes colonnes » et Nadine Morano, qui nourrit une détestation particulière à l'encontre des femmes voilées.

« La faute à (la promo) Voltaire »

Après la droite, l'heure à l'alternance. Les Indivisibles ont taclé François Hollande et son expression « Français de souche » employée lors du dîner du CRIF en février 2015 pour qualifier les auteurs des profanations de tombes juives à Sarre-Union.

Son gouvernement fut bien représenté. « A quelques années près, tu t’expulserais toi-même », a lancé Matthieu Longatte, à l'encontre de l'actuel Premier ministre Manuel Valls, avec qui les Roms prennent chers. « Nous ne sommes pas là pour accueillir ces populations », disait-il en 2013. Mêmes cibles pour Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement. « Il faut chercher à faire retourner en… d’où ils viennent », avait-il déclaré sur RTL en 2014. Mais la banane d’or a été attribuée à Michel Sapin, ministre du Travail, qui lors d’une cérémonie de remise de cartes professionnelles à de nouveaux inspecteurs de travail, disait à l’un d’entre eux, au nom d’origine maghrébine : « ça fait un peu racaille. »

Y'a Bon Awards : que du lourd pour l'édition 2015 !

« Le racisme en 140 caractères »

Sur Twitter, on se lâche ! On ne compte plus les « dérapages » d'hommes et de femmes politiques, de journalistes ou de supposés intellectuels. Thierry Mariani a été de nouveau nominé pour avoir écrit en mai 2014 que « l'enlèvement par la secte Boko Haram rappelle que l'Afrique n'a pas attendu l'Occident pour pratiquer l'esclavage : déculpabilisation ».

Les musulmans se souviendront particulièrement des appels à la haine du maire Philippe Chardon, qui souhaitait en mai interdire le culte musulman, et de Chantal Clamer, candidate FN aux départementales, selon qui « l'islam et les Mahométans sont la nouvelle peste bubonique du XXIe siècle, à combattre à éliminer sans hésitation par tous les moyens possibles. » C'est finalement le tweet (à droite) de la journaliste Natacha Polony à propos de Leonarda qui fut choisi par le jury.

« Le bon pedigree »

« J'avais voulu Rachida Dati comme garde des Sceaux parce que je m'étais dit que Rachida Dati, avec père marocain et mère algérienne, pour parler de la politique pénale, ça avait du sens. » Nicolas Sarkozy aurait pu remporter le prix avec cette phrase prononcée sans sourciller à un meeting de l’UMP en 2014. Geoffroy Didier suit les traces de son maître : à ceux qui veulent devenir Français, il les appelait, en mars 2015, à « se sentir Gaulois ».

Le gagnant : Philippe Val, ex-directeur de Charlie Hebdo, avec une phrase dans son livre Malaise dans l’inculture dans lequel il fait l'apologie du colonialisme : « Plus encore que les mauvais traitements, cet anticolonialisme reproche à la colonisation d’avoir donné à des Arabes, des Africains, des Indochinois, le goût de la démocratie et de la culture. »

Un des remettants du prix fut le président de l'Association des Jeunes Chinois de France, celle-là même qui a fait condamner Le Point en janvier 2014 pour un article sur les entrepreneurs chinois. Si la satire est « un contre-pouvoir hyper puissant », dira Amadou Ka, saisir la justice pour (espérer) obtenir des condamnations est capitale. Les Indivisibles ont ainsi annoncé que le procès d'Eric Zemmour se tiendra le 6 novembre 2015. Le polémiste est ainsi déporté vers la justice.



Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur


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