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Religions

« Chaque vie compte » : à Bussy-Saint-Georges, juifs et musulmans soudés face au conflit israélo-palestinien

Rédigé par | Vendredi 10 Novembre 2023 à 16:45

           

A Bussy-Saint-Georges, en Seine-et-Marne, les événements tragiques en cours au Proche-Orient n’ont pas entamé les relations fraternelles qui unissent les communautés musulmane et juive. Condamnant à la fois l’attaque du 7 octobre et les bombardements à Gaza, ses responsables ont appelé ensemble à un cessez-le-feu et à la libération des otages.



A Bussy-Saint-Georges, les présidents de la synagogue Yoan Cohen-Tannugi (à gauche) et de la mosquée Hicham Tahiri en février 2023 lors de la pose de la première pierre du lieu de culte juif. © Capture vidéo France 3
A Bussy-Saint-Georges, les présidents de la synagogue Yoan Cohen-Tannugi (à gauche) et de la mosquée Hicham Tahiri en février 2023 lors de la pose de la première pierre du lieu de culte juif. © Capture vidéo France 3
Les présidents des associations Tawba et J’Buss, respectivement gestionnaires de la mosquée et de la synagogue située sur l’Esplanade des religions et des cultures (ERC) à Bussy-Saint-Georges, se sont associés, jeudi 9 novembre, pour la rédaction d’un message commun qui se veut être une nouvelle contribution à « la paix », dans la continuité d’un appel diffusé peu après l’attaque du 7 octobre par les responsables de l’ERC (voir encadré).

« Au-delà des sensibilités religieuses, nos associations sont unies avant tout par l’Histoire avec un grand H. Ce qui se passe au Proche-Orient ne peut nous laisser insensibles, quelle que soit notre religion », affirment Hicham Tahiri et Yoan Cohen-Tannugi. « Aujourd’hui plus que jamais, nous voulons marquer le rapprochement de nos communautés pour la Vie. Pour nous, juifs et musulmans, CHAQUE VIE COMPTE », affirment-ils d’une même voix. En date du vendredi 10 novembre, plus de 11 000 personnes ont été tuées à Gaza depuis l'attaque du Hamas qui a fait quelque 1 400 victimes en Israël.

« Nous avons condamné les actes terroristes du 7 octobre en Israël, que rien ne peut justifier, et déplorons la mort de civils "adultes et enfants" innocents, quelles que soient leurs religions, en Palestine et en Israël. Chaque jour, nous prions de toutes nos forces pour que le calme revienne le plus vite possible dans cette région et que les bombardements cessent. Il apparaît urgent que des convois humanitaires d’où qu’ils puissent provenir et peu importe le point d’entrée, viennent en aide aux victimes et aux familles déchirées en Palestine, et, dans l’espoir d’un cessez-le-feu, que les otages puissent retrouver leurs foyers en Israël », plaident-ils.

Se protéger d’une surinformation à la source « sans aucun doute » de la désinformation

Hicham Tahiri et Yoan Cohen-Tannugi attirent aussi l’attention de leurs coreligionnaires comme de leurs concitoyens « sur le fait que, face à l’arrivée massive d’informations sur nos téléphones et à la télévision, il est aussi de notre responsabilité de protéger nos enfants, nos ados et nos jeunes. Ces excès d’informations, de vidéos, de photos, sont partagés de trop nombreuses fois sans réflexion et ne contribuent malheureusement pas à apaiser cette situation ».

« Nous-mêmes, adultes, avons du mal à faire le tri dans cette surinformation créant sans aucun doute la désinformation. Ne commettons pas l’erreur de véhiculer en permanence des images dénuées de bon sens. Nous devons donc prendre du temps pour discuter, échanger et expliquer ces choses avec des mots de PAIX et sans faire de politique », préviennent-ils. « Il est insupportable de compter de part et d'autre ces victimes par milliers avec une telle froideur comme l’on commenterait un match sportif ou d’entendre des jeunes à l’école dire "Et toi t’es pour qui ?!" »

De la nécessité de rester soudés face à la haine

« L’heure est grave et, bien que le camp de la paix soit difficile à entendre et faire entendre en ce moment, il est primordial de rester soudés face à la montée de l’antisémitisme et la stigmatisation de la communauté musulmane dans notre pays. Petites pierres par petites pierres, chaque initiative peut créer des ponts entre nos peuples parce que ces derniers existaient jadis et existent encore aujourd’hui. Il ne tient qu’à nous tous d’échanger et de connaitre notre prochain », affirment les deux responsables.

« Actuellement, le bruit des bombardements fait bien plus de bruit que nos messages de paix, mais tous ensemble, restons unis et montrons-leur l’exemple, à Bussy-Saint-Georges d’abord pour rayonner plus loin le plus vite possible », concluent-ils. L'ERC, avec le concours de ses membres, est bien décidé à rester un exemple vivant du vivre et du faire ensemble en paix en France.


Voici ci-dessous l’appel lancé le 11 octobre par les responsables des différentes communautés de l’ERC : Jenish Parekh, représentant de la communauté hindoue BAPS et président de l’ERC, Dominique Fontaine, curé de la paroisse catholique du Val de Bussy, Hicham Tahiri, président de la mosquée Tawba, Yoan Cohen-Tannugi, président de la communauté juive Jbuss, Bernard Jacques, responsable de la pagode bouddhiste laotienne Wat Velouvanaram, Miaoda Sik, responsable de la pagode bouddhiste Fo Guang Shan, Abba Woldetensae Workneh, prêtre de la paroisse orthodoxe éthiopienne Tewahedo, et Jean-Charles Herrenschmidt, président de l’Eglise protestante unie de Marne-la-Vallée.

« Nous sommes atterrés par ce qui se passe en Israël et en Palestine. Nous voulons exprimer notre profonde compassion pour les familles des milliers de vies innocentes massacrées depuis le 7 octobre, dont de nombreux enfants. Avec émotion et respect, nous pensons à toutes ces familles brisées.

Nous condamnons sans appel ces actes terroristes aveugles et barbares. Pour nous, chaque vie compte, peu importe la religion ou la nation. Le conflit israélo-palestinien n’est pas un conflit religieux. Nous serons vigilants pour éviter toute importation de ce conflit sur notre territoire.
Que cessent les massacres et la violence qui déchirent des peuples, des communautés et des familles sur cette Terre Sainte que nous aimons tous.

Depuis plus de 10 ans, grâce au projet de l’Esplanade, nous sommes devenus non seulement des voisins mais surtout des amis.es. Nous avons appris que nos textes sacrés expriment un message de Paix. En ces heures dramatiques, tout notre travail prend du sens, et nous voulons témoigner de la fraternité qui nous rassemble. Nous allons transmettre ce message aux fidèles de nos communautés et les inviter dans chacun de nos lieux de culte à prier pour un cessez-le feu et pour que les populations civiles soient à l’abri des effets de cette guerre. »



Rédactrice en chef de Saphirnews En savoir plus sur cet auteur



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