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Religions

Horaires de prières : 12 ou 18 degrés, pourquoi choisir ?

Vers une méthode de calcul unique des horaires ?

Rédigé par | Mercredi 22 Juin 2016 à 11:30

           

A l’heure du Ramadan, la question des horaires de prières refait chaque année surface. Entre le 12 et le 18 degré de latitude, les heures de prières peuvent en effet varier de plus ou moins 30 minutes dans une même ville selon les saisons, à l’aube et la nuit. Bien que les deux choix sont valides sur le plan théologique, la confusion demeure pour de nombreux fidèles. Que faire pour y remédier ? Fouad Alaoui, chargé au sein de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF) d’éditer les calendriers, prône une solution. L’ex-président de la fédération s’exprime sur Saphirnews.



Si les prières sont une obligation quotidienne constitutive du second pilier de l’islam pour les musulmans, une plus forte attention est portée aux heures auxquelles elles sont fixées pendant le mois du jeûne. Tout musulman est en effet tenu de s’abstenir de boire, de manger ou encore d’avoir des rapports sexuels de l’aube au coucher du Soleil, plus exactement entre la première prière obligatoire de la journée (fajr) et la quatrième du crépuscule (maghreb).

Qu’en est-il alors des débats autour des horaires de prières ? La question, moins controversée mais tout aussi épineuse, est au cœur des discussions entre l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), adepte du 12° de latitude, et la Grande Mosquée de Paris (GMP), du 18°.

A ce jour, elles sont les deux principales fédérations en France à éditer chaque année des calendriers mensuels d’horaires de prières, différents quant aux heures fixées pour l’aube et la nuit (icha). S’il n’est pas rare ces dernières années de voir, dans la blogosphère musulmane, « le danger de manger après l’heure légale » en optant pour le 12° lors du Ramadan, une majorité de jurisconsultes s’accordent à dire que ce degré, comme l’autre, sont valables.

Peut-on néanmoins espérer une unité des calendriers en usage dans les mosquées et les foyers musulmans en France ? C’est dans cette optique que les deux fédérations ont ensemble crée, en octobre 2015, une commission mixte en vue de faire converger les calendriers. Cependant, jusqu’à présent, aucune avancée notable n’a été enregistrée. Selon le cabinet du recteur de la GMP, la piste de travail la plus sérieuse serait l’abandon des positions des deux organisations « pour aboutir au 14 ou 15° ». Mais du côté de l’UOIF, on déclare être encore loin du consensus.

Une utopie pour longtemps ?

Fouad Alaoui, gérant de la société Gedis chargée d’éditer les calendriers de prière de l’UOIF sans être pour autant membre de la commission mixte, prône une toute autre solution.

« Je suis convaincu, en plus de sa validité religieuse,​ que le 12° facilite les prières une partie de l’année, en été, mais les rend difficiles en période d’hiver.* Or, il n’y a pas d’obligation à rester sur le même degré toute l’année. On peut faire varier les degrés au cours de l’année » en passant progressivement du 12° en été au 18° en hiver et vice-versa, affirme-t-il lors d’un entretien à Saphirnews, relativisant ainsi l’idée que le 12° soit d'une commodité toute l’année, au même titre que celui de la Grande Mosquée de Paris. « Surtout qu'en ce qui concerne la France ainsi que la majorité des pays de l'Europe du nord, les créneaux de calcul des horaires de prière sont valables dans un intervalle de 12° à 19° », ajoute l'ex-président de l'UOIF.

« Du temps du Prophète et de ses compagnons, il n’y a avait pas de calendrier de prière. Cette progression se faisait naturellement et personne ne s’en rendait compte. Pourquoi tenir alors à un calendrier fixe ? », indique-t-il, rejetant l’idée d’un changement brutal de degré d’une saison à une autre car cela « déstabiliserait les musulmans », et cela même lorsque s’opère le changement d’horaires en hiver et en été. Quid du 15°, en usage, pour partie, en Amérique du Nord ? Il reste très peu utilisé en France et ceux qui militent ouvertement pour cette méthode n'apportent pas spécifiquement d’arguments théologiques solides, constate Fouad Alaoui.

L'heure est au statu-quo

Fouad Alaoui pose ainsi l’idée – nouvelle – d’un calendrier des horaires de prières aux degrés évolutifs tiré d'une méthode unique de calculs. Sur cette question comme pour la détermination des dates du Ramadan, « je ne veux que le consensus et l’unité dans l’intérêt des musulmans », insiste-t-il. La commission qui consiste à se rapprocher avec la Grande Mosquée de Paris est « une démarche que je salue mais connaissant les deux structures, je crains que chacun reste sur leurs positions », estime-t-il, sans vouloir s’étendre sur les raisons d'un statu-quo.

