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Monde

Etats-Unis : des musulmans traqués, le FBI poursuivi en justice

Rédigé par | Jeudi 10 Mars 2011 à 10:21

           

Des mosquées de Californie infiltrées par une « taupe » et un étudiant traqué par GPS et c’est toute la communauté musulmane américaine qui s’en émeut. Le Council on Americain-Islamic Relations (CAIR), l’une des principales associations musulmanes américaines, a décidé de porter plainte contre la célèbre agence du FBI pour espionnage illégal et discrimination religieuse.



Etats-Unis : des musulmans traqués, le FBI poursuivi en justice
A l'heure où le Congrès américain s'apprête à accueillir des auditions sur le rôle de musulmans dans le terrorisme de l'intérieur, la toute puissante police fédérale américaine du FBI est empêtrée dans de sales histoires. Une plainte Council on Americain-Islamic Relations (CAIR), une des principales associations musulmanes outre-Atlantique, a été déposée mercredi 2 mars contre le FBI après la découverte, lors d’un simple contrôle technique en octobre 2010, d’un GPS installé secrètement depuis des mois sur la voiture d’un étudiant américain de confession musulmane au nom de la lutte contre le « terrorisme ».

Cette affaire révèle des méthodes de travail controversées du FBI, déjà en conflit avec le CAIR sur un autre fait-divers. Un des agents se voit en effet reproché d’avoir « infiltré, sous une fausse identité, plusieurs mosquées importantes du sud de la Californie, avec pour instruction de récolter des informations sur les musulmans », selon la plainte déposée mardi 22 février par le CAIR et l’ACLU (American Civil Liberties Union), une organisation de défense des droits civils.

L’affaire remonte à 2006 et 2007 mais n’a été révélée au grand jour qu’en février 2009. Pendant plus de 14 mois, Craig Monteilh, qui se faisait passer pour un Franco-syrien converti à l’islam, s’est infiltré dans les mosquées du comté d'Orange, l'une des principales régions du grand Los Angeles où vivent 120 000 musulmans, la seconde plus importante communauté musulmane des États-Unis. L’homme en a profité pour collecter des centaines de numéros de téléphones, de courriers électroniques, d’enregistrements audio de conversation et même d’avoir filmé l’intérieur des mosquées.

Les musulmans, un danger pour le FBI

Pourtant, souligne la plainte, cette « enquête n’a pas donné lieu à la moindre condamnation en rapport avec la lutte antiterroriste » et aucune cellule terroriste locale n'a été démasquée. « Ce n’est pas une surprise. Parce que le FBI ne réunit pas d’informations en fonction de suspicions d’activités criminelles mais simplement parce que les personnes en question sont des musulmans », ajoute le texte. L’agent se concentrait d’ailleurs particulièrement sur les personnes les plus dévots dans leur pratique religieuse.

Selon ACLU, cette affaire démonte « une violation flagrante des garanties apportées par le Premier Amendement interdisant la discrimination religieuse ». « Ironie de l’histoire », note la plainte, la taupe a été démasquée après que des membres de la communauté musulmane eurent alerté la police parce que l’agent sous couverture faisait preuve d’une « rhétorique violente ».

Le profilage racial en question

Cette affaire pose la question du bien-fondé du profilage racial, une pratique courante aux États-Unis. Depuis le 11-Septembre, les musulmans, souvent considérés à tort comme « une menace » pour la nation, font l’objet de bien des inquiétudes auprès de nombre de leurs concitoyens. On ne compte plus le nombre de dérapages commis par les agences fédérales sur la base du faciès au nom de la lutte anti-terroriste.

« Cibler les musulmans américains pour la surveillance détruit non seulement la cohésion communautaire, elle sape la confiance entre les services de maintien de l’ordre et les communautés musulmanes, qui, à son tour, nuit à nos intérêts pour la sécurité nationale. Cette vaste enquête du FBI, qui a échoué à produire ne serait-ce qu’une seule condamnation liées au terrorisme, n'était pas fondée sur des soupçons d'activités criminelles, mais plutôt sur les objectifs d'être musulman », a déclaré Ammena Mirza Qazi, directrice exécutif adjoint du CAIR, qui souhaite désormais la destruction des informations obtenues illégalement par le FBI.

Interrogé à ce sujet, le FBI n’a pas souhaité répondre, précisant qu’il ne commentait pas les affaires en cours d’instruction devant la justice. Il a toutefois précisé que, de manière générale, ses enquêtes n’avaient pas pour objet « les lieux de culte ou les groupes religieux, mais les individus qui pourraient constituer une menace pour la sécurité nationale ou être impliqués dans des activités criminelles ». Pas une arrestation, pas une condamnation... le résultat démontre sans appel que ce n'est pas le cas.




Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur



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