Economie

Paris Halal Summit, un nouveau salon qui ambitionne de devenir la référence

Rédigé par Maria Magassa-Konaté | Vendredi 7 Février 2014 à 16:45

Durant les journées du 5 et 6 février, les professionnels intéressés par le halal étaient invités à se rendre à Porte de Versailles, à Paris, pour le Paris Halal Summit. Ce nouveau salon consacré au halal espère s’inscrire dans la durée pour devenir un rendez-vous incontournable pour les acteurs d’un secteur dont l’offre peine à suivre la demande.



Une conférence lors du Paris Halal Summit. © Charlotte Boisseau
Organisé par Reed Expositions, filiale du leader mondial dans l’organisation de salons professionnels Reed Exhibitions, le Paris Halal Summit s’est tenu les 5 et 6 février à Porte de Versailles.

Ce nouveau salon dédié au halal a rassemblé « l’ensemble des acteurs du marché du halal. Fournisseurs de produits alimentaires, équipement, emballages, services (conseils et certifications) », annonçait Reed Expositions dans un communiqué, juste avant l’ouverture du salon. Les acteurs de la grande distribution, des chaînes de restauration et autres professionnels intéressés par le halal y étaient attendus.

Deux salons halal en concurrence

Après le Halal Expo, dont la 11e édition est prévue en avril 2014, on a donc assisté à la naissance d’un nouveau salon à l'objet similaire, également organisé à Porte de Versailles. Les deux salons s’affichent sur un marché qui, « avec un chiffre d’affaires estimé à 5,5 milliards d’euros en France, offre de nombreuses perspectives de croissance tant au niveau de l’offre produit que du canal de distribution », note Reed Expositions. Avec le Paris Halal Summit, son objectif affiché est de « devenir le salon européen de référence sur le segment du halal ».

En matière de « sourcing », précise Antoine Bonnel, consultant du salon. Il n’est autre que l’ancien cofondateur du Halal Expo, dont il a quitté la direction après la 10e édition. Alors même que la première édition du Paris Halal Summit était organisée en parallèle du fréquenté Sandwich & Snack Show, elle n’a attiré qu’une vingtaine d’exposants, loin de la soixantaine d’exposants dénombrés dans l’édition 2013 du Halal Expo.

La différence de Paris Halal Summit avec son ancien bébé se situe dans « son contenu », selon M. Bonnel. « Un programme de conférences de haut niveau avec l’intervention de chercheurs » a été proposé, argumente-t-il. Ainsi, une table ronde a été organisée avec les restaurateurs Kamel Saïdi (Les Enfants Terribles), Nabil Djedjik (Alambra) et Kamel Tizzaoui (L'Adresse) et animée par Huê Trinh Nguyen, rédactrice en chef de Salamnews. Pour M. Bonnel, une telle offre est « indispensable » et sera renouvelée chaque année. « Il y a une vraie demande d’informations » de la part des professionnels désirant s’implanter sur le créneau du halal, estime-t-il.

Des consommateurs « de plus en plus exigeants »

Qu'en est-il du marché du halal aujourd’hui ? « La restauration est le vecteur de croissance » et « elle représente 1,5 milliards d’euros du chiffres d’affaires du halal », assure le consultant.

L’offre de restaurants halal ne cesse de se développer, offrant toujours plus de choix aux consommateurs musulmans, de plus en plus exigeants. Les musulmans de la nouvelle génération ne veulent plus se contenter des plats issus de leurs contrées d’origine (Maghreb et Afrique sub-saharienne en France) mais pouvoir avoir accès, dans une version halal, aux plats de la gastronomie française ou à d’autres mets « exotiques ». Faisant ce constat, Koft, leader du surgelé sur le marché algérien a d’ailleurs décidé en 2013 de s’implanter en France en proposant des plats préparés originaux comme le poulet tikka indien.

Cependant, à ce jour, « l’offre n’est pas suffisamment diversifiée », constate M. Bonnel. Un fossé entre l’offre et la demande halal est perceptible. Les consommateurs sont encore une majorité (51 %) à regretter « la gamme restreinte de produits halal proposés », fait également remarquer une dernière enquête du cabinet Solis. Les distributeurs découvrent au fur et à mesure les nouvelles attentes des clients, selon M. Bonnel.

L’export gagnant

Pour la première édition de Paris Halal Summit, des enseignes de la grande distribution comme Intermarché, Auchan et Leclerc ont fait le déplacement « dans le cadre du bouclage des catalogues Ramadan », nous assure-t-il. Même si le halal représente une très faible part de marché pour ces derniers, proposer du halal fait aujourd’hui « partie des usages ». Cette offre se décide généralement « magasin par magasin » en fonction de la clientèle.

C’est surtout du côté de l'export, que les entreprises proposant des gammes de produits halal peuvent prétendre miser gros. Le club halal de Belgique réalise ainsi 110 millions d’euros à l’export, rapporte M. Bonnel.

10 entreprises de ce club sur la soixantaine recensées sur son site ont fait le déplacement au Paris Halal Summit, qui compte dans les années à venir développer des pavillons étrangers. Loin de refléter le marché global du halal, ce salon s’inscrit comme un lieu de business d’un marché de niche qui ne sait pas encore satisfaire pleinement sa clientèle.