Les choix portés sur les heures de prières sont aussi affaire d’influence auprès des fidèles que les deux organisations ne sont pas prêtes à lâcher prise. Les discussions vont demeurer ouvertes encore un temps.

Mise à jour : Ramadan : pour en finir avec le casse-tête sur les horaires du jeûne


* Fouad Alaoui revient dans les détails sur les difficultés que pose l'utilisation stricte du 12° et du 18° au cours de l'année pour mieux préciser sa proposition d'un calendrier évolutif des horaires de prières : « En été, l’utilisation de la règle du 18° aboutit à un horaire très tardif de la prière du icha et un horaire de la prière du fajr très tôt, avec un intervalle entre les deux qui avoisine les 2h. La règle du 12° permet de lever cette contrainte mais en crée une nouvelle durant la période d’hiver. En effet, avec cette règle en hiver, l’heure de la prière du fajr est tardive, ce qui crée une certaine contrainte pour les personnes qui doivent quitter leur domicile tôt le matin, alors que la règle du 18° fait reculer l’horaire d’environ 30 mn. La même contrainte existe en ce qui concerne la prière du icha, compte-tenu de son horaire tôt qui oblige la plupart des mosquées à reculer la prière collective à 19h pour permettre aux fidèles d’y assister. »



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1.Posté par Fadhel LAALAI le 22/06/2016 13:39 | Alerter
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Je pense qu’il y aura toujours des divergences au point de vue horaires rituelles.
Déjà,l’article signale que le jeûne de Ramadan commence avec la première prière
obligatoire (fajr) alors,que,en Tunisie,depuis que j’étais gosse,on s’abstient de manger
quelque dix minutes ou plus avant al fajr.D’ailleurs,la prescription se trouve dans les deux
sahîhs (Moslim et Boukhâri) qui indiquent qu’entre l’abstinence et la prière d’al fajr ,ceux
qui priaient derrière le Prophète(sAws) disaient qu’il y avait de quoi lire cinquante versets
du Coran.Les personnes qui n’ont d’autre contrôle que l’appel à la prière (adhân) peuvent
jeûner à ce moment d’après un autre hadith qui tranquillisait une musulmane à ce sujet ,
mais ; celles qui se fondent sur un calendrier astronomique peuvent donc laisser dix à quinze
minutes,puisqu’ils connaissent a priori l’heure « exacte » à laquelle al fajr commence.D’autre
part,je ne voudrais pas faire la polémique en ce mois saint de Ramadan,mais ,certaines
institutions musulmanes sont trop inféodées aux wahhabites dont les sunnites séculaires ne
partagent pas les interprétations.C’est ainsi qu’en 2015 et malgré les avertissements des astronomes sur la visibilité du croissant,on a suivi l’Arabie dite saoudite pour s’entendre dire qu’on avait confondu Lune et Saturne ,ce qui effectivement n’est pas pareil au même.Je rappelle à toutes fins utiles que,la jurisprudence musulmane préconise de suivre le pays musulmans le plus proche.
Pour le choix de 12°,al Kanz fait r...  

2.Posté par Plovdiv le 22/06/2016 17:44 | Alerter
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Il y a des gens qui ont vraiment des problèmes existentiels impressionnants. Si Dieu existe, croyez-vous vraiment qu'il lui importe de savoir si le cap est à 12 ou 18 degrés ? Si oui, alors, c'est quand même un sacré tuttt.

3.Posté par Fadhel LAALAI le 23/06/2016 14:59 | Alerter
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Réponse à Plovdiv:Nous croyons en effet en un Dieu omniprésent et omnisavant,pour qui la connaissance de l'infiniment grand et de l'infiniment petit ne présente aucun problème.Quand vous voyez les capacités des ordinateurs et autres appareils contemporains,vous ne doutez plus d'une puissance supérieure.Le carnet que nous ne voyons pas et qui est attaché à chacun de nous enregistre tout ce que nous faisons avec une précision stupéfiante.Bien sûr,tout cela sera dévoilé à chacun de nous à sa mort.

4.Posté par Fadhel LAALAI le 24/06/2016 17:46 | Alerter
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Citons Al Kanz :«Si l’on suit l’angle 12° et que l’on observe le ciel à l’heure du subh (prière de l’aube), on se rend compte très vite que l’aube est déjà levée. Or, chacun sait que s’agissant du jeûne, il faut cesser de manger avant l’aube. C’est l’heure du subh qui d’ailleurs pose la limite. Précisons qu’en matière d’horaire de prière le constat visuel prime sur les calculs. »
Rappelons ces définitions empruntées à Futura-Sciences :
Le crépuscule est la lueur du jour avant le lever ou après le coucher du Soleil. On distingue trois types de crépuscule :
•Le crépuscule civil, qui correspond au moment où le Soleil est situé entre 0 et 6° en dessous de l'horizon. Les étoiles et planètes les plus brillantes apparaissent.
•Le crépuscule nautique, qui correspond au moment où le Soleil est situé entre 6 et 12° en dessous de l'horizon. Le ciel est quasiment noir, mais subsiste une lueur vers l'endroit ou le Soleil s'est couché.
Le crépuscule astronomique, qui correspond au moment où le Soleil est situé entre 12 et 18° en dessous de l'horizon. Bien que le ciel soit complètement noir, les objets très lointains et peu lumineux ne sont pas encore visibles.
On voit que 12° correspond au crépuscule nautique et 18° au crépuscule astronomique.Le problème,c’est que ces définitions ne correspondent pas à celles données dans les ouvrages musulmans.En effet,la prière du soir(Icha) correspond à la disparition de la rougeur du ciel et non à son’obscurité ..
En bons mathématiciens,on calcule l’aube p...  

5.Posté par Cersei le 28/06/2016 11:22 | Alerter
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Salam Fadhel LAALAI,
Al Kanz ne fait que mettre le doute, c'est pas normal de l'écouter à ce point, faut faire attention à mon avis...

6.Posté par Fadhel LAALAI le 28/06/2016 13:54 | Alerter
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Salam Cersei:L'affirmation d'Al Kanz que j'ai citée est facile à vérifier par vous-même.Pour les heures de lever et de coucher du soleil,ce sont les éphémérides-standard,.Il faut se méfier de certaines éphémérides qui calculent le lever et le coucher du soleil par rapport au centre et non au bord supérieur du "disque" solaire.

7.Posté par Craig le 04/08/2016 19:57 | Alerter
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As salam aleykoum, Dans un entretien donné sur ce même site en juillet 2012, Ahmed Jaballah, le président de l’Union des organisations islamiques de France à l'époque, déclarait en parlant de l'horizon rouge pour l'icha : "dans les villes du Nord comme Lille, au-delà de la 49e ligne de latitude, durant les mois d’été, il n’y a pas de disparition." Donc lui même avouait que cette fatwa des 12° n'est valable qu'à partir du 49ème ligne de latitude. Donc toutes les villes en dessous de cette ligne ne sont donc pas concernées c'est à dire 90% du territoire français ! Pour ceux qui doutent encore je vous propose de vérifier les heures de fajr dans les pays frontaliers avec la France, comme l'Espagne, l'Italie, la Suisse, la Belgique, l'Allemagne, tous ces pays sont à 18° ! Pour une fatwa confirmée par le Conseil européen de la fatwa et de la recherche (CEFR), c'est tout de même étrange qu'elle soit appliquée uniquement en France ??
Enfin à l'époque Saphirnews demandait à Ahmed Jaballah :
Travaillez-vous avec la Grande Mosquée de Paris, qui utilise actuellement le 18° degré, pour vous accorder sur un même mode de calcul et proposer ainsi aux musulmans de France des horaires uniques ?
A. J. : Oui, cette question a été soulevée lors d’une réunion. Nous projetons d’organiser, l’an prochain, un colloque scientifique avec notamment la Grande Mosquée de Paris. Pour l’instant, il y a ces deux règles valables.
Cela fait maintenant 4 ans et toujours rien, décidément ce colloque scientifique...  

8.Posté par Fadhel LAALAI le 09/08/2016 14:33 | Alerter
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A Craig::Quand il y a difficulté à appliquer les rites pour des causes d'impossibilité ou de pénibilité extrême comme les difficultés atmosphériques ou autres,on recourt aux autorisations permises par l'islam,par exemple,faire la prière du Icha juste après celle du maghrib(jamaa).Un religieux musulman qui n'avait pas été suivi il y a plusieurs décennies avait préconisé une non-obligation rituelle dans les cas du manque des conditions requises et avait argumenté par le fait qu'on ne pouvait pas obliger quelqu'un atrophié d'un membre d'en faire l'ablution.Je crois qu'il ne faut pas s'attendre à un consensus à cause des situations multiples et inextricables,surtout que l'establishment religieux s'était méfié pendant des siècles de l'astronomie par crainte de tomber dans l'adoration des planètes et de la peur de passer auprès des autres comme sorcier annonçant des phénomènes futurs..Mais,il reste des constantes valables quelles que soient les conditions::l'effort (ijtihad)et les tolérances de la charia(roukhass)..Ajoutons qu'Allah ne nous demande pas plus que nous pouvons.


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